C’est un véritable séisme qui secoue le monde numérique. Vendredi, la Cour suprême des États-Unis a validé à l’unanimité une loi ouvrant la voie à l’interdiction pure et simple de TikTok sur le sol américain. Une décision lourde de conséquences pour les 170 millions d’utilisateurs du célèbre réseau social dans le pays. Mais Donald Trump, tout juste investi président, a réclamé un délai avant de statuer sur l’application de cette loi controversée.
Selon des sources proches de la Maison Blanche, le nouveau locataire du Bureau Ovale souhaiterait se donner le temps de la réflexion afin de trouver un compromis permettant de préserver TikTok aux États-Unis tout en répondant aux inquiétudes concernant la sécurité nationale. Car c’est bien là le cœur du problème : le Congrès américain craint que les données des utilisateurs de TikTok ne tombent entre les mains des autorités chinoises, la maison mère de l’application étant le groupe chinois ByteDance.
Une loi aux enjeux colossaux
Adoptée en avril 2024, la loi validée par la Cour suprême impose à ByteDance de vendre sa filiale américaine avant ce dimanche minuit, sous peine de voir TikTok banni des États-Unis. Une menace qui plane comme une épée de Damoclès au-dessus de l’application et de ses millions d’utilisateurs américains.
Si les juges de la Cour suprême ont reconnu que TikTok représentait « un important mode d’expression, d’interaction et d’appartenance à une communauté » pour des dizaines de millions d’Américains, ils ont néanmoins estimé que les inquiétudes du Congrès en matière de sécurité nationale étaient « bien fondées ». Selon eux, l’immense popularité de TikTok combinée à sa vulnérabilité face à un « adversaire étranger » justifie un « traitement différencié ».
Le casse-tête de l’application de la loi
Mais comment mettre en œuvre concrètement cette loi ? C’est toute la question qui se pose désormais. Théoriquement, les fournisseurs d’accès à Internet et les boutiques d’applications sont censés bloquer les téléchargements et mises à jour de TikTok dès dimanche minuit. Mais à quelques heures de l’échéance, aucun d’entre eux n’a encore communiqué sur le sujet, laissant planer le doute.
De son côté, le ministère de la justice a indiqué que l’application de la loi s’étalerait dans le temps, sans donner plus de précisions. Une marge de manœuvre dont compte bien profiter Donald Trump pour tenter de trouver une solution de dernière minute. Reste à savoir s’il parviendra à convaincre ByteDance de lâcher sa poule aux œufs d’or, alors même que le groupe chinois a jusqu’ici toujours refusé catégoriquement de vendre TikTok.
Trump, Xi Jinping et l’avenir de TikTok
Le nouveau président américain a évoqué le dossier TikTok au cours d’un échange téléphonique vendredi avec son homologue chinois Xi Jinping. Selon des sources concordantes, Donald Trump se serait montré ouvert à un compromis, tout en martelant la nécessité de protéger la sécurité nationale des États-Unis. Un équilibre délicat à trouver, qui pourrait passer par la mise en place de « garde-fous » pour empêcher tout accès des autorités chinoises aux données des utilisateurs américains.
En attendant, c’est tout l’écosystème de TikTok qui retient son souffle. Créateurs, annonceurs, investisseurs… Tous scrutent fébrilement l’évolution de la situation, partagés entre espoir et résignation. Car si l’application venait effectivement à disparaître du paysage numérique américain, c’est un pan entier de l’économie digitale qui s’effondrerait avec elle.
Une chose est sûre : le feuilleton TikTok est encore loin d’avoir livré son dernier rebondissement. Et au cœur de cette bataille géopolitico-numérique, c’est finalement la question de la souveraineté des données qui se pose avec une acuité renouvelée. Une problématique cruciale, dont dépendra en grande partie le visage du monde digital de demain.
