Imaginez-vous vous réveiller un matin et constater que plus rien ne fonctionne. Ni lumière, ni réfrigérateur, ni ventilateur. C’est le cauchemar qu’ont vécu les Cubains mercredi, lorsqu’une panne géante a plongé l’île entière dans le noir pendant 24 longues heures. Un nouveau coup dur pour ce pays déjà éprouvé.
Cuba replonge dans le noir
Mercredi matin, les 10 millions d’habitants de Cuba se sont réveillés dans l’obscurité la plus totale. En cause, une coupure générale d’électricité provoquée par un problème de tension sur l’unité 6 de la centrale thermoélectrique de Guiteras, la plus grande du pays. C’est la troisième panne majeure à frapper l’île en moins de deux mois.
Selon les autorités, le courant a commencé à être rétabli progressivement jeudi. « Le système électrique national est de nouveau opérationnel », a déclaré sur Twitter le ministre de l’Énergie et des Mines Vicente de la O Levy. Son ministère a ensuite précisé que toutes les unités de production en cours de redémarrage avaient été reconnectées. Mais la situation reste précaire.
Une île à la merci des aléas
Cette énième coupure d’électricité n’est que la partie émergée de l’iceberg des problèmes que traverse Cuba. Au-delà de la vétusté de ses centrales, l’île souffre cruellement d’un manque de combustible, aggravé par une réduction des importations de pétrole en provenance du Venezuela, son principal fournisseur et allié.
A cela s’ajoutent les récentes catastrophes naturelles qui ont durement frappé le pays. Début octobre, l’ouest de Cuba a été balayé par l’ouragan Rafael de catégorie 3. Le rétablissement du réseau dans les zones touchées a pris plusieurs semaines. Quelques jours plus tard, l’ouragan Oscar faisait 8 morts dans l’est. Et le 10 novembre, un séisme secouait le sud du territoire.
Ces aléas climatiques ont provoqué d’importants dégâts matériels alors que l’île est déjà à genoux économiquement.
– Un constat alarmant d’une source proche du gouvernement
Un pays dans la tourmente
Sous le coup d’un embargo américain depuis 1962, Cuba traverse sa pire crise économique depuis 30 ans. Pénuries alimentaires, inflation galopante, manque de médicaments et de carburant, déficits électriques chroniques : la liste des maux est longue pour la population, qui voit ses conditions de vie se détériorer de jour en jour.
La coupure géante de mercredi n’est ainsi qu’un symptôme parmi d’autres des difficultés abyssales de Cuba. En septembre 2022 déjà, le passage de l’ouragan Ian avait provoqué un black-out général. Un an plus tard, le scénario se répète, preuve que le pays n’a pas les moyens d’entretenir et de sécuriser durablement ses infrastructures énergétiques.
Quel avenir pour les Cubains ?
Cette nouvelle coupure massive vient assombrir un peu plus le quotidien déjà très difficile des habitants. Coincés entre des sanctions internationales paralysantes et une fragilité extrême face aux catastrophes climatiques, les Cubains ne voient pas le bout du tunnel.
Le gouvernement assure travailler d’arrache-pied pour moderniser le réseau électrique vieillissant et diversifier les sources d’énergie du pays, avec notamment un plan ambitieux de développement des énergies renouvelables. Mais sans levée de l’embargo américain et sans une aide financière internationale conséquente, le chemin s’annonce encore long et semé d’embûches avant un retour à la normale.
D’ici là, les Cubains devront continuer à faire preuve de résilience et de créativité pour surmonter les coupures à répétition et les innombrables pénuries. Une lueur d’espoir dans un océan de difficultés.