Un blackout total a plongé la Guadeloupe dans le noir ce vendredi matin. L’ensemble du territoire, abritant près de 380 000 habitants, a été victime d’un « incident électrique généralisé » selon EDF Archipel Guadeloupe. Une situation inédite et critique, conséquence d’un mouvement social en cours dans le secteur de l’énergie.
Tout commence à 8h30, heure locale, lorsqu’un groupe de salariés grévistes s’introduit dans la salle des commandes de la centrale thermique EDF-PEI de la Pointe Jarry, une infrastructure clé fournissant la quasi-totalité de l’électricité de l’archipel. Ils provoquent l’arrêt d’urgence de l’ensemble des moteurs de la centrale. Avec la centrale d’Albioma, qui couvre environ 30% de la production mais dont les employés sont également en grève, c’est tout le territoire qui se retrouve privé de courant.
Un conflit social à l’origine de l’incident
À l’origine de cet acte, un conflit opposant depuis mi-septembre la branche énergie de la CGT et la direction d’EDF-PEI. Au cœur des revendications : l’application d’un protocole d’accord signé après une première grève en 2023, portant notamment sur la titularisation d’intérimaires et un rattrapage d’arriérés de salaires. Malgré une proposition d’accord de la direction lundi, un dernier point d’achoppement sur le calcul des congés payés a conduit au rejet par le syndicat.
Le préfet de Guadeloupe Xavier Lefort a vivement condamné l’action des grévistes dans un communiqué diffusé sur le réseau social X :
Le préfet de la région Guadeloupe condamne avec la plus grande fermeté l’action qui vient d’être conduite ce matin et qui engage la responsabilité de ses auteurs.
La réquisition des salariés pour un retour à la normale
Afin d’assurer la continuité de la production électrique, un arrêté de réquisition des salariés nécessaires au fonctionnement de la centrale a été pris par le préfet. Toutefois, le retour à des conditions normales sur le réseau ne devrait pas intervenir avant 15 heures, heure locale, dans le meilleur des cas selon la préfecture.
Cette coupure généralisée impacte durement le quotidien des Guadeloupéens. Commerces, écoles, administrations, transports… c’est toute l’activité de l’île qui est paralysée. Dans les hôpitaux, les groupes électrogènes de secours ont pris le relais pour maintenir les services vitaux.
L’incertitude plane sur une résolution rapide
Si la réquisition des personnels devrait permettre une reprise progressive de la production, l’incertitude demeure sur une sortie de crise rapide. Les négociations semblent au point mort entre la CGT et la direction d’EDF-PEI. Une source proche du dossier confie :
Chaque partie campe sur ses positions. Il faudra des concessions des deux côtés pour espérer débloquer la situation durablement. Mais dans ce contexte tendu, cela semble difficile à court terme.
Cet incident sans précédent met en lumière la fragilité du système électrique guadeloupéen et sa dépendance à quelques infrastructures majeures. Il soulève également la question de la gestion des conflits sociaux dans des secteurs aussi stratégiques que l’énergie.
Pour l’heure, les habitants de l’île ne peuvent qu’espérer un dénouement rapide de cette crise inédite. Un retour à la normale qui passera nécessairement par le dialogue et un apaisement des tensions entre les différents acteurs. Un défi de taille dans un climat social toujours électrique.