Imaginez un trophée prestigieux, chargé d’histoire, qui oppose les meilleurs clubs d’Europe et d’Amérique du Sud. Un duel au sommet, comme à l’époque où les géants du vieux continent affrontaient ceux du nouveau monde dans des batailles légendaires. Ce mercredi 17 décembre 2025, à Doha, le PSG va croiser le fer avec Flamengo pour la finale de la Coupe Intercontinentale. Mais derrière ce nom mythique se cache une réalité bien différente de celle qu’ont connue les générations précédentes.
La Coupe Intercontinentale 2025 : un nom ancien pour une formule neuve
La FIFA a décidé, en 2024, de ressusciter le label « Coupe Intercontinentale » pour remplacer l’ancienne Coupe du Monde des Clubs version mini-tournoi disputée chaque décembre. Pourquoi ce choix ? Probablement pour capitaliser sur le prestige d’une compétition qui, entre 1960 et 2004, désignait officieusement le champion du monde des clubs en confrontant directement le vainqueur de la Ligue des Champions à celui de la Copa Libertadores.
Mais attention : la version actuelle n’a presque rien à voir avec son illustre aïeule. Elle conserve le principe d’un titre mondial annuel, mais adopte une structure beaucoup plus complexe et, disons-le franchement, particulièrement avantageuse pour les clubs européens.
Le parcours complètement déséquilibré des finalistes
Regardons les faits. Le PSG, en tant que champion d’Europe en titre, est directement qualifié pour la finale. Les Parisiens n’ont disputé aucun match préalable. Ils arrivent frais et dispos, prêts à en découdre.
À l’inverse, Flamengo a dû enchaîner un véritable marathon depuis septembre. Tout a commencé avec les qualifications des autres continents. Le champion d’Afrique, le club égyptien Pyramids FC, a d’abord battu Auckland City, représentant océanien, avant de dominer Al-Ahli, champion d’Asie. Cette double victoire leur a offert le titre de la « Coupe Afrique-Asie-Pacifique » et un ticket pour les demi-finales.
Puis, une fois la Copa Libertadores terminée, Flamengo a affronté Cruz Azul, champion de la zone Concacaf, dans ce qu’on appelle le « Derby des Amériques ». Victoire 2-1, qualification obtenue. Trois jours plus tard, les Brésiliens ont dû enchaîner contre Pyramids en demi-finale, baptisée « Challenger Cup ». Nouveau succès 2-0, mais dans un stade à moitié vide.
Résultat : Flamengo dispute sa troisième rencontre en sept jours pour cette finale, alors que le PSG n’a pas joué depuis plusieurs semaines. Un avantage physique et mental évident pour les Parisiens.
L’ancienne Coupe Intercontinentale : une histoire riche et brutale
Pour bien comprendre l’enjeu, il faut revenir aux origines. De 1960 à 2004, la Coupe Intercontinentale était l’ultime affrontement entre l’Europe et l’Amérique du Sud. Au début, elle se jouait en aller-retour, parfois avec un match d’appui lorsque les équipes faisaient jeu égal.
Ces rencontres étaient souvent d’une intensité rare, parfois même violentes. Les clubs sud-américains, avec leur style technique et combatif, dominaient largement : 22 victoires contre 21 pour les Européens. Des noms comme Peñarol, Boca Juniors, Independiente ou Nacional ont marqué cette époque.
À partir de 1980, la finale se dispute sur un match unique à Tokyo, au Japon, grâce au sponsoring de Toyota. L’événement gagne en visibilité, mais perd progressivement de son âpreté avec l’évolution du football professionnel. En 2004, la dernière édition oppose Porto à Once Caldas. L’année suivante, la FIFA lance la Coupe du Monde des Clubs à six équipes, élargissant le champ aux autres continents.
Cette formule durera jusqu’en 2023, avec des dominations écrasantes des clubs européens, notamment le Real Madrid, recordman avec cinq titres.
Pourquoi ce nouveau format apparaît si critiqué
La refonte de 2024 semble répondre à plusieurs objectifs. D’abord, créer un événement annuel prestigieux en attendant la grande Coupe du Monde des Clubs quadriennal, remportée en juillet 2025 par Chelsea face au PSG en finale (3-0).
Mais le choix d’un tournoi à élimination indirecte avec des matchs étalés sur plusieurs mois pose question. L’intérêt médiatique reste limité : la demi-finale Flamengo-Pyramids n’a attiré que 8 368 spectateurs dans un stade de plus de 40 000 places.
Le principal reproche concerne l’inégalité flagrante entre continents. Le champion d’Europe bénéficie d’une qualification directe en finale, reproduisant en pire le privilège qu’il avait déjà dans l’ancienne formule (entrée en demi-finale). Les autres clubs doivent s’épuiser dans des matchs préparatoires parfois disputés dans l’indifférence.
Certains y voient une volonté de la FIFA de garantir des finales attractives commercialement, avec presque toujours un grand club européen face à un adversaire sud-américain.
En résumé, le parcours vers la finale 2025 :
- Septembre : Pyramids FC (Afrique) bat Auckland City (Océanie)
- Septembre : Pyramids FC bat Al-Ahli (Asie) → qualifié pour demi-finale
- Décembre : Flamengo (Amérique du Sud) bat Cruz Azul (Concacaf)
- 13 décembre : Flamengo bat Pyramids FC en demi-finale
- 17 décembre : Finale PSG – Flamengo à Doha
Que représente ce trophée pour le PSG et Flamengo ?
Pour le PSG, une victoire signifierait un nouveau titre international après des années de quête en Ligue des Champions. Ce serait aussi l’occasion d’ajouter un « patch » supplémentaire sur le maillot et de conforter sa place parmi les tout meilleurs clubs mondiaux.
Du côté de Flamengo, l’enjeu est immense. Le club le plus populaire du Brésil rêve de ramener un trophée mondial depuis la victoire en 1981 face à Liverpool (3-0). Battre le PSG, riche et talentueux, serait un exploit retentissant et une fierté nationale.
Le match se déroule à 18 heures (heure française) au Qatar, pays qui continue d’accueillir les grandes compétitions FIFA. L’ambiance promet d’être électrique, même si le public local risque d’être clairsemé.
Entre tradition et modernité : quel avenir pour cette compétition ?
La Coupe Intercontinentale version 2025 divise. Certains supporters regrettent l’ancienne formule plus équilibrée et plus intense. D’autres saluent le retour d’un nom historique et l’idée d’un champion du monde annuel.
Ce qui est certain, c’est que la FIFA cherche à multiplier les événements lucratifs tout en préservant l’attractivité commerciale. La grande Coupe du Monde des Clubs à 32 équipes, organisée tous les quatre ans, reste l’objectif ultime. Cette Intercontinentale apparaît comme un produit intermédiaire.
Mais pour que la magie opère vraiment, il faudrait peut-être revoir le format afin de rendre la compétition plus équitable et plus passionnante pour tous les continents. Sinon, elle risque de rester un simple apéritif avant le plat principal quadriennal.
En attendant, tous les regards sont tournés vers Doha. Le PSG part favori, mais le football nous a appris que les surprises existent. Flamengo, porté par son public brésilien et son orgueil sud-américain, peut créer l’exploit. Rendez-vous ce mercredi pour savoir qui succédera au Real Madrid, vainqueur de l’édition 2024 face à Pachuca.
Une chose est sûre : quel que soit le vainqueur, ce trophée restera un chapitre de plus dans la grande histoire du football mondial. Un football en perpétuelle évolution, entre héritage du passé et ambitions du présent.
« Le football, c’est avant tout une confrontation entre deux philosophies, deux cultures. » Cette phrase, souvent attribuée à des légendes du passé, prend tout son sens dans cette finale opposant l’Europe au Brésil.
Le coup d’envoi approche. Préparez-vous à vivre une soirée qui pourrait entrer dans les annales. Parce qu’au-delà du format discuté, c’est bien le spectacle sur le terrain qui comptera. Et ça, ni la FIFA ni les règlements ne peuvent le contrôler entièrement.









