L’armée israélienne vient de porter un nouveau coup dur au Hezbollah, le puissant mouvement pro-iranien libanais. Elle a confirmé mardi soir avoir “éliminé” Hachem Safieddine, le successeur pressenti de Hassan Nasrallah à la tête de l’organisation, lors d’une frappe sur Beyrouth début octobre.
Cette annonce intervient en marge d’une nouvelle visite en Israël du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, qui a estimé que l’élimination par ailleurs du chef du Hamas, Yahya Sinouar, offrait une “occasion importante” de mettre fin à la guerre à Gaza.
Un candidat sérieux à la succession de Nasrallah
Âgé d’une soixantaine d’années, Hachem Safieddine était considéré comme un candidat très sérieux pour succéder à Hassan Nasrallah, avec qui il partageait une ressemblance frappante. Selon une source proche du Hezbollah, il était “le candidat le plus susceptible” de prendre la tête du mouvement chiite financé et armé par l’Iran.
Son élimination fragilise un peu plus cette organisation, déjà saignée par plusieurs assassinats et contre qui Israël est entré en guerre ouverte il y a un mois, multipliant les bombardements au Liban. Mardi soir, des frappes aériennes israéliennes ont encore visé la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement islamiste libanais en grande partie désertée par ses habitants.
Une “occasion importante” de mettre fin à la guerre à Gaza
En parallèle, la mort de Yahya Sinouar, le chef du Hamas tué le 16 octobre dans la bande de Gaza, pourrait selon Antony Blinken offrir une opportunité de “ramener les otages chez eux” et de “mettre fin à la guerre”. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré que cela “pourrait avoir un effet positif sur le retour des otages” retenus à Gaza.
Le chef de la diplomatie américaine, qui fera étape mercredi en Arabie saoudite, a également pressé Israël de prendre des “mesures supplémentaires” pour permettre à l’aide humanitaire de parvenir aux civils dans tout le territoire palestinien assiégé. Washington espère aussi éviter une escalade militaire entre Israël et l’Iran, allié du Hamas et du Hezbollah, après l’attaque de missiles iranienne sur Israël du 1er octobre.
Israël veut neutraliser le Hezbollah au Liban
Outre ses frappes, Israël mène depuis le 30 septembre une offensive terrestre dans le sud du Liban afin d’y neutraliser le Hezbollah et permettre le retour de 60 000 habitants du nord d’Israël déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis un an.
Malgré les affirmations du Hezbollah d’avoir détruit des chars israéliens et tiré des drones sur une base militaire près de Haïfa, Israël multiplie ses attaques à travers le pays, faisant au moins dix morts selon les autorités libanaises. L’armée israélienne a aussi étendu ses frappes au système financier du Hezbollah en bombardant des bureaux de sa société de microcrédit.
Un lourd bilan pour les civils
Depuis le début des hostilités le 23 septembre, au moins 1552 personnes ont été tuées au Liban d’après un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. L’ONU avait recensé près de 700 000 déplacés dans le pays à la mi-octobre.
En Israël, l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a fait 1206 morts, majoritairement des civils. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 97 restent otages à Gaza dont 34 sont présumées mortes. A Gaza, au moins 42 718 Palestiniens, majoritairement des civils, ont péri dans l’offensive israélienne menée en représailles selon le ministère de la Santé du Hamas, des données jugées fiables par l’ONU.
L’élimination de Hachem Safieddine, un nouveau coup porté au Hezbollah par Israël, risque donc d’aggraver encore ce bilan déjà très lourd et de compliquer un peu plus les efforts diplomatiques pour tenter de mettre fin à ce conflit qui n’en finit pas.
