Le monde du rugby australien vient de connaître un véritable séisme. Jeudi dernier, la fédération australienne a annoncé l’exclusion pure et simple des Melbourne Rebels du Super Rugby pour la saison prochaine. En proie à d’importantes difficultés financières, le club de la capitale de l’État de Victoria n’a pas réussi à convaincre ses dirigeants de sa viabilité sur le long terme. Une décision lourde de conséquences pour l’avenir du rugby dans le sud-est du pays.
Les Rebels au bord du gouffre financier
Voilà maintenant plusieurs mois que la situation financière des Melbourne Rebels inquiétait. Avec une dette abyssale de près de 23 millions de dollars australiens, soit environ 14 millions d’euros, le club s’était placé sous administration volontaire en janvier dernier. Une grande partie de ce passif était constitué de dettes fiscales, mettant en péril la pérennité même de la franchise.
Face à l’urgence, la fédération australienne avait récupéré la licence de l’équipe et s’était engagée à payer les salaires du personnel pour permettre aux Rebels de terminer la saison. Un consortium emmené par l’ancien président de la compagnie aérienne Qantas, Leigh Clifford, s’était alors positionné pour tenter un sauvetage in extremis du club. Mais leur plan de reprise a été jugé insuffisant par les instances.
La candidature du consortium n’a pas démontré une viabilité financière suffisante. Il existait des doutes significatifs sur leur modèle de financement.
– Rugby Australia
Un gouffre financier depuis la création
Dans son communiqué, la fédération australienne a rappelé les difficultés récurrentes rencontrées par le club depuis son intégration au Super Rugby en 2011. Malgré des investissements significatifs et des subventions de la part de la fédération, les Rebels n’ont jamais réussi à atteindre un équilibre financier de façon indépendante.
Un constat amer pour cette formation qui réalise pourtant sa meilleure saison depuis sa création, avec une 7ème place au classement et une première participation aux playoffs qui se profile. Un potentiel sportif intéressant, porté par plusieurs internationaux australiens comme Taniela Tupou, Rob Leota ou encore Andrew Kellaway, mais qui n’aura pas suffi à assurer la survie du club.
Une carte du Super Rugby chamboulée
Avec ce retrait forcé, c’est toute la géographie du rugby australien qui se retrouve modifiée. En 2025, le pays ne comptera plus que quatre franchises au plus haut niveau : les Brumbies, les Reds, la Western Force et les Waratahs. Un coup dur pour le développement du rugby dans l’État de Victoria et sa capitale Melbourne.
- Brumbies (Canberra)
- Reds (Brisbane)
- Western Force (Perth)
- Waratahs (Sydney)
Du côté des Rebels, c’est la douche froide, alors que le club se prépare à jouer un quart de finale historique, qui pourrait donc être le dernier match de son histoire. Une pilule d’autant plus dure à avaler pour le consortium de repreneurs, qui dénonce une “gifle” pour les amateurs de rugby de la région et menace même d’attaquer la fédération en justice.
Un avenir en pointillé pour le rugby à Melbourne ?
Si l’aventure au plus haut niveau semble terminée pour les Melbourne Rebels, le rugby dans la capitale de l’État de Victoria pourrait malgré tout avoir un avenir, mais à un échelon inférieur. Des discussions seraient en cours pour permettre à la ville de conserver une équipe professionnelle, qui évoluerait dans le nouveau championnat national mis en place par la fédération.
Reste à savoir si les amateurs de rugby de la région, orphelins du Super Rugby, se mobiliseront en nombre pour soutenir cette nouvelle formation et assurer sa pérennité. Un défi de taille, alors que la fédération australienne a clairement affiché sa volonté de recentrer le haut niveau sur les bastions traditionnels du rugby australien que sont Sydney, Canberra, Brisbane et Perth.
Une décision brutale donc, qui fragilise un peu plus le rugby australien, mais que la fédération assume pleinement, arguant de la nécessité d’avoir des franchises fortes économiquement. Une vision qui laisse forcément un goût amer à Melbourne, et pose la question de la capacité du rugby à s’étendre au-delà de ses bases historiques en Australie.