Dans le cadre d’une vaste opération menée mercredi en Allemagne, les autorités ont démantelé un important réseau de passeurs kurdo-irakien, soupçonné d’organiser des traversées clandestines de migrants depuis la France vers la Grande-Bretagne via la Manche. Ce coup de filet d’envergure, fruit d’une étroite collaboration entre les polices allemande et française, a donné lieu à de multiples arrestations et perquisitions.
Une opération internationale bien coordonnée
Selon une source proche du dossier, plus de 500 agents de la police allemande, épaulés par une vingtaine d’enquêteurs français et des experts d’Europol, ont mené des perquisitions simultanées dans plusieurs maisons et entrepôts situés en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et Bade-Wurtemberg. Ces interventions, réalisées sur mandats du tribunal de Lille, visaient à démanteler ce que les autorités qualifient de « vaste réseau » irako-kurde impliqué dans le trafic de migrants.
La collaboration des autorités européennes porte ses fruits
Cette opération conjointe entre l’Allemagne et la France s’inscrit dans la continuité d’une précédente enquête réussie, menée en février dernier en partenariat avec la Belgique. Cette investigation avait alors permis l’interpellation de 19 passeurs présumés, démontrant l’efficacité de la coopération policière à l’échelle européenne face à ces réseaux criminels transnationaux.
Les gangs recourent à la menace et à la violence pour parquer des êtres humains dans des canots pneumatiques.
Nancy Faeser, ministre allemande de l’Intérieur
L’Allemagne, base arrière des trafiquants
Les enquêteurs pointent régulièrement du doigt le rôle de l’Allemagne comme l’une des principales bases arrières des trafiquants de migrants. C’est souvent depuis le territoire allemand que sont acheminés les canots pneumatiques utilisés pour les périlleuses traversées de la Manche. Selon Europol, les tarifs pratiqués par ces réseaux oscillent entre 1 000 et 3 000 euros par migrant pour une place à bord de ces embarcations de fortune.
Un phénomène en constante augmentation
Malgré les efforts déployés par les autorités, le phénomène des traversées clandestines de la Manche à bord de petites embarcations ne cesse de s’amplifier depuis son apparition en 2018. Selon les chiffres de la préfecture du Pas-de-Calais, au moins 72 personnes ont déjà perdu la vie en tentant de rallier les côtes anglaises depuis le début de l’année 2024, faisant de celle-ci l’année la plus meurtrière. Dans le même temps, plus de 32 000 migrants sont parvenus à atteindre la Grande-Bretagne par cette voie depuis janvier.
La nécessité d’une réponse européenne concertée
Face à l’ampleur de ce drame humain et sécuritaire, les autorités des différents pays concernés insistent sur l’importance d’une approche coordonnée au niveau européen. Seule une coopération renforcée entre les services de police, de justice et de renseignement permettra de s’attaquer efficacement aux réseaux de passeurs qui profitent de la détresse des migrants.
Cette récente opération germano-française constitue un pas important dans cette direction, mais il est clair que la lutte contre ces filières criminelles nécessitera un engagement sur le long terme de l’ensemble des États membres de l’UE. Il en va de la sécurité de nos frontières, mais surtout de la vie de milliers de personnes prêtes à tout pour rejoindre l’eldorado européen.