Lundi soir, peu avant 22h, les voyageurs de la gare de l’Est à Paris ont été les témoins d’une scène d’une violence inouïe. Un militaire de l’opération Sentinelle qui patrouillait dans la gare a été attaqué par un individu armé d’un couteau. L’agresseur lui a asséné un coup de lame entre les deux omoplates avant de prendre la fuite.
Un suspect au lourd passé psychiatrique
L’assaillant, âgé de 40 ans, a rapidement été interpellé par les forces de l’ordre. Cet homme, déjà connu de la justice pour sa dangerosité psychiatrique, avait été pris en charge le matin même à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police. Lors de son attaque, il aurait crié “Dieu est grand” en français et expliqué son geste en déclarant que “les militaires tuent des gens dans son pays”.
Le suspect est déjà connu pour avoir mortellement poignardé un jeune homme de 22 ans en 2018 à la station RER Châtelet-les-Halles.
Une source proche de l’enquête
Une expertise psychiatrique menée en 2020 avait conclu à une probable schizophrénie évolutive et une réelle dangerosité, entraînant son hospitalisation sous contrainte. Mais en mars 2023, les médecins avaient autorisé une prise en charge en ambulatoire, dont l’homme ne s’acquittait plus. Son hospitalisation complète avait été ordonnée le 11 juillet.
Une enquête judiciaire ouverte
Suite à cette agression, une information judiciaire a été ouverte vendredi pour tentative d’assassinat et confiée à un juge d’instruction. Le suspect étant toujours hospitalisé en psychiatrie, il ne peut être entendu à ce stade. Mais un mandat d’amener a été délivré afin qu’il puisse être présenté au magistrat dès sa sortie d’hôpital en vue d’une éventuelle mise en examen.
Le militaire blessé a été pris en charge et ses jours ne sont pas en danger. Cet événement relance le débat sur la prise en charge des personnes radicalisées présentant des troubles psychiatriques et sur le difficile équilibre entre soins et sécurité publique. L’enquête devra déterminer d’éventuelles failles dans le suivi de cet individu et si cette attaque aurait pu être évitée.
Les militaires de Sentinelle, cibles régulières
Depuis le lancement de l’opération Sentinelle en 2015 après les attentats terroristes, les militaires déployés pour sécuriser des sites sensibles ont été la cible de plusieurs attaques :
- En février 2015, des coups de feu visent 3 militaires devant un centre communautaire juif à Nice
- En janvier 2016, un homme fonce avec son véhicule sur des militaires devant une mosquée à Valence
- En mars 2017, un homme est abattu après avoir agressé une patrouille au couteau à l’aéroport d’Orly
- En août 2017, un véhicule percute des militaires à Levallois-Perret, blessant 6 d’entre eux
Ces attaques illustrent les risques auxquels sont confrontés quotidiennement les soldats de Sentinelle dans leur mission de protection. Une situation qui soulève des questions sur les moyens déployés pour assurer leur propre sécurité face à la menace terroriste.
L’enquête sur l’agression de la gare de l’Est devra faire toute la lumière sur le parcours du suspect, sa prise en charge psychiatrique et les éventuelles failles ayant conduit à ce nouveau drame, afin d’en tirer tous les enseignements. En attendant ses conclusions, nos pensées vont au militaire blessé et à ses proches dans cette épreuve.