À quelques mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, prévue pour octobre 2025, le pays s’enflamme déjà. Dans les rues d’Abidjan, des milliers de voix s’élèvent, certaines pour soutenir le président actuel, d’autres pour dénoncer une course électorale qu’elles jugent biaisée. Ce week-end, un grand rassemblement à Yopougon, bastion populaire de la capitale économique, a marqué un tournant dans la campagne du parti au pouvoir. Mais derrière les slogans et les affiches, une question persiste : la Côte d’Ivoire se dirige-t-elle vers une élection apaisée ou un nouveau bras de fer politique ?
Un Soutien Massif au Président Ouattara
Dimanche dernier, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), parti au pouvoir, a organisé un meeting d’envergure dans la commune de Yopougon. Des milliers de militants, vêtus des couleurs orange et blanc du parti, ont envahi les lieux pour afficher leur soutien indéfectible à Alassane Ouattara, président depuis 2011. L’ambiance était électrique, ponctuée de chants, de danses et de discours enflammés.
Sur une immense scène, une affiche proclamait : « À Yopougon, notre champion, c’est ADO », en référence au surnom d’Alassane Dramane Ouattara. Ce rassemblement concluait plusieurs semaines de « pré-congrès » à travers le pays, où les cadres du parti ont mobilisé les foules pour appeler à la candidature du chef de l’État pour un quatrième mandat.
« Il n’y a qu’une seule route, c’est celle du président Alassane Ouattara. Notre candidat pour octobre 2025, c’est ADO. »
Patrick Achi, ancien Premier ministre
Patrick Achi, figure influente du RHDP, a vanté le bilan du président, insistant sur les progrès économiques et les infrastructures développées sous son mandat. « Maintenant, il va mettre la Côte d’Ivoire à un autre niveau, et tous les jeunes auront leur place dans cette Côte d’Ivoire qui arrive », a-t-il promis, suscitant des applaudissements nourris.
Un Congrès Décisif à Venir
Ce meeting intervient à une semaine d’un événement clé : le congrès du RHDP, prévu les 21 et 22 juin 2025. Cet événement, qui se tiendra dans le stade d’Ebimpé – lieu symbolique de la victoire des Éléphants à la Coupe d’Afrique des Nations 2024 – devrait officialiser la candidature d’Alassane Ouattara. Si le président, âgé de 83 ans, n’a pas encore confirmé ses intentions, ses déclarations passées laissent peu de place au doute.
En janvier, il avait exprimé son souhait de « continuer à servir son pays ». Cette phrase, bien que vague, a suffi à galvaniser ses partisans, qui voient en lui un leader incontournable pour maintenir la stabilité et la croissance du pays.
Le saviez-vous ? Le stade d’Ebimpé, où se tiendra le congrès, est un symbole de modernité en Côte d’Ivoire, construit pour accueillir des événements internationaux et refléter les ambitions du pays.
Une Opposition sous Pression
Mais tandis que le RHDP célèbre son unité, le climat politique reste tendu. La veille du meeting de Yopougon, l’opposition a manifesté dans les rues d’Abidjan pour dénoncer l’exclusion de plusieurs figures majeures de la course électorale. Quatre candidats de poids ont été écartés, alimentant les accusations d’une élection truquée.
Parmi eux, Tidjane Thiam, président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a été radié des listes électorales pour des questions de nationalité. Laurent Gbagbo, ancien président, Charles Blé Goudé, son ancien bras droit, et Guillaume Soro, ex-Premier ministre en exil, sont également exclus en raison de condamnations judiciaires.
Le pouvoir, de son côté, nie toute ingérence dans ces décisions, affirmant qu’elles relèvent de la justice. Mais pour l’opposition, ces exclusions sont une stratégie pour garantir la victoire du RHDP. Les manifestations de samedi ont appelé à une élection « inclusive », soulignant les risques de tensions si le processus électoral manque de transparence.
Les Enjeux d’une Élection Cruciale
La présidentielle de 2025 s’annonce comme un moment décisif pour la Côte d’Ivoire. Le pays, qui a connu des crises politiques violentes par le passé, notamment en 2010-2011, aspire à une stabilité durable. Mais les récents événements ravivent les craintes d’un scrutin contesté.
Pour mieux comprendre les enjeux, voici les points clés à retenir :
- Soutien au RHDP : Le parti au pouvoir mobilise massivement pour Ouattara, avec un congrès imminent qui devrait sceller sa candidature.
- Exclusions controversées : L’opposition dénonce l’éviction de ses leaders, accusant le pouvoir de manipuler le processus électoral.
- Tensions croissantes : Les manifestations et les discours enflammés des deux camps augurent d’une campagne tendue.
- Bilan d’Ouattara : Le RHDP met en avant les réussites économiques et sociales, mais l’opposition critique une gouvernance autoritaire.
Le tableau suivant résume les principaux acteurs de cette crise :
Acteur | Rôle | Statut |
---|---|---|
Alassane Ouattara | Président, leader du RHDP | Candidat probable |
Tidjane Thiam | Président du PDCI | Exclu (nationalité) |
Laurent Gbagbo | Ancien président | Exclu (condamnation) |
Guillaume Soro | Ex-Premier ministre | Exclu (condamnation) |
Quel Avenir pour la Côte d’Ivoire ?
À l’approche du congrès du RHDP, tous les regards sont tournés vers Alassane Ouattara. S’il confirme sa candidature, il devra convaincre une population divisée, dans un contexte où l’opposition se sent muselée. Les jeunes, en particulier, attendent des réponses concrètes sur l’emploi et l’avenir du pays.
Pour l’opposition, l’enjeu est de maintenir la pression tout en proposant une alternative crédible. Mais sans ses leaders historiques, la tâche s’annonce ardue. Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer si la Côte d’Ivoire peut organiser une élection apaisée ou si elle risque de replonger dans l’instabilité.
En attendant, Yopougon reste le théâtre d’une bataille symbolique. Entre les partisans d’ADO et les voix dissidentes, la commune incarne les espoirs et les fractures d’un pays à la croisée des chemins.
La Côte d’Ivoire retiendra-t-elle son souffle jusqu’en octobre 2025 ?
Ce qui est certain, c’est que la route vers la présidentielle sera semée d’embûches. Entre mobilisation massive, exclusions controversées et appels à l’unité, chaque camp affine sa stratégie. Reste à savoir si le dialogue prévaudra ou si les tensions actuelles annoncent un scrutin sous haute pression.