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Côte d’Ivoire : Répression Avant l’Élection Présidentielle

Six membres du PPA-CI enlevés en Côte d'Ivoire à l'aube. Une vague de répression menace-t-elle la démocratie avant l'élection ? Découvrez les dessous de cette crise...

À moins de trois mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, le climat politique s’électrise, teinté d’inquiétudes et de tensions. Des accusations d’enlèvements, des arrestations qualifiées d’arbitraires et des violences dans les rues d’Abidjan secouent le pays. Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), dirigé par l’ancien président Laurent Gbagbo, dénonce une répression ciblée contre ses membres, jetant une ombre sur le scrutin prévu le 25 octobre 2025. Que se passe-t-il réellement dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, où la démocratie semble vaciller ?

Une vague de répression en Côte d’Ivoire

Le PPA-CI, l’un des principaux partis d’opposition, a tiré la sonnette d’alarme lors d’une conférence de presse tenue ce dimanche. Selon Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du parti, six de ses membres, dont une député suppléante, ont été enlevés dans la nuit de samedi à dimanche. Ces individus auraient été emmenés vers des lieux inconnus par des personnes non identifiées, souvent décrites comme encagoulées. Cette série d’incidents intervient dans un contexte où plusieurs figures de l’opposition, y compris Laurent Gbagbo, sont exclues du scrutin à venir par des décisions judiciaires controversées.

Le parti dénonce une stratégie d’intimidation orchestrée par le pouvoir en place pour museler ses adversaires politiques. Sébastien Dano Djédjé a exigé la libération immédiate des personnes enlevées, tout en pointant du doigt une montée des violations des libertés constitutionnelles. Ces accusations ne sont pas isolées : ces dernières semaines, plusieurs militants de l’opposition ont été interpellés, alimentant un sentiment d’injustice parmi les opposants.

Les enlèvements : un acte ciblé ?

Parmi les personnes enlevées figure Pascale Zaholy, député suppléante de la commune de Yopougon, un bastion populaire d’Abidjan. Selon Michel Gbagbo, député de Yopougon et fils de l’ancien président, l’enlèvement de Mme Zaholy s’est déroulé à l’aube, perpétré par des individus masqués. Ce témoignage, recueilli par une source fiable, souligne la brutalité et l’opacité de ces opérations. Les autres membres enlevés, dont les noms ont été cités par le PPA-CI, étaient des cadres et militants actifs du parti, ce qui laisse penser à une action ciblée contre des figures influentes.

Une vague de répression s’abat sur nos cadres et militants. Ces arrestations arbitraires sont une tentative d’intimidation politique.

Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du PPA-CI

Ces enlèvements ne sont pas des cas isolés. Ils s’inscrivent dans une série d’actions visant, selon l’opposition, à affaiblir les partis concurrents avant l’élection. Le PPA-CI a fermement condamné ces actes, tout en niant toute implication dans les récentes violences survenues à Yopougon, où un bus a été incendié et une voiture de police endommagée.

Yopougon : un foyer de tensions

La commune de Yopougon, l’une des plus peuplées d’Abidjan, est devenue le théâtre de violences préoccupantes. Dans la nuit de vendredi à samedi, un bus de transport public a été réduit en cendres, tandis qu’une voiture de police a été vandalisée par un groupe armé de machettes, de gourdins et de cocktails incendiaires. Selon les autorités, deux personnes ont été arrêtées sur place, et plusieurs autres ont été interpellées lors d’une opération de ratissage. Cependant, l’identité des suspects reste floue, ce qui alimente les spéculations sur une possible instrumentalisation de ces événements pour justifier la répression.

Le PPA-CI a pris ses distances avec ces actes de violence, affirmant que ses militants n’y ont pas pris part. Cette déclaration vise à contrer toute tentative de discréditer le parti en l’associant à des troubles. Mais dans un climat où la méfiance règne, chaque incident devient un argument pour les deux camps : le pouvoir accuse l’opposition de déstabilisation, tandis que cette dernière dénonce une répression ciblée.

Un scrutin sous haute tension

L’élection présidentielle du 25 octobre 2025 s’annonce comme un moment décisif pour la Côte d’Ivoire. Le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2010, a récemment confirmé sa candidature pour un quatrième mandat, une décision qui a ravivé les tensions. Face à lui, l’opposition se retrouve fragilisée par l’exclusion de plusieurs leaders de premier plan. Laurent Gbagbo, ancien président acquitté par la Cour pénale internationale en 2021, est radié des listes électorales, tout comme Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), et Guillaume Soro, ancien Premier ministre en exil.

Ces exclusions, prononcées par des décisions de justice, sont perçues par l’opposition comme des manœuvres politiques pour écarter des adversaires redoutables. Le PPA-CI et le PDCI, les deux principaux partis d’opposition, dénoncent un système judiciaire instrumentalisé pour garantir la réélection du président sortant. Cette situation rappelle les tensions qui avaient précédé les élections de 2020, marquées par des violences ayant causé des dizaines de morts.

Les libertés constitutionnelles en danger

Le PPA-CI n’est pas le seul parti à faire face à des obstacles. En juin, des responsables de la jeunesse du PDCI ont été arrêtés pour trouble à l’ordre public, selon leur avocat. Par ailleurs, Gala Kolebi, sociologue et membre du PPA-CI chargé de la communication, a été condamné à 18 mois de prison pour diffusion de fausses nouvelles. Ces condamnations, souvent basées sur des accusations vagues, renforcent le sentiment que le pouvoir cherche à museler toute voix dissidente.

Pour mieux comprendre l’ampleur des restrictions, voici un récapitulatif des principaux incidents récents :

  • Enlèvement de six membres du PPA-CI, dont Pascale Zaholy, dans la nuit de samedi à dimanche.
  • Arrestations de militants du PDCI en juin pour trouble à l’ordre public.
  • Condamnation de Gala Kolebi à 18 mois de prison pour diffusion de fausses nouvelles.
  • Violences à Yopougon, avec un bus incendié et une voiture de police vandalisée.

Ces événements soulèvent des questions sur l’état des libertés fondamentales en Côte d’Ivoire. Le droit de manifester, de s’exprimer et de participer à la vie politique semble de plus en plus restreint, selon les opposants.

Un appel à la vigilance internationale

Face à cette situation, le PPA-CI appelle la communauté internationale à se pencher sur la situation en Côte d’Ivoire. Les enlèvements, les arrestations et les exclusions électorales risquent de miner la crédibilité du scrutin à venir. Sébastien Dano Djédjé a insisté sur la nécessité de garantir des élections libres et transparentes, un défi de taille dans un pays marqué par une histoire politique tumultueuse.

Pour l’opposition, le message est clair : sans une mobilisation forte, la démocratie ivoirienne pourrait glisser vers une dérive autoritaire. Mais le pouvoir, de son côté, affirme agir pour maintenir l’ordre et la sécurité, accusant certains opposants de semer le chaos.

Que peut-on attendre de l’avenir ?

À l’approche de l’élection, la Côte d’Ivoire se trouve à un carrefour. Les tensions actuelles pourraient dégénérer en affrontements plus larges si les griefs de l’opposition ne sont pas entendus. La communauté internationale, déjà attentive, pourrait jouer un rôle clé en appelant à la retenue et à la transparence.

En attendant, les Ivoiriens observent avec inquiétude. La question qui se pose est simple mais cruciale : le scrutin de 2025 sera-t-il une célébration de la démocratie ou le théâtre d’une nouvelle crise ? Seule l’évolution des prochaines semaines permettra d’y répondre.

Événement Date Conséquences
Enlèvements de membres du PPA-CI Nuit du 2 au 3 août 2025 Accusations de répression politique
Violences à Yopougon Nuit du 1er au 2 août 2025 Arrestations et tensions accrues
Condamnation de Gala Kolebi Fin juin 2025 18 mois de prison

Le peuple ivoirien mérite des élections justes et transparentes. Mais pour l’heure, les signaux envoyés par le pouvoir et les réactions de l’opposition laissent craindre une escalade. La vigilance est de mise.

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