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Côte d’Ivoire : Progrès Éclatants, Défis Sociaux Persistants

La Côte d'Ivoire brille par ses routes et sa stabilité, mais le quotidien des habitants reste précaire. Quels défis sociaux persistent sous Ouattara ? Lisez pour le découvrir...

Imaginez une nation qui, en une décennie, transforme ses routes poussiéreuses en autoroutes modernes, illumine ses villages et redonne espoir à une population marquée par des années de crise. C’est l’histoire de la Côte d’Ivoire sous la présidence d’Alassane Ouattara, un économiste qui a su remettre le pays sur les rails de la croissance et de la stabilité. Pourtant, malgré ces avancées spectaculaires, des millions d’Ivoiriens peinent encore à joindre les deux bouts. Comment un pays peut-il briller par ses infrastructures tout en laissant des défis sociaux criants ? Cet article plonge au cœur de cette dualité fascinante.

Une Côte d’Ivoire en pleine mutation

Depuis son arrivée au pouvoir en 2011, après une décennie de crises politico-militaires, Alassane Ouattara a fait de la modernisation des infrastructures une priorité. Routes goudronnées, ponts imposants, électrification massive : le pays est devenu un véritable chantier. À Abidjan, la capitale économique, les gratte-ciel côtoient des échangeurs flambant neufs, et les habitants, toutes tendances politiques confondues, s’accordent à dire : le pays a changé de visage.

Le contraste est saisissant. En 2011, seulement un tiers des Ivoiriens avait accès à l’électricité ; aujourd’hui, ce taux dépasse les 95 %. L’accès à l’eau potable a également bondi, passant de 50 % à 80 %. Ces chiffres, issus des données officielles, témoignent d’un effort colossal pour rattraper des décennies de retard. Mais au-delà des statistiques, c’est la vie quotidienne des habitants qui raconte une histoire nuancée.

Abidjan, vitrine du renouveau

Avec ses près de 7 millions d’habitants, Abidjan incarne l’élan de modernisation du pays. Les autoroutes urbaines, les ponts futuristes et les immeubles modernes dessinent une métropole en pleine effervescence. Les embouteillages, autrefois cauchemardesques, se fluidifient grâce à des infrastructures routières repensées. Un habitant d’Abidjan confie :

Avant, aller à Yopougon prenait une éternité. Aujourd’hui, les nouvelles routes ont changé nos vies, même si tout n’est pas parfait.

Un chauffeur de taxi abidjanais

Cette transformation ne se limite pas à la capitale. Des villes comme Bouaké, au centre, ou San Pedro, port stratégique du sud-ouest, bénéficient de nouvelles voies rapides. Relier Abidjan à Bouaké en quatre heures ou à San Pedro en cinq heures était impensable il y a quinze ans. Ces avancées renforcent la position de la Côte d’Ivoire comme hub économique en Afrique de l’Ouest.

Le nord, un symbole de rééquilibrage

Longtemps négligée, la région nord du pays, bastion historique de Ouattara, a bénéficié d’investissements ciblés. Écoles, centres de santé, routes : le gouvernement a misé sur un développement régional pour apaiser les tensions passées. Cette stratégie a non seulement dynamisé l’économie locale, mais aussi renforcé la cohésion nationale. Les habitants du nord, autrefois marginalisés, se sentent désormais intégrés à la dynamique nationale.

Ces efforts s’inscrivent dans une vision plus large : celle d’un pays uni, capable de rivaliser avec les grandes économies africaines. Mais si les routes et l’électricité transforment le paysage, qu’en est-il du quotidien des Ivoiriens ?

Une croissance économique impressionnante, mais inégalitaire

Depuis 2012, la Côte d’Ivoire affiche une croissance économique moyenne de 7 % par an, un rythme qui en fait une locomotive régionale. Ce dynamisme repose sur des secteurs clés comme le cacao, dont le pays est le premier producteur mondial, mais aussi sur des investissements étrangers et une politique pro-entreprise. Pourtant, cette prospérité ne profite pas à tous.

Le salaire minimum, fixé à 75 000 francs CFA (environ 114 euros), reste insuffisant pour vivre décemment à Abidjan, où le coût de la vie explose. Près de 90 % des emplois relèvent du secteur informel, selon la Banque africaine de développement. Pour beaucoup, les chiffres de la croissance restent abstraits :

Les routes, c’est bien, mais ça ne remplit pas l’assiette. On galère toujours pour payer le loyer et nourrir les enfants.

Une vendeuse du marché d’Adjamé

Ce décalage entre indicateurs macroéconomiques et réalité quotidienne alimente les frustrations. Malgré les avancées, la pauvreté touche encore une large frange de la population, et les inégalités sociales restent un défi majeur.

Santé et éducation : des progrès en demi-teinte

Le gouvernement ivoirien met en avant des réalisations significatives dans le domaine de la santé. Plus de 1 100 établissements sanitaires ont vu le jour, et une couverture maladie universelle (CMU) a été instaurée. Pourtant, dans la pratique, de nombreux soins restent non remboursés, et les centres de santé manquent souvent de médicaments. L’espérance de vie, bien qu’en hausse, stagne à 60 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes, en deçà de pays voisins comme le Sénégal.

En matière d’éducation, les efforts sont également notables. Le nombre de collèges, lycées et universités a explosé, avec un passage de 3 à 9 universités en une décennie. Mais le taux d’analphabétisme, estimé à 47 % par l’Unesco, reste un frein. Dans les écoles publiques, les classes surchargées, avec parfois 100 élèves par enseignant, compliquent l’apprentissage.

Domaine Progrès Défis
Santé 1 100 établissements construits, CMU instaurée Manque de médicaments, remboursements limités
Éducation Doublement des collèges, triplement des universités 47 % d’analphabétisme, classes surchargées
Infrastructures 95 % d’électrification, routes modernes Inégalités régionales, coût de la vie élevé

Un analyste politique local résume la situation : le bilan social est contrasté. Les infrastructures impressionnent, mais les services essentiels peinent à suivre.

Une stabilité régionale à toute épreuve

Dans une région secouée par l’instabilité, la Côte d’Ivoire fait figure d’exception. Malgré des attaques jihadistes en 2016 à Grand-Bassam et en 2020-2021 à Kafolo, le pays a su renforcer sa sécurité. Une présence militaire accrue, combinée à des programmes sociaux dans le nord, a permis de contenir la menace. Les emplois aidés pour les jeunes ont également joué un rôle clé dans la prévention des tensions.

Cette stabilité attire les investisseurs et renforce la position diplomatique du pays. Toutefois, les relations avec les juntes anti-occidentales du Sahel, notamment au Burkina Faso et au Mali, restent tendues. La fidélité de la Côte d’Ivoire à la France, ancienne puissance coloniale, est parfois critiquée dans la région.

L’après-Ouattara : un héritage en suspens

Alors que Ouattara entame un quatrième mandat, la question de sa succession devient brûlante. Le président promet une transmission générationnelle, mais aucun successeur clair n’émerge. Certains observateurs spéculent sur un possible passage de relais en cours de mandat, mais rien n’est acté.

Pour parler d’héritage politique, il faut des héritiers. Or, pour l’instant, Ouattara reste l’homme fort.

Un analyste politique ivoirien

Ce flou alimente les débats. La Côte d’Ivoire, forte de ses acquis, devra relever le défi de pérenniser cette stabilité tout en répondant aux attentes sociales de sa population.

Vers un avenir équilibré ?

La Côte d’Ivoire d’aujourd’hui est un paradoxe : un pays qui brille par ses infrastructures et sa stabilité, mais où les défis sociaux freinent l’élan. Pour que la croissance profite à tous, il faudra investir dans l’humain autant que dans le béton. Les prochaines années seront décisives pour transformer cet élan en prospérité partagée.

En attendant, le pays continue d’avancer, porté par une ambition qui force l’admiration. Mais une question demeure : la Côte d’Ivoire saura-t-elle concilier progrès économique et justice sociale ? L’avenir le dira.

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