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Côte d’Ivoire : Gbagbo Défie le 4e Mandat d’Ouattara

À Abidjan, Laurent Gbagbo mobilise contre un 4e mandat d'Alassane Ouattara. La tension monte à l'approche de la présidentielle. Que va-t-il se passer ?

À deux mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, le climat politique s’électrise. Dans les rues d’Abidjan, des milliers de voix s’élèvent, portées par une figure emblématique de l’opposition. Laurent Gbagbo, ancien président et leader incontesté, a lancé un appel vibrant à ses partisans : empêcher un quatrième mandat du président actuel, Alassane Ouattara. Ce discours, prononcé lors d’un grand rassemblement à Yopougon, a résonné comme un défi lancé au pouvoir en place. Mais quelles sont les racines de cette tension ? Et que signifie ce bras de fer pour l’avenir du pays ?

Un Appel à la Résistance Populaire

Lors d’un meeting mémorable à Yopougon, bastion historique de son influence, Laurent Gbagbo a galvanisé ses partisans. Devant une foule compacte, il a martelé un message clair : pas de quatrième mandat pour Alassane Ouattara. « Notre détermination est sans faille », a-t-il déclaré, dans un discours de près de quarante minutes qui a captivé l’assemblée. Cet appel à la mobilisation intervient dans un contexte où plusieurs figures de l’opposition, dont Gbagbo lui-même, sont frappées d’inéligibilité, une situation qui attise les frustrations.

Le leader du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) n’a pas mâché ses mots. Il a exhorté ses militants à organiser des marches pour faire entendre leur opposition. Ce n’est pas la première fois que Yopougon, commune populaire d’Abidjan, devient le théâtre de manifestations. La semaine précédente, des milliers de personnes, issues des principaux partis d’opposition, avaient déjà défilé pacifiquement pour dénoncer la candidature d’Ouattara.

Un Contexte Politique Explosif

La Côte d’Ivoire se trouve à un tournant crucial. À l’approche du scrutin du 25 octobre, les tensions politiques s’intensifient. Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, a annoncé fin juillet sa candidature pour un quatrième mandat, une décision qui a immédiatement suscité la controverse. Selon lui, la Constitution adoptée en 2016 a remis à zéro le compteur des mandats présidentiels, une interprétation validée par le Conseil constitutionnel en 2020. Mais pour l’opposition, cette lecture est une manipulation juridique visant à prolonger son pouvoir.

« Je voudrais que vous tous qui êtes là, vous alliez lui dire qu’il ne fera pas ce 4e mandat. Il faut être clair et net, il n’y aura pas de 4e mandat. »

Laurent Gbagbo, lors du meeting à Yopougon

Cette controverse autour de la Constitution n’est pas nouvelle. La limitation à deux mandats présidentiels, inscrite dans la loi fondamentale, est au cœur d’un débat qui divise profondément le pays. Pour les opposants, permettre à Ouattara de se représenter équivaut à bafouer l’esprit démocratique. Cette fracture politique rappelle les tensions qui avaient conduit à une violente crise post-électorale en 2010-2011, marquée par des affrontements meurtriers.

Une Opposition Fragilisée mais Déterminée

L’opposition ivoirienne fait face à des obstacles majeurs. Plusieurs de ses leaders charismatiques, dont Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, et Guillaume Soro, sont exclus des listes électorales en raison de condamnations judiciaires. Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), est également inéligible pour des raisons liées à sa nationalité. Ces exclusions, perçues comme des manœuvres politiques par les opposants, alimentent un sentiment d’injustice.

En parallèle, des militants d’opposition ont été arrêtés ces dernières semaines. Parmi eux, onze membres du PPA-CI, dont un ancien ministre, ont été inculpés pour acte terroriste suite à des incidents survenus début août à Yopougon. Gbagbo a profité de son discours pour exiger leur libération, renforçant ainsi son image de défenseur des droits de ses partisans. Ces arrestations jettent une ombre sur le processus électoral, déjà critiqué pour son manque d’inclusivité.

Les chiffres clés de la crise politique

  • Date de l’élection : 25 octobre 2025
  • Durée du discours de Gbagbo : 40 minutes
  • Militants arrêtés : 11 membres du PPA-CI inculpés
  • Mandats d’Ouaattara : En lice pour un 4e mandat

Yopougon, Cœur Battant de la Contestation

Yopougon, surnommée la « commune rouge », est depuis longtemps un fief de Laurent Gbagbo. Cette zone populaire d’Abidjan, avec ses rues animées et son énergie débordante, est un symbole de résistance pour l’opposition. Lors du meeting, la place Figcayo était noire de monde, témoignant de la capacité de mobilisation du PPA-CI. Les images de cette foule compacte, brandissant des pancartes et scandant des slogans, ont marqué les esprits.

Ce n’est pas la première fois que Yopougon joue un rôle central dans la politique ivoirienne. Déjà, lors des manifestations de la semaine précédente, des milliers de militants du PPA-CI et du PDCI s’étaient réunis dans un élan pacifique pour dénoncer la candidature d’Ouaattara. Ces rassemblements, bien que surveillés de près par les autorités, montrent que l’opposition conserve une base solide, prête à se mobiliser.

Les Enjeux d’une Élection Sous Tension

La présidentielle de 2025 s’annonce comme un test décisif pour la démocratie ivoirienne. Les exclusions des principaux leaders d’opposition, combinées aux arrestations récentes, font craindre une escalade des tensions. Pourtant, la détermination affichée par Gbagbo et ses alliés montre que l’opposition ne compte pas rester silencieuse. Les appels à des marches et à une mobilisation massive pourraient transformer le paysage politique dans les semaines à venir.

Pour comprendre l’ampleur de cette crise, il faut remonter à 2010. Cette année-là, la victoire contestée d’Alassane Ouattara avait plongé le pays dans une crise post-électorale qui avait fait des milliers de morts. Quinze ans plus tard, les cicatrices de ce conflit sont encore visibles, et beaucoup redoutent un retour des violences. La question est désormais de savoir si les appels à la mobilisation de Gbagbo resteront pacifiques ou s’ils pourraient raviver les tensions.

Un Débat Constitutionnel au Cœur de la Controverse

Le nœud du problème réside dans l’interprétation de la Constitution de 2016. En adoptant cette nouvelle loi fondamentale, le Conseil constitutionnel a estimé que le compteur des mandats présidentiels était remis à zéro, permettant à Ouattara de briguer un troisième, et maintenant un quatrième mandat. Cette décision, bien que légale selon les autorités, est perçue comme une entorse à l’esprit démocratique par l’opposition.

Ce débat juridique n’est pas propre à la Côte d’Ivoire. Dans plusieurs pays africains, des révisions constitutionnelles ont permis à des présidents de prolonger leur mandat, provoquant des crises politiques. En Côte d’Ivoire, cette question divise profondément la société, certains y voyant une modernisation nécessaire, d’autres une tentative de consolidation du pouvoir.

Point de vue Position
Pouvoir La Constitution de 2016 remet à zéro les mandats.
Opposition Un 4e mandat viole l’esprit de la limitation des mandats.

Vers une Mobilisation Populaire ?

L’appel de Gbagbo à des marches pacifiques pourrait être un tournant. En mobilisant ses partisans, il cherche à faire pression sur le pouvoir et à rallier d’autres forces d’opposition. Mais cette stratégie n’est pas sans risques. Les récentes arrestations de militants montrent que les autorités sont prêtes à réprimer toute tentative de déstabilisation. La question est de savoir jusqu’où l’opposition est prête à aller pour faire entendre sa voix.

Dans ce contexte, la communauté internationale observe avec attention. La Côte d’Ivoire, poids lourd économique de l’Afrique de l’Ouest, ne peut se permettre une nouvelle crise. Les partenaires internationaux pourraient jouer un rôle de médiation pour éviter une escalade, mais pour l’instant, le dialogue entre pouvoir et opposition semble au point mort.

Quel Avenir pour la Côte d’Ivoire ?

À l’approche du scrutin, la Côte d’Ivoire se trouve à un carrefour. La candidature controversée d’Alassane Ouattara, les exclusions des leaders d’opposition, et les appels à la mobilisation de Laurent Gbagbo dessinent un tableau complexe. Le pays peut-il éviter une nouvelle crise ? La réponse dépendra de la capacité des acteurs politiques à privilégier le dialogue et à respecter les aspirations démocratiques de la population.

Pour l’instant, une chose est sûre : la voix de l’opposition, portée par des figures comme Gbagbo, ne s’éteindra pas facilement. Les prochaines semaines seront décisives pour déterminer si la Côte d’Ivoire basculera dans une nouvelle phase de tensions ou si elle parviendra à organiser une élection apaisée.

Les dates clés à retenir

  • Juillet 2025 : Annonce de la candidature d’Alassane Ouattara
  • Août 2025 : Meeting de Laurent Gbagbo à Yopougon
  • 25 octobre 2025 : Élection présidentielle

En attendant, les regards se tournent vers Yopougon, où la ferveur populaire pourrait redessiner l’avenir politique du pays. La détermination des opposants, portée par un leader charismatique, promet des semaines agitées. Reste à savoir si cet élan se traduira par un changement concret ou s’il s’essoufflera face aux défis logistiques et politiques.

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