Imaginez une salle de classe silencieuse, les chaises vides, les tableaux noirs abandonnés. Depuis le 3 avril 2025, cette image est devenue réalité en Côte d’Ivoire, où les enseignants ont lancé une grève pour réclamer une prime longtemps promise. Mais ce jeudi 10 avril, un vent de changement a soufflé lors d’une assemblée générale à Abidjan : la grève est suspendue. Que s’est-il passé pour en arriver là ?
Une Mobilisation Historique des Enseignants
Depuis des mois, les enseignants ivoiriens battent le pavé. Leur revendication ? Une **prime d’incitation trimestrielle**, un dû qu’ils estiment légitime face à des conditions de travail souvent précaires. Le mouvement, lancé début avril, a paralysé le système éducatif, touchant des milliers d’élèves et mettant la pression sur les autorités.
Ce n’est pas une simple grogne passagère. D’après une source proche du dossier, les syndicats ont mobilisé leurs bases avec une détermination rare, rappelant que les grèves de cette ampleur sont exceptionnelles dans un pays où une **trêve sociale** avait été instaurée en 2022. Alors, pourquoi ce revirement soudain ?
Le Dialogue, un Tournant Décisif
Mercredi, un premier pas vers la paix a été franchi. Syndicats et gouvernement se sont assis à la même table, renouant un dialogue qui semblait rompu. L’accord ? Organiser un atelier **inclusif** les 17, 18 et 19 avril pour examiner les revendications et poser les bases d’un calendrier clair. Une lueur d’espoir, mais pas sans conditions.
Les autorités ont exigé un geste fort : l’arrêt de la grève. Les syndicalistes, prudents, ont consulté leurs militants. Résultat ? Une suspension votée à l’unanimité ce jeudi, avec une reprise des cours dès le lendemain, vendredi 11 avril. Mais ce compromis cache-t-il des tensions plus profondes ?
L’assemblée générale décide la suspension du mot d’ordre de grève ce jour, pour permettre la mise en œuvre des conclusions du dialogue.
– Résolution des syndicats
Des Arrestations qui Font Tache
Si le dialogue avance, l’ombre de la répression plane. Mardi, plusieurs responsables syndicaux ont été interpellés après une rencontre avec la ministre de l’Éducation. Parmi eux, un leader arrêté le 3 avril a écopé de **deux ans de prison** pour « entrave au fonctionnement du service public ». Une sentence qui a choqué.
À Korhogo, dans le nord du pays, d’autres enseignants ont été arrêtés pour « troubles à l’ordre public ». Ces événements ont suscité l’indignation, notamment d’organisations internationales. Une voix autorisée a même dénoncé :
Les enseignants ne peuvent pas être traités comme des criminels pour avoir exercé leurs droits fondamentaux.
– Responsable d’une ONG internationale
Face à cela, les syndicats exigent la **libération sans condition** de leurs camarades et la levée des sanctions, comme les retenues sur salaires. Un bras de fer qui pourrait reprendre si les promesses ne sont pas tenues.
Une Trêve Fragile
La Côte d’Ivoire sort d’une période de calme relatif. En 2022, un accord entre le gouvernement et les fonctionnaires avait apaisé les tensions. Mais cette grève montre que le pacte vacille. Le porte-parole du gouvernement a tenté de rassurer mercredi, affirmant que si le droit de grève est reconnu, il ne doit pas empiéter sur celui de travailler.
- Dialogue relancé avec un atelier prévu mi-avril.
- Reprise des cours dès vendredi 11 avril.
- Exigence de libération des syndicalistes emprisonnés.
Cette suspension est-elle un vrai pas vers la paix ou une simple pause avant une nouvelle tempête ? Les prochains jours seront cruciaux.
Pourquoi Cette Grève Compte
Ce mouvement dépasse la simple question d’une prime. Il soulève des débats sur les **droits syndicaux**, la liberté d’expression et la gestion des conflits sociaux dans un pays en quête de stabilité. Les enseignants, piliers de l’éducation, rappellent que leur rôle mérite reconnaissance, pas répression.
Pour les observateurs, cette crise teste la capacité du gouvernement à tenir ses engagements. L’atelier d’avril sera un moment clé : soit il scelle une entente durable, soit il ravive les braises d’un mécontentement plus large.
En chiffres : Des mois de revendications, une grève de plus d’une semaine, et des dizaines d’arrestations. Le coût humain et social reste à évaluer.
Et Après ?
Pour l’instant, les salles de classe rouvrent, mais les regards restent tournés vers les 17, 18 et 19 avril. Les enseignants ont fait un pas vers le gouvernement, mais ils attendent des actes concrets. La libération des prisonniers et la fin des sanctions seront des indicateurs clés de la bonne foi des autorités.
En attendant, les élèves retrouvent leurs bancs, et les parents respirent. Mais dans un pays où l’éducation est un levier de développement, cette crise laisse des traces. Et vous, que pensez-vous de ce compromis ? La trêve tiendra-t-elle ?