En Corse, une page se tourne. Depuis dix ans, les nationalistes enchaînaient les victoires électorales, dominant le paysage politique insulaire. Mais dimanche dernier, cette hégémonie a pris fin avec la défaite surprise de Jean-Félix Acquaviva, député sortant autonomiste, face à François-Xavier Ceccoli, candidat divers droite. Un tremblement de terre qui redistribue les cartes sur l’île de beauté.
La fin d’une ère nationaliste
Depuis leur accession à la tête de la Collectivité de Corse en 2015, les nationalistes du mouvement Femu a Corsica, dirigé par Gilles Simeoni, semblaient indéboulonnables. Majoritaires à l’Assemblée de Corse, remportant les législatives et les municipales, ils régnaient sans partage. Leur projet d’autonomie avançait, porté par une popularité croissante.
Mais cette marche triomphale a connu un coup d’arrêt brutal dimanche. Dans la 2ème circonscription de Haute-Corse, François-Xavier Ceccoli l’a emporté avec plus de 4000 voix d’avance sur Jean-Félix Acquaviva. Une victoire nette et sans appel qui fragilise toute la majorité territoriale nationaliste.
Une droite revigorée par ce succès
François-Xavier Ceccoli, ingénieur de 55 ans, incarne le renouveau d’une droite corse longtemps laminée par les nationalistes. Son succès inattendu redonne espoir et élan à son camp, qui rêve désormais de reconquérir la Collectivité de Corse en 2026. Le rapport de force est en train de s’inverser.
C’est un séisme politique, les nationalistes ne sont plus hégémoniques. Une nouvelle ère s’ouvre.
Un proche de François-Xavier Ceccoli
L’autonomie en question
Cette défaite fragilise le projet d’autonomie de la Corse porté par les nationalistes. Même si la réélection des deux autres députés de Femu a Corsica limite la casse, l’élan est brisé. Les discussions avec l’État, déjà délicates, risquent de l’être encore plus. Le statut de l’île sera un enjeu majeur des années à venir.
Les nationalistes devront se réinventer pour espérer conserver la Collectivité de Corse. Leur gestion, leurs divisions et la montée de l’insécurité leur ont coûté cher dans les urnes. Dimanche soir, Gilles Simeoni a reconnu une “défaite symbolique lourde” et promis “une remise en question profonde” de son mouvement.
Les défis de la Corse post-nationaliste
Au-delà de la question statutaire, la Corse doit relever de nombreux défis :
- Endiguer la flambée des prix de l’immobilier qui chasse les locaux
- Préserver l’environnement face à la pression touristique et urbaine
- Lutter contre les dérives mafieuses et la violence qui gangrènent l’île
- Réussir la transition économique en diversifiant les activités
Des chantiers immenses auxquels devra s’atteler la nouvelle majorité territoriale, quelle qu’elle soit. La Corse post-nationaliste devra trouver un nouveau souffle et un modèle de développement viable et apaisé. C’est tout l’enjeu de la décennie à venir pour l’île de beauté.