ActualitésInternational

Corruption et Intimidation dans les Médias Bangladais

Au Bangladesh, des journalistes ont été licenciés suite à l'intrusion de protestataires étudiants dans une chaîne TV. Cet incident met en lumière les pressions exercées sur les médias indépendants et la liberté de la presse menacée dans le pays depuis la révolution d'août. Le nouveau gouvernement saura-t-il garantir une presse libre et impartiale ?

Le paysage médiatique bangladais est sous haute tension. Quelques mois après la révolution d’août qui a renversé le gouvernement de la Première ministre Sheikh Hasina, la liberté de la presse reste menacée dans le pays. Un incident récent impliquant des journalistes licenciés suite à l’intrusion de protestataires étudiants dans les locaux d’une chaîne de télévision met en lumière les pressions qui pèsent sur les médias indépendants.

Une Intrusion aux Lourdes Conséquences

Le 17 décembre dernier, un groupe d’étudiants protestataires, menés par Hasnat Abdullah, président du Mouvement des étudiants contre la discrimination, a fait irruption dans les bureaux de City Group, l’investisseur de la chaîne Somoy Television. Les manifestants accusaient la chaîne de diffuser de la « propagande » et de déformer les propos de leur leader.

Bien que se disant « fervents défenseurs de la liberté de la presse », les protestataires estiment que les médias doivent rester impartiaux. Suite à cet incident, cinq journalistes de Somoy Television, dont l’ancien rédacteur en chef Omar Faroque, ont été limogés sans explication par la direction. Une décision vécue comme des représailles par les intéressés.

Un Climat de Peur pour les Journalistes

Cet événement a intensifié la peur des journalistes bangladais dans le sillage de la révolution. Selon des organismes de surveillance de la presse, de nombreux reporters, perçus comme proches de l’ancien gouvernement, font désormais l’objet d’enquêtes policières et de poursuites judiciaires. Au moins quatre journalistes ont même été emprisonnés.

Les autorités de la télévision ont demandé à quelques-uns d’entre nous de démissionner pour le bien de la chaîne. Nous avons demandé une explication, mais les responsables ont refusé d’en fournir une.

– Omar Faroque, ancien rédacteur en chef de Somoy Television

Des Attaques contre les Médias « Pro-Hasina »

Après la chute du gouvernement Hasina, plusieurs chaînes de télévision et journaux, dont Somoy TV, Prothom Alo et le Daily Star, ont été pris pour cible en raison de leur allégeance présumée à l’ancien pouvoir. Des manifestants ont assiégé leurs bureaux, menaçant même de les fermer.

Pourtant, l’ancien gouvernement était régulièrement accusé de museler la presse indépendante en fermant des médias critiques et en emprisonnant des journalistes. Un paradoxe qui souligne la complexité de la situation.

Un Avenir Incertain pour la Liberté de la Presse

Malgré les promesses du nouveau gouvernement intérimaire de garantir la liberté des médias, les signaux restent préoccupants. Le Bangladesh occupe la peu enviable 165ème place sur 180 pays en matière de liberté de la presse selon Reporters sans frontières. Un classement qui risque de ne pas s’améliorer si la situation actuelle perdure.

Pour rétablir la confiance, il est urgent que les autorités bangladaises garantissent des conditions de travail sûres et équitables aux journalistes, sans ingérence politique. Seule une presse libre, plurielle et indépendante pourra accompagner la transition démocratique du pays. La balle est désormais dans le camp du gouvernement intérimaire pour relever ce défi crucial.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.