Alors que l’Ukraine peine à regarnir les rangs de son armée face à l’invasion russe qui dure depuis près de trois ans, un scandale de corruption vient d’éclater au grand jour. Six personnes, dont trois hauts responsables d’un centre de recrutement militaire de Kiev, ont été arrêtées pour avoir mis en place un vaste système frauduleux permettant à des milliers de réfractaires d’échapper illégalement à la mobilisation.
Selon les informations communiquées par le Bureau d’enquête ukrainien (DBR), le groupe de suspects aurait « organisé un système d’évasion illégale à la mobilisation » au sein du centre de recrutement Golosiïvsky, dans le sud de la capitale ukrainienne. Parmi les personnes interpellées figure notamment le chef d’une commission médicale chargée d’évaluer l’aptitude des hommes au combat.
Plus d’un million d’euros saisis lors des perquisitions
Les enquêteurs ont réalisé d’importantes saisies lors des perquisitions menées chez les suspects. Plus de 1,2 million de dollars et 45 000 euros en espèces ont été découverts, ainsi que 11 voitures de luxe d’une valeur unitaire supérieure à 100 000 dollars. Des sommes faramineuses qui témoignent de l’ampleur de ce système de corruption.
D’après les éléments de l’enquête, les réfractaires devaient débourser entre 2 000 et 15 000 dollars pour bénéficier des « services » frauduleux de ce réseau et ainsi échapper à l’enrôlement dans l’armée ukrainienne. Des milliers d’hommes auraient eu recours à ce système pour se soustraire à leurs obligations militaires.
Un système de recrutement vivement critiqué
Cette affaire met en lumière les dysfonctionnements et les dérives du système de recrutement en Ukraine, régulièrement pointé du doigt pour sa corruption et son manque d’équité. Face à ces problèmes récurrents, le président Volodymyr Zelensky avait pris des mesures radicales en 2023 en limogeant tous les responsables en charge de la mobilisation dans le pays. Mais force est de constater que la situation est loin d’être assainie.
Plusieurs scandales retentissants ont éclaté ces derniers mois. Le procureur général ukrainien Andriï Kostine a lui-même été contraint à la démission mardi après des révélations accablantes. Une enquête des services de sécurité a en effet mis au jour un système de corruption au sein du parquet permettant à certains responsables d’éviter l’enrôlement grâce à de faux certificats médicaux attestant de handicaps fictifs.
Une cheffe de commission médicale arrêtée début octobre
Début octobre, un scandale similaire avait déjà éclaboussé la commission médicale de la région de Khmelnytsky, dans l’ouest de l’Ukraine. La cheffe de cette commission a été arrêtée et la perquisition à son domicile a permis la saisie de 5 millions d’euros en liquide. Là encore, de l’argent sale qui aurait servi à exempter frauduleusement de nombreux hommes de leurs obligations militaires.
L’Ukraine s’engage à intensifier sa lutte contre la corruption
Comme son voisin et ennemi russe, l’Ukraine est gangrenée par une corruption endémique depuis la chute de l’Union soviétique. Un fléau qui sape les efforts du pays dans de nombreux domaines, y compris la mobilisation militaire si cruciale en ces temps de guerre.
Conscientes que cette situation représente un frein majeur dans la perspective d’une adhésion à l’Union européenne, les autorités ukrainiennes assurent être déterminées à intensifier la lutte contre ces pratiques frauduleuses. Reste à savoir si ces engagements se traduiront par des actes concrets et des progrès tangibles sur le terrain. L’avenir du pays et la confiance de la population sont en jeu.
