Imaginez un scandale où se croisent religion, pouvoir politique et cadeaux luxueux. En Corée du Sud, une affaire explosive fait trembler les hautes sphères : la dirigeante de l’Église de l’Unification, une organisation religieuse controversée, est au cœur d’une tempête judiciaire. Accusée de corruption, de détournement de fonds et d’incitation à la destruction de preuves, cette figure emblématique intrigue autant qu’elle divise. Comment une institution spirituelle a-t-elle pu se retrouver mêlée à des intrigues politiques aussi graves ?
Un Scandale qui Ébranle la Corée du Sud
Le 18 septembre 2025, un tribunal sud-coréen a requis un mandat d’arrêt contre Han Hak-ja, la dirigeante de l’Église de l’Unification, également connue sous le nom de secte Moon. Âgée de 82 ans, cette femme dirige l’organisation depuis la mort de son mari, Moon Sun-myung, en 2012. Mais ce n’est pas son rôle spirituel qui fait les gros titres aujourd’hui : des accusations graves pèsent sur elle, impliquant des liens troubles avec l’élite politique du pays.
Les procureurs sud-coréens soupçonnent Han Hak-ja d’avoir orchestré des actes de corruption visant à influencer des figures politiques majeures, dont l’ancienne Première dame, Kim Keon Hee. Les faits reprochés incluent des cadeaux coûteux, comme un sac à main de créateur, un collier en diamant et du ginseng haut de gamme, offerts en 2022 pour gagner les faveurs de l’ex-président Yoon Suk Yeol. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Des Accusations Multiples et Graves
Le parquet sud-coréen ne ménage pas ses efforts pour faire la lumière sur cette affaire. Selon le procureur Park Sang-jin, la demande de mandat d’arrêt repose sur un risque élevé que Han Hak-ja manipule des preuves. Les accusations portées contre elle sont lourdes :
- Violation de la loi sur le financement politique.
- Infraction à la législation anti-corruption.
- Incitation à la destruction de preuves.
- Détournement de fonds.
Ces charges ne concernent pas uniquement des actes isolés. Les enquêteurs soupçonnent également Han d’avoir versé un pot-de-vin de 100 millions de wons (environ 61 000 euros) à un député influent, Kweon Seong-dong. Ce dernier fait également l’objet d’un mandat d’arrêt, renforçant l’idée d’un réseau de corruption bien ancré.
« Nous avons estimé que le risque que Han manipule des preuves était très élevé, ce qui nous a conduits à demander le mandat. »
Park Sang-jin, procureur sud-coréen
L’Ombre de l’Église de l’Unification
Fondée en 1954 par Moon Sun-myung, l’Église de l’Unification est une organisation religieuse qui suscite la controverse depuis des décennies. Avec ses mariages de masse, ses enseignements centrés sur la figure quasi-divine de son fondateur et ses pratiques souvent qualifiées de sectaires, elle a toujours divisé l’opinion publique. L’organisation revendique trois millions d’adeptes dans le monde, dont 300 000 en Corée du Sud et 600 000 au Japon. Surnommés les Moonies, ses membres sont au cœur d’un système où la loyauté envers les dirigeants est absolue.
Pour beaucoup, l’Église de l’Unification ne se limite pas à une simple institution spirituelle. Ses détracteurs l’accusent d’exercer une influence disproportionnée dans les sphères politiques et économiques, notamment au Japon et en Corée du Sud. Ce scandale récent ne fait que renforcer ces soupçons, mettant en lumière des pratiques qui vont bien au-delà de la spiritualité.
Une Première Dame dans la Tourmente
Au cœur de cette affaire, Kim Keon Hee, l’ancienne Première dame, joue un rôle central. Arrêtée et inculpée pour corruption, elle est accusée d’avoir accepté des cadeaux luxueux en échange d’influence politique. Mais ce n’est pas tout : elle fait également face à des accusations de manipulation des cours boursiers, un chef d’inculpation qui pourrait avoir des répercussions encore plus graves.
Son mari, l’ancien président Yoon Suk Yeol, n’est pas épargné. Destitué en avril 2025 après avoir tenté d’imposer la loi martiale le 3 décembre 2024 et déployé l’armée au Parlement, il est aujourd’hui en détention. Ce contexte politique explosif donne une dimension encore plus dramatique à l’affaire, révélant les tensions profondes au sein de l’élite sud-coréenne.
La Défense de l’Église : Une Persécution Injuste ?
Face à ces accusations, l’Église de l’Unification ne reste pas silencieuse. Dans un communiqué officiel, elle qualifie la demande de mandat d’arrêt contre Han Hak-ja de « persécution injuste d’un leader religieux mondial ». Selon l’organisation, les mesures prises par les autorités sont excessives et manquent de considération humanitaire, notamment en raison de l’âge avancé de leur dirigeante.
« Nous dénonçons fermement le fait que, au lieu d’une considération humanitaire et d’un jugement rationnel, des mesures excessives et coercitives ont été prises contre notre dirigeante. »
Communiqué de l’Église de l’Unification
Han Hak-ja elle-même a nié les accusations portées contre elle. Après un interrogatoire marathon de plus de neuf heures, elle a quitté le bureau des procureurs en fauteuil roulant, visiblement affaiblie. « Pourquoi aurais-je fait cela ? » a-t-elle déclaré, rejetant en bloc les allégations de corruption.
Un Procès à Haut Risque
Le tribunal sud-coréen devrait examiner la demande de mandat d’arrêt contre Han Hak-ja au début de la semaine prochaine. Cette audience promet d’être scrutée de près, non seulement en Corée du Sud, mais aussi à l’international. L’issue de cette affaire pourrait avoir des répercussions majeures sur l’Église de l’Unification, déjà fragilisée par des décennies de controverses.
Pour mieux comprendre l’ampleur de ce scandale, voici un résumé des principaux éléments :
Personnage | Accusations | Statut |
---|---|---|
Han Hak-ja | Corruption, détournement de fonds, incitation à détruire des preuves | Mandat d’arrêt requis |
Kim Keon Hee | Corruption, manipulation des cours boursiers | Arrêtée et inculpée |
Yoon Suk Yeol | Imposition de la loi martiale | Destitué et en détention |
Kweon Seong-dong | Acceptation de pots-de-vin | Mandat d’arrêt émis |
Une Affaire aux Ramifications Internationales
Ce scandale ne se limite pas aux frontières de la Corée du Sud. Avec des adeptes dans le monde entier, l’Église de l’Unification est une organisation d’envergure internationale. Ses liens présumés avec des figures politiques, notamment au Japon, où elle compte un grand nombre de fidèles, pourraient susciter des inquiétudes dans d’autres pays. Les accusations de corruption et d’influence politique soulèvent des questions sur la manière dont cette organisation opère dans l’ombre.
En Corée du Sud, cette affaire met également en lumière les tensions entre le pouvoir politique et les institutions religieuses. Alors que le pays se remet de la crise provoquée par la tentative de loi martiale de Yoon Suk Yeol, ce scandale pourrait raviver les débats sur la transparence et l’intégrité des élites.
Que Réserve l’Avenir ?
À mesure que l’enquête progresse, de nouvelles révélations pourraient émerger, jetant une lumière encore plus crue sur les pratiques de l’Église de l’Unification et ses liens avec le pouvoir. Pour l’heure, Han Hak-ja reste au centre de l’attention, son sort étant suspendu à la décision du tribunal. Ce scandale, mêlant religion, luxe et politique, risque de marquer durablement la société sud-coréenne.
Ce n’est pas seulement une affaire judiciaire : c’est un miroir tendu à une nation qui cherche à comprendre les dynamiques de pouvoir qui la traversent. Alors que les regards se tournent vers le tribunal, une question demeure : jusqu’où ira cette tempête ?