La Corée du Sud traverse une crise politique majeure suite à la tentative avortée du président Yoon Suk Yeol d’imposer la loi martiale dans le pays. Cette mesure, annoncée de manière inattendue mardi soir, a immédiatement suscité une vive opposition de la part des députés comme des manifestants.
Une décision qui passe mal
Lors d’une allocution surprise, le président Yoon a justifié le recours à la loi martiale, une première depuis plus de 40 ans, en accusant l’opposition de constituer des « forces hostiles à l’État ». Il a notamment pointé du doigt un blocage au Parlement concernant l’adoption de son budget, le camp présidentiel y étant minoritaire.
Mais cette mesure d’exception, qui impliquait entre autres la suspension de la vie politique, la fermeture du Parlement et un contrôle accru des médias, a immédiatement déclenché une levée de boucliers. Des centaines de Sud-Coréens se sont rassemblés devant l’Assemblée nationale pour exiger le retrait du texte et la démission de Yoon Suk Yeol.
L’opposition monte au créneau
Face à cette pression populaire, les députés de l’opposition ont réussi à se réunir en urgence malgré la présence de soldats des forces spéciales tentant de pénétrer dans l’hémicycle. Ils ont adopté une résolution exigeant l’abrogation immédiate de la loi martiale.
Le président doit expliquer cette situation tragique tout de suite et en détail. Tous les responsables devront rendre des comptes.
– Han Dong-hoon, Chef du parti présidentiel PPP
Le principal parti d’opposition, le Parti Démocrate, est même allé plus loin en réclamant la démission pure et simple du président Yoon. Une demande relayée par la plus grande confédération syndicale du pays qui a appelé à une « grève générale illimitée ».
Retrait sous la pression
Devant l’ampleur des réactions, y compris au sein de son propre camp politique, Yoon Suk Yeol a été contraint de faire marche arrière. Il a annoncé dans la nuit le retrait des troupes déployées dans la capitale et la levée de la loi martiale, suscitant des scènes de liesse parmi les manifestants.
Mais les dégâts politiques sont importants pour le président sud-coréen dont la popularité était déjà au plus bas. Son entourage proche a présenté sa démission en bloc, une information relayée par l’agence Yonhap.
Inquiétudes à l’international
Au-delà des frontières, cette crise politique a suscité la préoccupation des partenaires de la Corée du Sud. Les États-Unis, principal allié face à la menace nord-coréenne, ont affirmé ne pas avoir été prévenus des intentions de Yoon Suk Yeol. La Chine a de son côté appelé ses ressortissants à la prudence.
Reste à savoir si le président sud-coréen pourra se relever de cet épisode tumultueux. Affaibli et contesté, il devra fournir des explications détaillées sur les raisons de ce choix controversé s’il veut apaiser la colère de ses concitoyens et retrouver une once de crédibilité sur la scène politique nationale.