Depuis son élection en 2022, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol enchaîne les controverses. Corruption, trafic d’influence, manipulation de sondages… Les scandales s’accumulent et font chuter la popularité du chef d’État conservateur. Retour sur ces affaires qui secouent la Corée du Sud.
La première dame et sa mère visées par une enquête
Le premier scandale à éclabousser la présidence Yoon éclate quelques mois seulement après sa prise de fonction. En septembre 2022, une enquête est ouverte sur de possibles malversations financières impliquant la première dame Kim Keon-hee et sa mère. Elles sont soupçonnées d’avoir utilisé de faux documents pour obtenir des prêts bancaires et réaliser des plus-values immobilières douteuses.
L’affaire prend une tournure rocambolesque lorsque la presse révèle que la mère de Kim Keon-hee s’est rendue à plusieurs reprises dans une boutique Dior avec des valises remplies de billets, pour y acheter des sacs de luxe. Un cadeau de sa fille destiné à s’attirer les bonnes grâces de relations haut placées ?
Des sondages truqués pour favoriser Yoon ?
Autre scandale qui a terni l’image du président : des soupçons de manipulation de sondages d’opinion lors de la campagne présidentielle de 2022. Selon plusieurs témoignages, l’équipe de Yoon Suk Yeol aurait fait pression sur des instituts de sondage pour gonfler artificiellement les intentions de vote en sa faveur.
Des enregistrements audio compromettants, où l’on entend des proches du candidat conservateur négocier les résultats de sondages avec des responsables d’instituts, ont fuité dans la presse. Le camp présidentiel a nié en bloc, criant au complot, mais l’affaire a durablement entaché la crédibilité de Yoon Suk Yeol.
Le spectre de la corruption plane sur le clan Yoon
Les ennuis judiciaires du président ne s’arrêtent pas là. Plusieurs de ses proches collaborateurs, dont son chef de cabinet, sont visés par des enquêtes pour corruption et trafic d’influence. Ils sont soupçonnés d’avoir monnayé l’accès au sommet de l’État, en promettant à de grands groupes industriels un traitement de faveur en échange de généreux pots-de-vin.
Bien que le président lui-même n’ait pas été mis en cause à ce stade, ces scandales à répétition ont sérieusement écorné son image d’intégrité, lui qui avait fait de la lutte anti-corruption un marqueur de sa campagne. De quoi nourrir la défiance des Sud-Coréens envers la classe politique.
L’improbable tentative de loi martiale
Fragilisé par ces scandales à répétition, Yoon Suk Yeol a semblé perdre pied lorsqu’il a tenté le 7 décembre 2024 de proclamer la loi martiale à Séoul, prétextant des « menaces imminentes » de la Corée du Nord. Une décision aussi brutale qu’injustifiée aux yeux de nombreux observateurs.
Devant la bronca générale, le président a dû renoncer quelques heures plus tard à ce coup de force, mais le mal était fait. Son crédit politique déjà entamé est apparu irrémédiablement ruiné. Une procédure de destitution a même été enclenchée à l’Assemblée nationale.
Quel avenir pour un président discrédité ?
Avec une popularité en chute libre et une majorité qui vacille, l’avenir politique de Yoon Suk Yeol s’annonce des plus incertains. Empêtré dans les affaires, contesté dans son propre camp, le président sud-coréen paie au prix fort la succession de scandales qui ont jalonné son mandat.
Reste à savoir si le leader conservateur parviendra à se maintenir au pouvoir jusqu’au bout de son quinquennat, lui qui avait été élu sur la promesse d’incarner un renouveau en Corée du Sud. Un défi de taille, alors que les appels à la démission se font chaque jour plus pressants.