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Corée du Sud : le président Yoon menacé de destitution

Un vent de crise souffle sur la Corée du Sud. Après un coup de force avorté, le président Yoon Suk Yeol fait face à une menace de destitution. Entre scandales et bras de fer avec l'opposition, le dirigeant conservateur joue son avenir politique. Jusqu'où ira cette tempête au sommet de l'État ?

La Corée du Sud traverse une zone de turbulences politiques. Au cœur de la tempête : le président Yoon Suk Yeol, en plein bras de fer avec l’opposition après sa tentative avortée d’imposer la loi martiale dans le pays. Une manœuvre qui pourrait lui coûter cher, alors qu’une procédure de destitution se profile à l’horizon.

Un coup de force qui tourne court

Tout commence dans la nuit du 3 au 4 décembre, lorsque le président conservateur décrète la loi martiale par surprise. Une décision choc, prise sans consulter l’Assemblée nationale, où siège une opposition majoritaire. L’objectif affiché : surmonter les blocages institutionnels, alors que le budget présidentiel peine à passer.

Mais le coup de force tourne vite au fiasco. Sous la pression du Parlement et de la rue, Yoon Suk Yeol est contraint de faire marche arrière en moins de 6 heures. Un camouflet pour celui qui, depuis son élection en 2022, n’a jamais réussi à s’imposer face aux députés.

L’opposition part à l’offensive

Galvanisée par ce revers présidentiel, l’opposition lance immédiatement une procédure de destitution. Dès le 7 décembre, une première motion est soumise au vote de l’Assemblée nationale, contrôlée par le Parti démocrate. Si elle échoue de peu, faute de voix au sein de la majorité, une deuxième tentative est d’ores et déjà programmée.

À en croire plusieurs élus démocrates, le compte n’y serait plus cette fois-ci. Au moins 8 députés de la majorité seraient prêts à lâcher le président, de quoi atteindre la barre fatidique des deux tiers des voix, nécessaire pour entériner la destitution. Du jamais vu sous la 6ème République sud-coréenne.

Yoon promet de se « battre jusqu’au bout »

Dos au mur, l’ancien procureur a choisi la confrontation. Lors d’une allocution télévisée, diffusée ce jeudi 12 décembre, il a dénoncé pêle-mêle un « Parlement devenu fou », accusé de « détruire l’ordre démocratique », et une opposition qui provoquerait une « crise nationale ». Avant de promettre : « Je me battrai avec le peuple jusqu’à la dernière minute ».

Je m’excuse à nouveau auprès des personnes qui ont dû être surprises et inquiètes en raison de la loi martiale

Yoon Suk Yeol, président de la Corée du Sud

Derrière la posture martiale, Yoon Suk Yeol sait que son avenir politique est en jeu. Avec 13% d’opinions favorables, sa cote de popularité est au plus bas. De quoi fragiliser un peu plus celui qui, dès son arrivée au pouvoir, a fait l’objet de vives critiques pour sa gestion jugée erratique et ses faux-pas à répétition.

Un président fragilisé par les affaires

Car les casseroles s’accumulent pour le chef de l’État. Depuis son élection, Yoon Suk Yeol a été éclaboussé par plusieurs scandales, ravivant les soupçons de corruption qui entourent la présidence sud-coréenne. Sondages truqués, trafic d’influence, passe-droits et cadeaux luxueux : la liste est longue.

Le mois dernier, les révélations sur les agissements de sa femme, Kim Keon-hee, ont encore terni son image. Celle-ci est soupçonnée d’avoir reçu pour plusieurs millions de wons de sacs Dior et autres produits de luxe, en échange de faveurs présidentielles. Des allégations sur lesquelles la justice a ouvert une enquête.

Quel avenir pour la présidence ?

Si l’étau se resserre autour de Yoon Suk Yeol, l’issue de la crise reste incertaine. Selon des sources proches de la majorité, des discussions seraient en cours pour envisager la démission anticipée du président, en échange d’un renoncement à la destitution.

Un scénario confirmé par un groupe de travail au sein du Parti du pouvoir au peuple (PPP), qui propose une feuille de route détaillée : démission en février-mars, nouvelles élections en avril-mai. Mais l’hypothèse est loin de faire l’unanimité dans les rangs conservateurs.

Face à ces incertitudes, une chose est sûre : la Corée du Sud s’apprête à vivre un « hiver chaud ». Entre grèves et manifestations anti-Yoon, la colère ne faiblit pas dans les rues de Séoul. Pour beaucoup, la page Yoon doit se tourner au plus vite. Verdict dans les prochains jours, avec ce deuxième vote sur la destitution qui pourrait faire basculer le pays dans l’inconnu.

Résumé de la situation

  • 3-4 décembre : Yoon Suk Yeol impose la loi martiale, avant de l’abroger 6h plus tard sous la pression
  • 7 décembre : L’opposition rate de peu la destitution du président à l’Assemblée nationale
  • Prochains jours : Un deuxième vote sur la destitution pourrait être fatal au dirigeant conservateur
  • D’ici février-mars : La majorité évoque une possible démission de Yoon Suk Yeol
  • 13% : La cote de popularité au plus bas du président, empêtré dans les affaires
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