La Corée du Sud traverse une zone de turbulences. Après la proclamation surprise et aussitôt annulée de la loi martiale par le président Yoon Suk-yeol, c’est au tour des marchés financiers de s’affoler. Face à la nervosité des investisseurs, les autorités sud-coréennes ont dû monter au créneau pour tenter de rassurer et d’endiguer une potentielle crise.
Des liquidités pour stabiliser les marchés
Pour calmer le jeu, la Banque de Corée et le ministère des Finances ont annoncé conjointement qu’ils allaient injecter des liquidités « jusqu’à ce que les marchés financiers et le marché des changes se stabilisent ». Une injection monétaire massive qui vise à rassurer les acteurs économiques et éviter toute contagion.
Concrètement, la banque centrale va racheter des titres obligataires et élargir la gamme de titres et d’établissements éligibles à des transactions « repo », des taux d’intérêt à court terme. De son côté, le ministère promet de communiquer étroitement avec les agences de notation et les grands pays, tout en établissant un groupe de travail chargé de surveiller la situation économique 24h/24.
L’onde de choc de la « loi martiale éclair »
Cette mobilisation des autorités intervient alors que les marchés ont fortement accusé le coup après l’allocution surprise du président Yoon. La Bourse de Séoul a chuté de 2% dans la matinée, tandis que le won, la devise coréenne, a brièvement plongé à son plus bas niveau depuis deux ans face au dollar.
Signe de l’inquiétude ambiante, cette crise politique éclair fait craindre de possibles répercussions durables sur l’économie sud-coréenne, pourtant la 3ème plus importante d’Asie. Selon des analystes, le pays était déjà perçu comme particulièrement vulnérable à un contexte international tendu, notamment face aux velléités protectionnistes des États-Unis.
Un président sous pression
Au-delà de l’aspect économique, c’est aussi la crédibilité du président Yoon qui semble écornée par cet épisode surréaliste. Critiqué pour avoir pris seul la décision d’instaurer la loi martiale sans consulter le Parlement, il fait désormais face à une réprobation générale et à des appels à la démission.
Le président Yoon a signé sa propre fin au pouvoir
– La plus importante intersyndicale de Corée du Sud
Pour tenter d’éteindre l’incendie, le président a dû faire marche arrière en catastrophe. Mais le mal semble fait. Les critiques pleuvent de toutes parts, y compris au sein de son propre camp conservateur. Beaucoup y voient une grave erreur de jugement et une atteinte à la démocratie.
Vers de nouvelles turbulences ?
Si les autorités se veulent rassurantes, il est encore trop tôt pour mesurer l’impact réel de cette crise aussi soudaine qu’inédite. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour jauger la résilience de l’économie sud-coréenne et la capacité du pouvoir à restaurer la confiance.
Mais d’ores et déjà, cet événement semble avoir révélé certaines fragilités. Outre la réactivité des marchés, c’est le fonctionnement même des institutions qui semble remis en cause. De quoi alimenter les spéculations sur de possibles répliques, tant sur le plan politique qu’économique.
La Corée du Sud face à son destin
Au final, cette séquence inattendue pourrait bien marquer un tournant pour la Corée du Sud. Longtemps citée en exemple pour sa croissance et sa stabilité, la voilà confrontée à ses propres démons. Entre menace de déstabilisation et tentation autoritaire, le pays semble à la croisée des chemins.
Dans ce contexte, le soutien à l’économie apparaît plus que jamais comme un impératif. Mais au-delà des réponses d’urgence, c’est peut-être une réflexion de fond qui s’impose pour garantir la solidité du modèle sud-coréen. Un véritable test de résilience pour la 10ème puissance économique mondiale.