C’est une nouvelle étape dans la réouverture très progressive de la Corée du Nord au monde extérieur. Selon une source proche du dossier, une agence de voyage chinoise prévoit d’envoyer un groupe de touristes dans la ville frontalière de Rason la semaine prochaine, pour la première fois depuis 2020 et le début de la pandémie de Covid-19.
Rason, zone économique spéciale et porte d’entrée pour les touristes
Située dans l’extrême nord-est de la Corée du Nord, à la frontière avec la Chine et la Russie, Rason bénéficie d’un statut particulier. Cette zone économique spéciale est en effet sujette à un système de visas distinct du reste du pays, facilitant l’accueil de visiteurs étrangers.
L’agence pékinoise Zhixing Heyi a ainsi obtenu une « autorisation spéciale » de ses interlocuteurs nord-coréens pour y organiser un séjour touristique le 24 février prochain. Au programme : visite d’une usine alimentaire et d’une ferme d’élevage de canards, mais aussi démonstration de taekwondo et spectacle donné par des enfants.
Une reprise très graduelle et encadrée
Si ce voyage constitue une première depuis 5 ans pour des touristes chinois, quelques visiteurs russes avaient déjà été autorisés à se rendre en Corée du Nord courant 2022. Mais la réouverture s’annonce très progressive. Seules « quelques » agences étrangères devraient dans un premier temps pouvoir proposer des circuits, uniquement à Rason.
« Je pense qu’ils finiront par rouvrir partout. Mais pour l’instant, il n’y aura certainement pas beaucoup de voyagistes qui iront là-bas. »
Du Mingrui, président de Zhixing Heyi
D’après nos informations, des agences occidentales comme Koryo Tours et Young Pioneer Tours acceptent déjà des réservations pour Rason début mars. En revanche, les voyages de groupe vers la capitale Pyongyang ne sont pas encore d’actualité.
Le tourisme, source de devises cruciale pour Pyongyang
Avant la crise sanitaire, la Corée du Nord accueillait chaque année des centaines de milliers de visiteurs chinois. Ces derniers représentaient une manne financière essentielle pour le régime de Kim Jong-un, contribuant à garnir les caisses de l’État en devises étrangères.
La fermeture des frontières début 2020 pour endiguer la propagation du coronavirus a porté un coup dur à l’économie nord-coréenne, déjà fragilisée par les sanctions internationales liées à ses programmes nucléaire et balistique. En relançant même timidement les échanges touristiques, Pyongyang espère retrouver un peu d’oxygène.
Reste à savoir si le pays, qui n’a jamais communiqué de bilan officiel de l’épidémie sur son sol, est réellement prêt à s’ouvrir plus largement. La reprise des voyages organisés depuis la Chine constituera un test grandeur nature, scruté de près par les observateurs de ce régime opaque.