En visite à Moscou, la ministre nord-coréenne des Affaires étrangères Choe Son Hui a affirmé vendredi que son pays comptait bien renforcer son arsenal nucléaire et ses capacités de riposte face à ce qu’elle perçoit comme une menace grandissante.
D’après une source proche présente lors de sa rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov, Mme Choe a rapporté les propos tenus la veille par le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un. Celui-ci aurait « clairement indiqué » que la situation actuelle obligeait plus que jamais la Corée du Nord à « renforcer ses armes nucléaires stratégiques offensives modernes » et à « améliorer sa capacité de riposte nucléaire ».
Le leader nord-coréen aurait également affirmé que son pays ne changerait « en aucun cas le cours du renforcement de son arsenal nucléaire », selon la traduction en russe des propos de la ministre.
Une alliance américano-sud-coréenne perçue comme une menace
Lors de cette rencontre à Moscou, Choe Son Hui a par ailleurs accusé les États-Unis et la Corée du Sud de développer une « alliance avec un composant nucléaire ». Une situation qu’elle juge explosive et qui pourrait selon elle dégénérer « à tout moment sur la péninsule coréenne ».
Ce renforcement des liens entre Washington et Séoul inquiète au plus haut point Pyongyang, qui y voit une menace directe pour sa sécurité et sa souveraineté. La Corée du Nord semble déterminée à muscler ses capacités de dissuasion et de riposte pour contrer ce qu’elle perçoit comme une alliance hostile.
Un rapprochement stratégique entre Pyongyang et Moscou
Cette visite de la cheffe de la diplomatie nord-coréenne à Moscou illustre le rapprochement en cours entre les deux pays depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022. La Russie et la Corée du Nord ont notamment conclu un accord de défense mutuelle en juin dernier, lors de la visite du président Vladimir Poutine à Pyongyang.
Selon plusieurs sources occidentales, la Corée du Nord fournirait depuis plusieurs mois des obus et des missiles en grande quantité à l’armée russe engagée en Ukraine. Des milliers de soldats nord-coréens seraient également sur le point d’être déployés aux côtés des troupes russes.
Si Moscou et Pyongyang n’ont officiellement ni confirmé ni infirmé ces informations, des responsables occidentaux soupçonnent la Corée du Nord de demander en échange des technologies russes pour renforcer son programme nucléaire et balistique.
Un essai de missile balistique intercontinental réussi
Cette visite à Moscou intervient au lendemain d’un nouvel essai nord-coréen de missile balistique intercontinental (ICBM). Selon l’agence d’État KCNA, le test du Hwasong-19, supervisé par Kim Jong Un en personne, a été un franc succès.
Le dirigeant nord-coréen aurait exprimé sa « grande satisfaction » à l’issue de ce lancement qui démontre les avancées de son pays en matière de capacités balistiques de longue portée. Un signal fort envoyé à la communauté internationale.
Cette nouvelle escalade verbale et ces démonstrations de force de la part de Pyongyang, couplées à son rapprochement stratégique avec Moscou, ne manquent pas d’inquiéter les puissances occidentales et les voisins de la Corée du Nord. La péninsule coréenne pourrait bien redevenir dans les mois à venir l’un des points chauds de la géopolitique mondiale.