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COP30 en Amazonie : Un Défi Hôtelier à Belém

La COP30 à Belém promet de sauver la planète, mais les prix des hôtels s’envolent. Comment accueillir 50 000 visiteurs dans une ville aux infrastructures limitées ? Découvrez les dessous de ce défi...

Imaginez une ville au cœur de l’Amazonie, où les ruelles colorées côtoient des bâtiments délabrés, et où un événement planétaire vient bouleverser le quotidien. Belém, capitale de l’État du Pará, s’apprête à accueillir la COP30, la conférence annuelle de l’ONU sur le climat, prévue du 10 au 21 novembre 2025. Mais à mesure que l’événement approche, un problème inattendu émerge : où loger les 50 000 visiteurs attendus dans une ville aux infrastructures limitées ? Les prix des hébergements s’envolent, transformant une belle idée écologique en un véritable casse-tête logistique.

Belém : Une Ville sous les Projecteurs de la COP30

Belém n’est pas une métropole habituée aux projecteurs internationaux. Nichée au nord du Brésil, cette ville de 1,4 million d’habitants est connue pour son riche patrimoine culturel et sa proximité avec la forêt amazonienne, poumon vert de la planète. Pourtant, elle se trouve aujourd’hui au centre d’une attention mondiale. Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a tenu à organiser la COP30 dans cette région emblématique pour souligner l’urgence de protéger les écosystèmes tropicaux. Mais ce choix audacieux se heurte à une réalité : l’offre hôtelière est loin de répondre à la demande.

Dans le centre historique, un établissement illustre parfaitement ce défi. Rebaptisé Hôtel COP30, cet ancien motel, autrefois dédié aux locations à l’heure, s’est refait une beauté pour l’occasion. Avec une capacité de 40 personnes, il symbolise l’effort local pour s’adapter à l’afflux de visiteurs. Mais les prix pratiqués, initialement fixés à 1 200 dollars la nuit, ont de quoi faire fuir les clients. Face aux critiques, le gérant a revu ses tarifs, proposant désormais des chambres entre 200 et 350 dollars. Une baisse significative, mais toujours hors de portée pour beaucoup.

Une Crise d’Hébergement Inédite

La situation à Belém est exceptionnelle. Contrairement aux précédentes conférences climatiques, où les réservations étaient bouclées des mois à l’avance, seuls 68 des 198 pays participants ont confirmé leurs hébergements à quelques semaines de l’événement. Cette lenteur s’explique par des prix prohibitifs, qui ont poussé certains pays à demander un changement de ville en juillet, une requête restée sans suite.

“Ce n’était jamais arrivé dans les autres COP. Normalement, tout le monde a de quoi s’héberger trois mois avant.”

Marcio Astrini, Observatoire du Climat

Les hôtels de la ville, déjà peu nombreux, affichent complet. Toni Santiago, président de l’association hôtelière du Pará, défend la liberté des prix : “Personne ne plafonne les tarifs pour les grands événements mondiaux, pourquoi le ferait-on à Belém ?” Cette position, bien que compréhensible, alimente les critiques. Pour beaucoup, la COP30 risque de devenir la “plus excluante de l’histoire”, selon l’Observatoire du Climat, qui déplore que les questions logistiques éclipsent les débats cruciaux sur les émissions ou le financement climatique.

Une Ville aux Contrastes Frappants

Belém est une ville de contrastes. Avec 57 % de sa population vivant dans des favelas, elle est la capitale régionale brésilienne la plus marquée par la précarité. Pourtant, pour les propriétaires immobiliers, la COP30 représente une opportunité en or. Ronaldo França, un retraité de 65 ans, a décidé de louer sa maison de week-end, située en périphérie, pour 370 dollars la nuit. Avec trois chambres doubles et une piscine, il estime proposer un tarif raisonnable. “Je ne veux pas abuser”, confie-t-il, conscient des dérives observées ailleurs.

Face à cette flambée des prix, les autorités locales ont réagi. En août, un groupe de travail a été créé pour orienter les délégations étrangères. Le gouverneur du Pará, Helder Barbalho, assure que “l’offre de lits est garantie”, tout en reconnaissant la nécessité de “combattre les abus”. Mais les solutions proposées, comme l’hébergement chez l’habitant pour 60 % des délégués, soulèvent des questions. Comment garantir confort et sécurité pour des visiteurs internationaux dans une ville où les infrastructures restent limitées ?

Des Solutions Créatives, mais Insuffisantes ?

Pour pallier le manque de chambres, les organisateurs misent sur des alternatives originales. Deux bateaux de croisière, ancrés à 20 km du centre de conventions, offriront 6 000 lits supplémentaires. Une idée séduisante, mais leur éloignement du cœur de l’événement pose problème. De plus, même les plateformes comme Airbnb peinent à proposer des tarifs abordables. Bien que les prix moyens aient baissé de 22 % depuis février, trouver une nuit à moins de 100 dollars – le seuil fixé par l’ONU pour les délégations des pays les plus pauvres – reste un défi.

Les chiffres clés de la COP30 à Belém

  • 50 000 visiteurs attendus
  • 68 pays ayant confirmé leurs réservations
  • 700 millions de dollars d’investissements publics
  • 60 % des délégués logés chez l’habitant
  • 6 000 lits sur des bateaux de croisière

Ces chiffres illustrent l’ampleur du défi. Le Parc de la Ville, un centre de conventions flambant neuf construit pour l’occasion, accueillera les négociations. Financé par plus de 700 millions de dollars d’investissements publics, il symbolise l’ambition de Belém de se positionner comme une destination mondiale. Mais cette infrastructure, bien que moderne, ne résout pas la question de l’hébergement.

Un Événement Écologique Sous Tension

La COP30 devait être une vitrine pour l’Amazonie, un cri d’alarme pour la préservation de la forêt tropicale. Pourtant, les enjeux logistiques risquent de détourner l’attention des priorités climatiques. Les objectifs de réduction des émissions et le financement pour les pays vulnérables, au cœur des discussions, passent au second plan face aux préoccupations pratiques. “Ce qui est réellement important est relégué au second plan”, déplore Marcio Astrini.

Le contraste entre l’ambition écologique de la COP30 et les défis locaux est saisissant. D’un côté, Belém offre une occasion unique de plonger dans l’Amazonie, loin du luxe des conférences comme celle de Dubaï en 2023. De l’autre, les visiteurs devront s’adapter à une ville où les infrastructures peinent à suivre. Comme le résume le gouverneur Barbalho : “Ceux qui veulent vivre l’expérience de l’Amazonie vont découvrir Belém.”

Vers une COP Plus Inclusive ?

Pour éviter que la COP30 ne devienne un symbole d’exclusion, des mesures s’imposent. Les autorités pourraient renforcer les contrôles sur les prix, encourager davantage d’hébergements chez l’habitant ou investir dans des infrastructures temporaires. Mais le temps presse, et les solutions tardent à se concrétiser. La réussite de cet événement dépendra de la capacité des organisateurs à concilier ambition écologique et accessibilité.

En attendant, Belém se prépare à un moment historique. La ville, avec ses ruelles vibrantes et ses défis structurels, incarne les paradoxes d’un monde en quête de solutions climatiques. La COP30 sera-t-elle un tournant pour l’Amazonie, ou un simple mirage dans une ville débordée par son propre succès ? L’avenir le dira.

La COP30 à Belém, c’est l’histoire d’une ville qui veut briller sur la scène mondiale, tout en luttant contre ses propres limites. Un défi à la hauteur des enjeux climatiques.

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