Les négociations à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) à Bakou, en Azerbaïdjan, s’enlisent alors que les discussions sur le financement de la lutte contre le réchauffement dans les pays pauvres patinent. Face au blocage, plusieurs pays vulnérables ont décidé de claquer la porte ce samedi, faisant planer le spectre d’un échec cuisant de ce grand rendez-vous international.
Bras de fer entre nations riches et pays en développement
Au cœur des tensions : le montant de l’aide financière des pays développés envers ceux en développement pour les aider à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux conséquences du réchauffement. Un sujet qui cristallise depuis plusieurs années les divisions entre Nord et Sud. Les pays pauvres réclament des financements plus importants, dénonçant la responsabilité historique des nations industrialisées dans la crise climatique.
Nous sommes venus ici pour un accord juste et nous avons l’impression de ne pas avoir été entendus.
Cedric Schuster, négociateur des États insulaires
Selon plusieurs sources, les négociateurs discutent actuellement d’un montant autour de 300 milliards de dollars par an d’ici à 2035, toutes sources de financement confondues (publiques, privées, banques de développement). Mais le texte est jugé nettement insuffisant par les pays vulnérables, qui demandent aussi que cette aide prenne majoritairement la forme de dons et non de prêts pour ne pas aggraver leur dette.
L’Europe sous pression pour débloquer la situation
Alors que les négociations sont dans l’impasse, tous les regards se tournent vers l’Union européenne. Le commissaire européen chargé des négociations, Wopke Hoekstra, a reconnu que la réussite de la COP29 était incertaine : “On fait tout ce qu’on peut pour construire des ponts sur tous les axes et faire de tout cela un succès. Mais est-ce qu’on va réussir ? C’est incertain.” L’UE est sous pression pour mettre sur la table des engagements financiers plus ambitieux afin de débloquer la situation.
En l’absence d’avancées significatives, la perspective d’un échec à Bakou se renforce, ce qui serait un terrible revers pour la coopération climatique internationale dans un contexte d’aggravation de la crise. Signe de la dramatisation ambiante, l’envoyé spécial américain pour le climat John Podesta a quitté précipitamment une réunion ce samedi sans dire un mot.
La menace d’un retour au chacun pour soi
De l’avis de nombreux observateurs, si les pays riches n’accèdent pas aux demandes de financement des pays vulnérables, cela pourrait saper durablement la confiance dans le processus onusien des COP. Certains craignent un retour à des approches plus unilatérales et moins solidaires dans la lutte contre le réchauffement, avec le risque de voir certains pays en développement se désengager de l’action climatique.
Face à l’urgence, certains appellent à plus de leadership des pays riches. “Mieux vaut pas d’accord qu’un mauvais accord”, a lancé Mohamed Adow, du think tank Power Shift Africa. Alors que le monde a les yeux rivés sur Bakou et que le compte à rebours est lancé, l’issue incertaine de la COP29 reflète les immenses défis de la coopération climatique à l’heure où le réchauffement accélère.
Des prochaines heures de tractations dépendra la capacité de la communauté internationale à avancer unie face à la menace existentielle du dérèglement climatique. Un échec serait un terrible signal envoyé aux populations exposées. Mais un compromis sur le fil, même imparfait, pourrait aussi maintenir vivante la flamme vacillante du multilatéralisme climatique. L’histoire retiendra le résultat de ce bras de fer entre Nord et Sud.