Alors que les températures records de 2024 rappellent l’urgence climatique, la 29ème Conférence des Parties (COP29) qui s’est tenue à Bakou a été le théâtre d’intenses négociations sur la finance climat. Les pays riches ont promis de débloquer 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour aider les nations les plus vulnérables à s’adapter au changement climatique et opérer leur transition énergétique. Une avancée significative, mais qui suscite aussi le scepticisme au vu des réalités géopolitiques.
Un tournant dans le financement climatique ?
L’engagement pris par les pays développés représente un bond en avant par rapport à la précédente promesse de 100 milliards de dollars annuels. C’est le fruit de longues tractations, dans un contexte international particulièrement tendu. Selon une source proche des négociations, « il a fallu faire preuve de beaucoup de créativité et de souplesse pour aboutir à cet accord ».
Les pays en développement attendaient ce geste fort depuis longtemps, estimant que les nations industrialisées, responsables historiques du réchauffement, ont le devoir de les aider à y faire face. Mais certains activistes dénoncent une « promesse creuse », faute de garanties suffisantes sur la part de subventions et de fonds publics.
La géopolitique des financements climat
Car les 300 milliards promis devront aussi provenir de banques multilatérales de développement, dont les contributions restent volontaires. Une manière de ménager certains grands pollueurs réticents comme la Chine, qui refuse d’être tenue aux mêmes obligations que les pays riches.
D’autant que le paysage politique mondial est en pleine mutation. Aux États-Unis, l’élection de Donald Trump, climatosceptique notoire, pèse sur les engagements américains. En Europe, les conséquences de la guerre en Ukraine et la flambée des prix mettent à mal les politiques vertes. Seul le Royaume-Uni, avec son nouveau gouvernement travailliste, semble faire du climat une priorité absolue.
Nous ne devons pas nous faire d’illusion : nous faisons face à de grands défis géopolitiques.
Wopke Hoekstra, négociateur de l’Union européenne
Changer le système financier ?
Malgré ces vents contraires, certains veulent voir dans l’accord de Bakou le début d’une « nouvelle ère » pour la finance climatique. Pour y arriver, le recours aux banques de développement semble incontournable selon les experts :
- Elles peuvent mobiliser des montants colossaux
- Elles disposent d’outils pour transformer chaque dollar investi en impact concret
- Une initiative du G20 vise justement à les réformer pour mieux intégrer les enjeux climatiques
En ligne de mire, la prochaine COP30 au Brésil en 2025 devra confirmer cette dynamique. Pour des ONG comme le World Resources Institute, c’est l’occasion rêvée de « changer l’ensemble du système financier » en profondeur. Un vaste chantier, semé d’obstacles, mais crucial pour l’avenir de la planète.
Les points clés à retenir
- La COP29 a abouti à une promesse historique de 300 milliards de dollars annuels pour le climat
- Mais les réalités géopolitiques compliquent la donne, entre réticences des grands pollueurs et instabilité politique
- Le recours croissant aux banques multilatérales est vu comme un moyen de changer d’échelle
- La prochaine COP au Brésil sera décisive pour ancrer cette « nouvelle ère » de la finance climatique
Une chose est sûre : face à l’accélération du réchauffement, le statu quo n’est plus une option. Il faudra des financements massifs et pérennes pour aider les pays les plus exposés et transformer en profondeur nos modèles de développement. Un immense défi, qui engage la responsabilité de tous. Les promesses de Bakou devront maintenant se traduire en actes concrets.
