La 29ème Conférence des parties sur les changements climatiques (COP29) qui vient de s’achever à Bakou laisse un goût amer à de nombreux participants et observateurs. Malgré d’âpres négociations, l’accord final sur l’aide financière des pays riches aux pays pauvres, enjeu central de ce sommet, est loin de faire l’unanimité. Tour d’horizon des réactions.
300 milliards, « une insulte » pour les pays en développement
Les pays en développement espéraient au moins le triple des 300 milliards de dollars annuels promis par les pays du Nord d’ici 2035. Un montant jugé « lamentablement faible et dérisoire » par la déléguée indienne Chandni Raina. Même son de cloche dans la presse des pays du Sud :
Cet accord trahit le mépris total du monde développé pour les préoccupations du Sud.
Hindustan Times (Inde)
En Afrique, le Premium Times of Nigeria relate la réaction enflammée de son représentant à la COP qui a qualifié cet accord « d’irréaliste » et « d’insulte ». Le journal burkinabé Le Pays titre sans détour sur « La grande déception ».
La presse occidentale tout aussi sévère
Si les médias des pays riches sont moins virulents, ils n’en sont pas moins critiques. The Guardian au Royaume-Uni estime que cet accord a « brisé la confiance mondiale » et résume le point de vue des pays du Sud par un lapidaire « Trop peu et trop tard ». Aux États-Unis, Bloomberg redoute que « le processus de coopération climatique mondiale » ne connaisse désormais « des hauts et des bas ».
En Allemagne, le rédacteur en chef économie de Die Welt voit dans ce sommet « le dernier sursaut des négationnistes climatiques ». Le Spiegel défend toutefois l’utilité des COP, seul « forum où les pays en voie de développement peuvent négocier sur un pied d’égalité avec les pays riches ».
Des prêts qui aggravent les dettes ?
Au-delà du montant, la nature même de cette aide financière est remise en question. Aux Philippines, durement touchées par des typhons à répétition, un éditorialiste s’insurge :
Pourquoi les pays comme le nôtre devraient s’endetter pour réparer les dégâts climatiques causés par la dépendance des pays riches aux énergies fossiles ?
Philippine Daily Inquirer
Vers une remise en cause des COP ?
Si la plupart des observateurs s’accordent à dire que « l’esprit de Paris est loin », les critiques portent plus sur les pays riches que sur le processus onusien lui-même. La prochaine COP30 à Riyad sera scrutée de près pour voir si la « magie » des négociations climat opère toujours.
En attendant, comme le résume le journal nigérian Vanguard, les pays vulnérables devront « faire plus avec moins » pour s’adapter au réchauffement, dont ils subissent les effets de plein fouet avec des moyens très limités. Un sentiment d’abandon et d’injustice qui risque de peser lourd dans les futures discussions internationales sur le climat.