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COP29 : Un Accord Financier Insuffisant Malgré des Négociations Intenses

La COP29 s'achève sur un accord financier en demi-teinte. Malgré d'intenses négociations, les 300 milliards annuels promis aux pays en développement sont jugés insuffisants face à l'urgence climatique. Retour sur les coulisses d'un compromis qui ne satisfait personne...

Claquements de porte, conciliabules, coups de gueule. Les dernières 24 heures de la COP29 à Bakou ont offert un condensé de l’intensité des négociations mondiales sur le climat. Après deux semaines de débats houleux, les pays sont parvenus à s’accorder sur une aide de 300 milliards de dollars annuels aux nations en développement d’ici 2035, loin des attentes initiales. Un accord en demi-teinte qui suscite frustrations et déceptions.

Des négociations plus âpres que jamais

Selon la ministre française de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, les discussions ont été particulièrement tendues cette année. L’enjeu était de taille : fixer un nouvel objectif chiffré d’aide financière aux pays du Sud pour les soutenir face au réchauffement. Un casse-tête dans un contexte géopolitique et économique difficile.

Les pays riches avaient promis de mobiliser 100 milliards par an entre 2020 et 2025, un engagement non tenu. Il s’agissait à Bakou de revoir cette ambition à la hausse, alors que les besoins des pays vulnérables explosent. Mais le fossé Nord-Sud s’est creusé au fil des jours, menaçant de faire dérailler la conférence.

La fronde des pays en développement

Exaspérés par le manque d’ambition des pays riches, plusieurs délégations africaines, asiatiques et latino-américaines ont claqué la porte des négociations, dénonçant un « diktat » des nations industrialisées. Regroupés au sein du G77+Chine, ces pays réclamaient un triplement de l’aide.

Nous avons l’impression de ne pas avoir été entendus. Les 100 milliards promis étaient déjà insuffisants, comment peut-on imaginer que 300 milliards répondront aux besoins immenses de nos populations face aux impacts des changements climatiques ?

Un négociateur africain sous couvert d’anonymat

Selon une étude citée par plusieurs ONG, il faudrait au moins 700 milliards par an pour financer la transition bas carbone et l’adaptation dans les pays du Sud. Un chiffre jugé irréaliste par les pays développés, qui mettent en avant la crise énergétique et l’inflation pour temporiser.

L’ombre de Trump et des midterms

La position américaine a cristallisé les tensions. Avec le retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche et la perte de la majorité démocrate au Congrès, Washington a joué la prudence, refusant tout engagement contraignant sur le long terme.

L’Union européenne, pourtant moteur des discussions, s’est retrouvée prise en étau. Tiraillée entre sa volonté d’afficher un leadership climatique et la frilosité de certains États membres comme la Pologne ou la Hongrie, réticents à sortir le chéquier.

Plusieurs pays émergents comme la Chine ou l’Arabie Saoudite ont aussi été pointés du doigt pour leur double discours. Tout en réclamant davantage de financements, ils ont refusé d’endosser de nouvelles obligations, arguant de leur statut de pays en développement.

La compensation carbone en question

L’autre pomme de discorde de cette COP29 aura été la réforme des marchés carbone. Un accord a finalement été trouvé pour mettre en place de nouvelles règles encadrant ces mécanismes controversés, qui permettent à des pays ou entreprises de compenser leurs émissions en finançant des projets « verts » à l’étranger.

Mais de nombreuses voix dénoncent les failles de ce système, qui offrirait des « droits à polluer » aux plus riches sans garantir de réelles réductions d’émissions. Les garde-fous adoptés à Bakou, comme la mise en place d’un organisme de contrôle onusien, ne suffisent pas à lever les doutes.

On ne résoudra pas la crise climatique en déplaçant la pollution d’un pays à l’autre. La priorité doit être de sortir des énergies fossiles, pas de verdir à la marge un modèle non durable.

Un représentant de Greenpeace

Un bilan en demi-teinte

Au final, la COP29 accouche d’un compromis bancal, loin de répondre à l’urgence climatique. Si le nouvel objectif de 300 milliards est un progrès, il reste en deçà des attentes de la société civile et des pays vulnérables. Surtout, son financement et sa mise en œuvre restent flous.

Quant à la réforme des marchés carbone, elle suscite plus de questions que de solutions. Beaucoup craignent qu’elle ne serve d’alibi aux gros pollueurs pour continuer le « business as usual », sans réelle transition.

Alors que les impacts du réchauffement s’intensifient partout dans le monde, la coopération internationale montre ses limites. Sans un sursaut des États, en particulier des plus riches, l’accord de Paris et ses objectifs risquent de rester lettre morte. La pression monte déjà pour la COP30, qui s’annonce décisive.

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