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COP29 : Trump fait de l’ombre aux négociations climatiques

À la COP29, l'ombre de Donald Trump plane sur les négociations. Malgré l'engagement de la délégation américaine, beaucoup craignent un nouveau retrait des États-Unis des accords sur le climat. Les discussions s'enlisent sur des sujets clés comme le financement de l'aide aux pays pauvres. La perspective d'un échec grandit, à moins d'un sursaut...

Alors que la 29ème Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) bat son plein à Bakou en Azerbaïdjan, un invité surprise s’est imposé dans les débats : le retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche. Son ombre plane sur les négociations et suscite l’inquiétude des délégations internationales.

Une délégation américaine engagée malgré tout

Pourtant, au pavillon américain, c’est business as usual. La délégation, menée par John Podesta, conseiller spécial du président pour le climat, multiplie les rencontres et les initiatives pour montrer l’engagement des États-Unis, malgré la perspective d’une nouvelle administration climatosceptique.

Les membres de la délégation sont les mêmes que d’habitude, ils n’ont pas réduit la voilure. Ça n’a pas changé.

David Waskow, World Resources Institute

Mais dans les coulisses, l’inquiétude est palpable. Beaucoup se souviennent du précédent mandat de Donald Trump, qui avait retiré les États-Unis de l’Accord de Paris dès 2017. Un scénario que personne ne souhaite revivre, alors que l’urgence climatique n’a jamais été aussi forte.

Des négociations dans l’impasse

Cette épée de Damoclès pèse lourdement sur des négociations déjà difficiles. Malgré des avancées sur des sujets techniques comme les règles des marchés carbone, les discussions sont dans l’impasse sur la question cruciale du financement.

Les pays en développement réclament la concrétisation de la promesse des pays riches de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour les aider à faire face au changement climatique et développer des économies bas carbone. Mais pour l’instant, les engagements sont loin du compte.

Sans argent sur la table, il n’y aura pas d’accord.

Un négociateur africain

L’UE sous pression pour débloquer la situation

Dans ce contexte, tous les regards se tournent vers l’Union Européenne. Première donatrice en matière de finance climat, elle est sommée par les pays en développement et les ONG de faire un geste, pour créer un « effet domino » et débloquer des négociations au point mort.

Mais pour l’instant, l’UE tergiverse, prise en étau entre la pression des pays du Sud et la crainte de faire des concessions sans garantie de réciprocité de la part des autres grands émetteurs comme la Chine. Et l’élection de Trump ne fait qu’ajouter à la confusion.

Vers un nouvel échec de la diplomatie climatique ?

À mi-parcours de la COP29, le spectre d’un échec commence à poindre. Sans percée décisive sur le financement dans les prochains jours, beaucoup craignent une nouvelle déconvenue, après les demi-succès des précédentes conférences.

Un scénario catastrophe pour une planète déjà en surchauffe, qui vient d’enregistrer son mois d’octobre le plus chaud jamais mesuré. Selon l’ONU, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% d’ici 2030 par rapport à 2010 pour espérer limiter le réchauffement à 1,5°C. Un objectif qui semble de plus en plus hors d’atteinte.

Le monde va dans le mur à pleine vitesse, mais certains appuient encore sur l’accélérateur au lieu de freiner.

Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies

La société civile mondiale se mobilise

Face à l’inertie des gouvernements, la société civile mondiale tente de faire entendre sa voix. Des milliers de militants écologistes venus du monde entier se sont donné rendez-vous à Bakou pour maintenir la pression sur les négociateurs.

Manifestations, happenings, plaidoyers : les ONG rivalisent d’imagination pour secouer l’apathie ambiante et rappeler l’urgence d’agir. Pour beaucoup de jeunes activistes, l’élection de Trump est un électrochoc qui doit inciter à intensifier la mobilisation.

Avec le retour de Trump, on sait que ça va être encore plus dur. Mais on ne peut pas baisser les bras. Notre avenir est en jeu.

Vanessa Nakate, activiste ougandaise

Le sommet du G20, dernière chance pour sauver la COP ?

La prochaine échéance cruciale sera le sommet du G20 qui s’ouvre ce week-end en Inde. Les chefs d’État et de gouvernement des 20 plus grandes économies mondiales, dont les États-Unis, la Chine, l’Inde et l’UE, devront trouver un consensus sur le climat.

Beaucoup espèrent que ce rendez-vous au sommet permettra de créer une dynamique politique positive et donner un mandat clair aux négociateurs pour la dernière ligne droite de la COP29, la semaine prochaine.

Mais avec des dirigeants aussi climato-sceptiques que Trump, Bolsonaro ou Poutine autour de la table, les chances d’une percée semblent minces. Sauf surprise de dernière minute, la COP29 pourrait bien se solder par un nouvel échec de la diplomatie climatique mondiale. Avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour l’avenir de l’humanité.

L’élection de Trump nous oblige à être encore plus déterminés pour éviter le pire. Il en va de notre survie à tous.

Frans Timmermans, Vice-président de la Commission européenne
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