Alors que la 29e conférence de l’ONU sur le climat (COP29) bat son plein à Bakou en Azerbaïdjan, les négociations semblent s’enliser sur la question épineuse du financement de l’aide climatique aux pays en développement. Face à l’impasse, le secrétaire exécutif de l’ONU Climat, Simon Stiell, a haussé le ton lundi, exhortant les pays à cesser le “théâtre” et à passer enfin aux choses sérieuses.
Un blocage persistant entre pays riches et pays en développement
Le nœud du problème réside dans le traditionnel clivage entre pays développés et reste du monde sur la question du financement climatique. Les premiers, comme l’UE et le Royaume-Uni, insistent pour que les seconds intensifient leurs efforts de réduction des gaz à effet de serre. En retour, les pays en développement réclament que les nations riches tiennent d’abord leurs promesses financières.
Résultat, après une première semaine de tractations, les avancées sont quasi-nulles, au grand dam de Simon Stiell. “La COP ne peut pas se permettre que tout le monde dise ‘toi d’abord'”, a-t-il déploré, appelant les pays à cesser d’attendre que d’autres fassent le premier pas.
L’objectif de 1000 milliards par an toujours loin d’être atteint
L’enjeu central de cette COP29 est de graver dans le marbre la feuille de route permettant de financer environ 1000 milliards de dollars par an d’aide climatique pour les pays du Sud. Une somme colossale destinée notamment à financer la transition énergétique, l’adaptation au changement climatique ou encore la gestion des catastrophes climatiques dans ces pays.
Mais à l’heure actuelle, cet objectif ambitieux reste très loin d’être atteint. Si l’UE est le premier contributeur mondial, elle rechigne, en cette période d’austérité budgétaire, à augmenter davantage son enveloppe. Elle appelle les pays émergents, comme la Chine, à mettre aussi la main au pot, au prorata de leur richesse et de leurs émissions de CO2.
Un G20 sous haute surveillance à Rio
En parallèle des négociations de Bakou, c’est donc vers Rio que tous les regards sont tournés. Le sommet des chefs d’État du G20 qui s’y déroule lundi et mardi est vu comme une occasion en or d’obtenir l’impulsion politique nécessaire au déblocage des discussions.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a d’ores et déjà exhorté les dirigeants à saisir l’occasion pour “envoyer un signal positif” et trouver des “compromis” pour sauver la COP29. Rendez-vous est pris dans les prochains jours pour voir si cet appel sera entendu.
Des avancées sur les règles du marché carbone
Dans ce contexte tendu, la COP29 a tout de même enregistré une avancée notable dès son ouverture lundi, avec l’adoption de nouvelles règles encadrant le futur marché mondial des “crédits carbone”. Ce mécanisme doit permettre aux pays ou entreprises de “compenser” leurs émissions de CO2 en finançant des projets de réduction d’émissions ailleurs dans le monde.
Un pas important car ces règles étaient très attendues pour donner un cadre à ce marché prometteur mais controversé. Mais certains pays comme l’Arabie saoudite voient d’un mauvais œil cet accord, craignant qu’il ne signe le glas des énergies fossiles à terme.
Un pays hôte lui-même critiqué
Au-delà des négociations, la COP29 est aussi marquée par son contexte géopolitique particulier. Petit pays pétrolier connu pour museler toute opposition, l’Azerbaïdjan espérait redorer son image sur la scène internationale en accueillant ce rendez-vous planétaire.
Mais selon des sources proches du dossier, l’inexpérience de la présidence azérie pèse sur la conduite des pourparlers. Les attaques sans précédent du président Ilham Aliev contre la France, pays clé des discussions, ont aussi jeté un froid.
Dans ce pays qui compte plusieurs militants écologistes emprisonnés, le Conseil de l’Europe a par ailleurs demandé lundi la libération des défenseurs des droits, journalistes et activistes, rappelant que le respect des libertés est une condition sine qua non du succès de la COP.
Sortie des énergies fossiles : pas pour demain
Au final, cette conférence sur fond de fortes tensions politiques et de blocage des négociations illustre la difficulté de la communauté internationale à s’accorder sur les moyens de lutter efficacement contre le réchauffement climatique.
Malgré les promesses répétées d’une sortie rapide des énergies fossiles, de nombreux pays misent encore sur le pétrole et le gaz pour assurer leur développement économique dans les décennies à venir. Un constat amer alors que 2024 sera probablement, selon les experts, l’année la plus chaude jamais enregistrée.
Le compte à rebours est donc lancé pour cette deuxième semaine de négociations. Ministres et diplomates ont jusqu’à vendredi pour trouver un terrain d’entente sur le dossier explosif de la finance climatique. Un échec serait un nouveau coup dur pour le multilatéralisme et un signal inquiétant quant à notre capacité collective à endiguer la crise climatique. Les prochains jours s’annoncent donc décisifs pour l’avenir de la planète et de l’accord de Paris.