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COP29: Divisions Profondes Entre Pays Riches et en Développement

Les négociations s'enlisent à la COP29 à Bakou entre pays riches et en développement. Malgré la publication d'un projet d'accord, les divisions restent profondes sur les engagements financiers. L'Europe joue un rôle central pour tenter de rapprocher les positions. La conférence devrait dépasser les délais prévus. Parviendra-t-on à un compromis final ?

À moins de 24 heures de la fin programmée de la conférence climatique COP29 à Bakou, un gouffre sépare toujours les pays riches et en développement. Un projet d’accord publié jeudi matin par la présidence azerbaïdjanaise a été largement rejeté, qualifié de « caricature » ou d' »insulte » par les différentes parties. Les négociations se poursuivent pourtant en coulisses pour tenter de forger un compromis avant la clôture vendredi soir, même si beaucoup redoutent déjà un dépassement jusqu’à samedi.

L’Europe au centre du jeu

Dans ce bras de fer entre Nord et Sud, l’Europe tente de jouer un rôle de médiateur. Premier contributeur mondial à la finance climatique, l’UE dispose de leviers et de canaux de discussion à la fois avec la Chine et les pays vulnérables. Le commissaire européen Wopke Hoekstra a tonné que le texte provisoire était « clairement inacceptable en l’état ». Lui et ses collègues exigent davantage d’engagements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, face aux pays producteurs de pétrole comme l’Arabie saoudite qui freinent des quatre fers.

Cela avance, il est évident que ce texte n’est pas final. Ce sera radicalement différent, il y a de l’espace pour un accord.

Eamon Ryan, ministre irlandais

Pourtant, en sortant d’une réunion de coordination des ministres européens jeudi matin, le ministre irlandais Eamon Ryan s’est montré confiant : « Cela avance, il est évident que ce texte n’est pas final. Ce sera radicalement différent, il y a de l’espace pour un accord ». Une troisième option secrète, conciliant les positions du Nord et du Sud, serait sur la table mais n’a pas encore été dévoilée.

Des « X » à la place des montants

Au cœur des discussions, le nouvel objectif d’aide financière des pays riches vers les pays en développement que la COP29 est censée fixer. Le texte provisoire de 10 pages tente de résumer les positions, visiblement encore très éloignées. Fait notable, il n’indique que des « X » à la place des montants, même si ceux-ci s’expriment en « milliers de milliards ». Un flou qui en dit long sur l’absence d’accord.

Le texte caricature les positions des pays développés et en développement. La présidence doit proposer une troisième option pour les concilier.

Joe Thwaites, ONG NRDC

L’option privilégiée par les pays en développement demande que « X » milliers de milliards de dollars par an soient fournis sur la période 2025-2035 par l’argent public des pays actuellement obligés de contribuer selon les textes onusiens et par des fonds privés associés. Soit bien plus que les 100 milliards promis sur 2020-2025. Une perspective irréaliste pour les pays riches.

Qui doit payer ?

L’autre point d’achoppement concerne l’élargissement de la base des pays contributeurs. Les pays en développement souhaitent conserver la responsabilité des seuls pays historiquement obligés comme l’Europe, les États-Unis et le Japon. Les pays riches, eux, veulent inclure de nouveaux contributeurs comme la Chine, Singapour ou le Qatar. Chacun campe sur ses positions.

L’absence de chiffrage pour les pays riches est une insulte aux millions de gens sur le front du changement climatique.

Jasper Inventor, Greenpeace International

Pression sur la présidence

L’initiative revient désormais à la présidence azerbaïdjanaise. Il lui faudra trouver le point d’équilibre pour soumettre aux près de 200 pays un texte acceptable, permettant à chacun de rentrer « avec un niveau égal de mécontentement » selon la formule consacrée. La pression monte à mesure que l’horloge tourne.

Des zones d’ombre persistent aussi sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, pourtant indispensable pour limiter le réchauffement. Les pays pétroliers comme l’Arabie saoudite freinent des quatre fers. Sans progrès significatifs sur ce front, c’est toute la crédibilité de la COP qui est en jeu.

Vers une prolongation

Officiellement, la COP29 doit s’achever vendredi soir. Mais de nombreux délégués redoutent déjà un dépassement jusqu’à samedi, tant les négociations avancent lentement. Même avec 24 heures supplémentaires, rien ne garantit qu’un accord soit trouvé. L’échec n’est pas exclu si les pays riches et en développement ne parviennent pas à surmonter leurs profondes divisions.

Les COP ont beau être des grand-messes où la rhétorique l’emporte souvent sur les actes, elles restent un moment fort où la pression internationale peut débloquer certaines situations. C’est dans les dernières heures, parfois les dernières minutes, que tout se joue. La communauté internationale retient son souffle : la COP29 accouchera-t-elle d’un accord à la hauteur des enjeux climatiques ? Réponse au plus tard ce week-end depuis les rives de la Mer Caspienne.

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