C’est avec un goût amer que s’achève la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan. Après d’intenses négociations qui se sont prolongées tard dans la nuit, les pays riches se sont engagés à financer la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement à hauteur de 300 milliards de dollars par an, jusqu’en 2035. Une somme très en-deçà des attentes des nations les plus vulnérables.
Un fossé Nord-Sud qui se creuse
Cet accord, arraché dans les dernières heures du sommet, ne satisfait guère les représentants des pays du Sud. Le délégué des 45 nations les plus pauvres a ainsi dénoncé un montant “lamentablement faible et dérisoire”. De son côté, l’Inde a éreinté “la présidence azerbaïdjanaise de la COP29” pour son manque d’ambition.
Ce fossé grandissant entre pays riches et pauvres dans les négociations climatiques n’est pas nouveau. Mais il prend une tournure critique à l’heure où les impacts du réchauffement se font de plus en plus dévastateurs. Alors que la COP29 se tenait, des tempêtes meurtrières ont frappé des Philippines au Honduras, l’Espagne a subi des inondations tragiques, l’Équateur a déclaré l’urgence face à la sécheresse…
L’aide promise, une goutte d’eau ?
Les 300 milliards annuels promis doivent permettre aux pays en développement de s’adapter aux catastrophes climatiques qui se multiplient, mais aussi d’investir dans les énergies propres plutôt que les combustibles fossiles. Une transition que les nations occidentales ont pu mener en brûlant charbon et pétrole pendant plus d’un siècle.
“Les pays les plus pauvres demandaient le double ou plus. L’accord de Bakou laisse un goût amer.”
Un négociateur africain
Mais pour beaucoup, cette somme apparaît bien faible face à l’ampleur du défi. Selon des observateurs, il en faudrait au moins le double pour aider efficacement les pays du Sud à affronter les impacts des dérèglements climatiques et opérer leur transition énergétique. Un effort que n’étaient pas prêts à consentir les pays développés, Europe en tête, invoquant des contraintes budgétaires en cette période agitée.
L’ombre de Trump plane sur la COP
Un autre sujet a pesé sur les débats : le retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche. Son intention de revenir sur les engagements climatiques américains inquiète, même si la délégation US à Bakou a assuré que le pays ne se désengagerait pas.
Cette menace rend d’autant plus crucial un accord ambitieux à la COP29 pour donner un signal fort. Mais les négociateurs n’ont pas réussi à s’entendre sur un rehaussement des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ni à acter une sortie claire des énergies fossiles, offrant même une place aux “combustibles de transition” comme le gaz.
De Bakou à Belem, des attentes immenses
Malgré ces déceptions, certains veulent voir le verre à moitié plein, comme le chef de l’ONU climat Sami Stiell. Il salue un résultat “historique” sur le financement climatique, tout en reconnaissant qu’il reste “une montagne de travail à accomplir”.
Tous les regards se tournent désormais vers la COP30 qui se tiendra au Brésil dans un an. Après “l’expérience douloureuse” de Bakou selon la ministre brésilienne de l’Environnement, la pression sera immense pour parvenir à un accord plus ambitieux. Car pendant ce temps, le thermomètre continue de grimper…