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Coopération UK-Norvège contre Sous-Marins Russes

Le Royaume-Uni et la Norvège viennent de signer un accord inédit : leurs frégates vont chasser ensemble les sous-marins russes dans l’Atlantique Nord. Mais derrière cette coopération se cache une réalité inquiétante : l’activité russe aurait bondi de 30 % en deux ans. Que se passe-t-il vraiment sous la surface ?

Imaginez l’Atlantique Nord, cet océan glacial où la moindre vague peut cacher une menace invisible. Ces dernières années, les fonds marins sont devenus un terrain de jeu stratégique où la Russie multiplie ses incursions. Face à cette pression croissante, deux pays viennent de franchir un cap décisif : le Royaume-Uni et la Norvège s’allient pour traquer ensemble les sous-marins russes.

Un accord historique face à une menace grandissante

Jeudi, lors de la visite officielle du Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre à Londres, les deux nations ont formalisé une coopération sans précédent dans le domaine naval. L’objectif est clair : opérer de manière interchangeable une flotte commune d’au moins treize frégates ultra-modernes pour surveiller et, si nécessaire, neutraliser toute activité sous-marine hostile dans les eaux de l’Atlantique Nord.

Cette décision ne sort pas de nulle part. Elle s’inscrit dans un contexte de tensions géopolitiques exacerbées depuis le début du conflit en Ukraine. Les autorités britanniques affirment que l’activité des sous-marins russes dans leurs eaux territoriales a augmenté de 30 % au cours des deux dernières années. Un chiffre qui donne le vertige quand on sait à quel point ces engins peuvent représenter une menace pour la sécurité nationale.

Des frégates conçues pour la chasse sous-marine

Au cœur de cet accord se trouve la frégate Type 26, un bijou technologique développé par le groupe britannique BAE Systems. La Norvège a annoncé cet été l’acquisition d’au moins cinq exemplaires de ce navire pour un montant colossal de 10 milliards de livres sterling. Un choix qui n’a rien d’anodin : Oslo a préféré l’offre britannique à celles de concurrents pourtant réputés, dont la France et l’Allemagne.

Ces frégates ne sont pas de simples bateaux de guerre. Elles ont été pensées dès l’origine pour la lutte anti-sous-marine. Équipées de sonars ultra-performants, de torpilles dernier cri et d’hélicoptères embarqués, elles représentent l’une des réponses les plus abouties à la menace posée par les sous-marins modernes, notamment ceux de la classe Yasen russe, connus pour leur discrétion extrême.

À terme, la flotte commune comptera huit unités britanniques et cinq norvégiennes, toutes parfaitement interopérables. Les équipages pourront être mixtes, les pièces détachées communes et les doctrines d’emploi identiques. Un niveau de coopération rarement atteint, même au sein de l’OTAN.

Protéger les artères vitales de l’Europe

Pourquoi une telle mobilisation ? Parce que l’Atlantique Nord n’est pas seulement une étendue d’eau. C’est un espace vital où transitent les câbles de communication sous-marins qui assurent plus de 95 % des échanges de données mondiaux. Internet, les transactions financières, les communications militaires : tout dépend de ces fragiles fils posés au fond de l’océan.

Or, ces dernières années, plusieurs incidents ont mis en lumière la vulnérabilité de ces infrastructures. Des navires russes suspectés d’espionnage cartographique ont été repérés à proximité immédiate de ces câbles. Le 10 novembre dernier, un bâtiment militaire russe, le Yantar, a même été surpris en train de diriger des lasers vers des pilotes de la Royal Air Force qui le surveillaient. Un acte perçu comme une provocation directe.

« En cette période de profonde instabilité mondiale, alors qu’un nombre croissant de navires russes sont détectés dans nos eaux, nous devons travailler avec des partenaires internationaux pour protéger notre sécurité nationale »

Keir Starmer, Premier ministre britannique

Une coopération qui va bien au-delà des frégates

Cet accord naval n’est que la partie émergée de l’iceberg. Londres et Oslo entretiennent depuis longtemps une relation privilégiée en matière de défense, notamment dans l’Arctique. Les deux pays partagent une frontière maritime dans cette région stratégique où la fonte des glaces ouvre de nouvelles routes et révèle des ressources convoitées.

La Norvège, membre de l’OTAN mais pas de l’Union européenne, a toujours veillé à entretenir des partenariats solides avec ses alliés les plus proches. Avec le Royaume-Uni, cette relation prend aujourd’hui une dimension nouvelle. Les deux marines vont pouvoir s’entraîner ensemble, partager leurs renseignements et, surtout, présenter un front uni face à toute tentative d’intimidation.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : montrer à Moscou que l’Atlantique Nord n’est pas un espace libre. Chaque incursion sera surveillée, chaque mouvement suspect suivi à la trace. La dissuasion par la présence permanente devient la nouvelle doctrine.

Un signal fort envoyé à Moscou

En choisissant de rendre publique cette coopération renforcée, Londres et Oslo adressent un message clair à la Russie. L’époque où les sous-marins pouvaient évoluer en toute discrétion dans ces eaux est révolue. Désormais, chaque sortie sera scrutée, chaque comportement suspect immédiatement signalé.

Cette stratégie de transparence présente un double avantage. D’abord, elle renforce la crédibilité de la menace de riposte. Ensuite, elle complique la tâche des services russes qui devront désormais composer avec deux marines parfaitement coordonnées au lieu d’une seule.

Le timing n’est pas anodin non plus. Alors que le conflit en Ukraine entre dans une phase critique et que les tensions ne cessent de monter en mer Baltique et en Arctique, ce type d’alliance concrète rappelle que l’OTAN, malgré les discours parfois divergents, reste capable de se renforcer quand la menace l’exige.

Vers une nouvelle ère de la guerre sous-marine ?

Ce qui se joue aujourd’hui dans l’Atlantique Nord dépasse largement le simple cadre bilatéral. C’est toute la conception de la sécurité maritime qui est en train d’évoluer. Les grandes puissances redécouvrent l’importance stratégique des fonds marins, longtemps négligés au profit des théâtres d’opérations terrestres ou aériens.

Les sous-marins, avec leur capacité à rester indétectés pendant des semaines, représentent l’arme ultime dans ce nouveau jeu d’échecs. Ils peuvent couper des communications, poser des mines, collecter des renseignements ou, dans le pire des cas, lancer des missiles depuis des positions imprévisibles.

Face à cette réalité, la réponse britannico-norvégienne pourrait bien faire école. D’autres pays riverains de l’Atlantique Nord pourraient être tentés de rejoindre cette initiative ou de développer des coopérations similaires. L’idée d’une véritable task force anti-sous-marine permanente commence à germer dans certains états-majors.

Ce qui est certain, c’est que l’Atlantique Nord ne sera plus jamais le même. L’époque où l’on pouvait naviguer sous ces eaux en toute impunité semble définitivement révolue. La chasse est ouverte, et elle risque de durer longtemps.

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