Soulagés. C’est le sentiment qui domine dans les ports européens après l’annonce du report, à une date encore inconnue, du système de contrôle biométrique EES (Entry Exit System) prévu initialement pour le 10 novembre. Car en coulisses, la panique régnait face à cette échéance. « Nous ne sommes absolument pas prêts », confie une source au sein du terminal ferry de Ouistreham, en Normandie. Un aveu partagé par de nombreux points de passage aux frontières de l’espace Schengen.
Un casse-tête logistique pour les ports
Concrètement, le système EES doit permettre d’enregistrer les données biométriques (empreintes et reconnaissance faciale) de tous les ressortissants de pays tiers qui franchissent les frontières extérieures de l’UE, y compris pour des courts séjours. Un contrôle beaucoup plus poussé et chronophage que les vérifications actuelles.
Or, les ports ne disposent aujourd’hui ni des effectifs, ni des infrastructures pour absorber ce changement majeur. « Cela va engendrer des temps d’attente très longs et une dégradation de l’expérience client, avec un impact certain sur notre activité », redoute Antoine de Gouville, directeur des équipements portuaires à la CCI de Caen.
Des difficultés logistiques majeures
Car les ports doivent composer avec une grande variété de flux : piétons, voitures, poids lourds, deux-roues… Impossible de faire descendre tout le monde de son véhicule pour passer les contrôles. Il faudra mettre en place des lignes dédiées, recruter et former des agents. Un vrai casse-tête.
Nous n’avons pas que des piétons comme dans les aéroports. Ici, on a des voitures, des poids lourds, des vélos, des camping-cars. Il faut qu’on puisse créer différentes lignes pour les contrôler.
Antoine de Gouville, directeur des équipements portuaires CCI Caen Normandie
La crainte d’un chaos aux frontières
Sans compter que les procédures d’enregistrement biométrique sont bien plus longues que le simple scan d’un passeport. Certains redoutent des scènes de chaos comme celles vécues cet été dans de nombreux aéroports européens, avec des files d’attente interminables et des voyageurs excédés.
Un cauchemar également pour les compagnies de ferries, qui s’inquiètent de voir les touristes étrangers se détourner de l’Europe. Les réservations pourraient chuter si l’expérience est trop dégradée. Sans parler des répercussions sur les flux logistiques déjà tendus…
Un sursis bienvenu mais temporaire
Le report du système EES, décidé in extremis par Bruxelles, est donc vécu comme un soulagement. Mais il ne règle pas les problèmes de fond. Les ports vont devoir mettre les bouchées doubles pour s’adapter, sans savoir combien de temps ce sursis va durer.
Car à part Chypre et l’Irlande, l’intégralité des pays de l’espace Schengen, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse, devront à terme se plier à ces nouvelles exigences. Il ne s’agit donc que d’un répit de courte durée avant des changements majeurs aux frontières de l’Europe. Avec à la clé de potentiels gros temps de perturbations pour les voyageurs non européens.
Le report du système EES, décidé in extremis par Bruxelles, est donc vécu comme un soulagement. Mais il ne règle pas les problèmes de fond. Les ports vont devoir mettre les bouchées doubles pour s’adapter, sans savoir combien de temps ce sursis va durer.
Car à part Chypre et l’Irlande, l’intégralité des pays de l’espace Schengen, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse, devront à terme se plier à ces nouvelles exigences. Il ne s’agit donc que d’un répit de courte durée avant des changements majeurs aux frontières de l’Europe. Avec à la clé de potentiels gros temps de perturbations pour les voyageurs non européens.