La nouvelle convention médicale, signée ce mardi par l’Assurance maladie et les syndicats de médecins, va apporter son lot de changements dans les cabinets médicaux dès 2024. Représentant 1,6 milliard d’euros de dépenses supplémentaires sur 5 ans, cet accord vise à revaloriser la rémunération des médecins tout en améliorant l’accès aux soins pour les patients. Passage en revue des principales mesures et de ce qui va changer pour vous.
Tarifs en hausse chez les généralistes et spécialistes
C’était une revendication forte des médecins : la consultation chez le généraliste passera de 26,50 euros actuellement à 30 euros en décembre 2024. Une hausse destinée à compenser l’augmentation des charges et à créer un «choc d’attractivité», notamment dans les déserts médicaux. Pour les patients, cette revalorisation devrait être indolore grâce au remboursement par la Sécurité sociale et les mutuelles. Ces dernières pourraient toutefois répercuter le surcoût sur les cotisations.
Les tarifs vont également augmenter chez certains spécialistes, en particulier ceux qui sont aujourd’hui les moins bien rémunérés. Ainsi, la consultation chez un gynécologue passera à 40 euros en juillet 2025, celle chez un gériatre à 42 euros. Les dermatologues, endocrinologues, psychiatres et neurologues verront aussi leurs tarifs revalorisés.
Une consultation longue pour certains patients âgés
Pour mieux prendre en charge les personnes de plus de 80 ans, une consultation longue d’une valeur de 60 euros, remboursée par la Sécu, sera mise en place au 1er janvier 2026. Limitée à une fois par an, elle concernera trois situations :
- La consultation de suivi après une hospitalisation
- L’examen des patients sous polymédication pour réévaluer les traitements
- L’évaluation des besoins pour orienter vers un parcours médico-social
Des assistants médicaux pour libérer du temps médical
Pour réduire le temps passé par les médecins sur les tâches administratives et leur permettre de voir davantage de patients, l’Assurance maladie va donner un coup de pouce à l’emploi d’assistants médicaux. Leur déploiement, initié en 2019, permet en moyenne aux praticiens de suivre 10% de patients en plus.
Coup de boost aux déserts médicaux
Plusieurs mesures visent à inciter les médecins à s’installer ou à exercer ponctuellement dans les zones sous-dotées, avec à la clé des aides financières allant jusqu’à 10 000 euros pour une première installation. Les praticiens exerçant dans ces territoires bénéficieront aussi d’une majoration de 10% du forfait médecin traitant.
Des consultations avancées seront encouragées pour les médecins volontaires, avec un forfait de 200 euros par demi-journée, dans la limite de 6 demi-journées par mois.
Une rémunération spécifique pour les patients précaires
Pour valoriser la prise en charge des patients bénéficiaires de l’aide médicale d’État (AME), les généralistes et pédiatres percevront un forfait annuel de 500 euros lorsque le nombre d’actes effectués pour ces patients dépassera 2% de leur activité. Un coup de pouce pour faciliter l’accès aux soins des plus démunis.
Des médecins incités à mieux prescrire
En contrepartie de ces revalorisations, l’Assurance maladie demande aux médecins des efforts de maîtrise des dépenses, via 15 nouveaux objectifs de «pertinence des prescriptions». Sont notamment ciblés :
- La baisse de 10% de la consommation d’antibiotiques
- La réduction de 2% des arrêts maladie prescrits
- La diminution de 8% de certains actes d’imagerie
- La limitation de 80% des examens biologiques jugés inutiles
Avec à la clé des économies pouvant aller jusqu’à 400 millions d’euros selon l’Assurance maladie, qui entend ainsi modérer ses dépenses après le «quoi qu’il en coûte» de la crise sanitaire.
Au total, cette nouvelle convention médicale se veut un compromis entre la nécessité d’améliorer l’accès aux soins pour les Français et la maîtrise des dépenses de santé dans un contexte économique tendu. Si elle offre d’importantes revalorisations aux médecins, elle leur demande aussi en retour des efforts sur la pertinence des soins. Avec l’espoir de garantir à tous un égal accès à des soins de qualité, sans creuser davantage le «trou de la Sécu».