Imaginez un pays où les pères peuvent passer autant de temps que les mères avec leur nouveau-né, sans craindre pour leur carrière. C’est désormais une réalité en Finlande depuis la réforme des congés parentaux entrée en vigueur en 2022. Selon l’agence finlandaise des prestations sociales Kela, les pères ont pratiquement doublé la durée de leur congé parental, passant en moyenne de 44 jours en 2021 à 78 jours pour les enfants nés après la réforme. Une véritable révolution dans les mœurs qui pourrait bien inspirer d’autres pays.
Une réforme pour plus d’égalité et de flexibilité
Avant la réforme, les pères finlandais avaient droit à un maximum de 54 jours de congé. Désormais, chaque parent bénéficie de 160 jours de congés payés à utiliser avant les 2 ans de l’enfant. Une petite partie (63 jours) est transférable à l’autre parent si besoin. L’objectif affiché par le gouvernement était d’offrir plus de flexibilité aux familles mais surtout de renforcer l’égalité hommes-femmes dans la vie professionnelle comme personnelle.
Le nouveau système semble porter ses fruits. D’après une source proche de Kela, de plus en plus de pères s’occupent de leur enfant sur une période plus longue qu’auparavant. Dans les lieux publics comme la bibliothèque Oodi d’Helsinki, connue pour accueillir les parents avec jeunes enfants, certains comme Leo Vainio ont l’impression de croiser davantage de pères qu’avant. Ce père de famille confie être actuellement en congés depuis deux mois pour s’occuper de son fils Unto, âgé d’un an.
“C’est un bon système pour renforcer l’égalité que d’offrir aux deux parents le même nombre de jours d’allocation parentale.”
Leo Vainio, père finlandais en congé parental
Des bienfaits pour le lien père-enfant
Au-delà de l’aspect pratique et égalitaire, allonger les congés des pères aurait aussi des effets bénéfiques sur le lien qu’ils tissent avec leur enfant. Comme l’explique Kimi Lilja, un autre papa croisé à la bibliothèque Oodi, le fait de pouvoir passer plus de temps ensemble permet de créer une relation différente, y compris sur le long terme. Des études ont en effet montré que l’implication précoce des pères dans les soins aux nourrissons favorisait un attachement plus fort et durable.
Selon Johanna Aholainen, spécialiste chez Kela, les nouvelles règles mettent l’accent sur les valeurs de la société finlandaise en visant une répartition équitable des congés parentaux. Et les statistiques semblent montrer que le pays se rapproche de cet idéal d’égalité.
Vers un nouveau modèle à suivre ?
Si la Finlande fait office de pionnière avec cette réforme ambitieuse, elle n’est pas la seule à s’engager sur la voie d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et familiale. Plusieurs pays nordiques comme la Suède ou la Norvège ont déjà des politiques volontaristes en la matière, avec des congés parentaux généreux et incitant les pères à s’impliquer davantage. En France aussi, la durée du congé paternité a été doublée en 2021, passant de 14 à 28 jours.
Mais il reste encore du chemin à parcourir pour atteindre une véritable égalité. Dans de nombreux pays, les stéréotypes de genre ont la vie dure et les mères continuent d’assumer l’essentiel des tâches parentales. Les écarts de salaires et les craintes pour la carrière freinent aussi de nombreux pères. C’est pourquoi des mesures incitatives comme des congés bien rémunérés et non transférables sont essentielles pour faire évoluer les mentalités et les pratiques.
L’exemple finlandais montre qu’avec une volonté politique forte, il est possible d’impulser de vrais changements sociétaux en faveur de l’égalité parentale. Un modèle inspirant à l’heure où de plus en plus de voix s’élèvent pour un meilleur partage des responsabilités familiales. Au-delà des individus, c’est la société dans son ensemble qui a tout à gagner à promouvoir un nouvel équilibre entre travail et parentalité.
En résumé
- La Finlande a réformé ses congés parentaux en 2022 pour donner 160 jours à chaque parent
- Depuis, les pères ont pratiquement doublé leur durée de congé (de 44 à 78 jours en moyenne)
- Un système plus égalitaire et flexible qui renforce le lien père-enfant
- D’autres pays s’engagent aussi sur la voie d’un meilleur équilibre vie pro-vie perso
- Mais il reste du chemin à parcourir pour faire évoluer les mentalités et atteindre une vraie égalité
La Finlande ouvre la voie vers une nouvelle norme sociale où s’occuper de ses enfants n’est plus seulement l’apanage des mères mais un droit et un devoir partagés. Une petite révolution qui, espérons-le, fera des émules à travers le monde pour le plus grand bénéfice des familles et de la société toute entière.