Près d’un an après le déclenchement des hostilités entre Israël et le Hezbollah au sud du Liban, la communauté internationale se mobilise à Paris pour tenter d’obtenir un cessez-le-feu. Ce jeudi, 70 chefs d’État et une quinzaine d’ONG sont attendus à l’Élysée pour une conférence de soutien au pays du Cèdre, en proie à une crise politique, sécuritaire et humanitaire sans précédent.
Un cessez-le-feu comme priorité absolue
L’objectif numéro un d’Emmanuel Macron est clair : pousser les belligérants à déposer les armes. Depuis la fin septembre, Tsahal a lancé une offensive terrestre dans le sud du Liban, bastion du Hezbollah pro-iranien, faisant plus de 1500 morts selon un bilan de l’AFP. Un niveau de violence qui dépasse désormais celui de la guerre de 2006 entre les deux ennemis.
Pour Paris, la solution passe par l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Adoptée en 2006, celle-ci prévoit que seuls les Casques bleus et l’armée libanaise soient déployés dans la zone frontalière. Une façon de garantir la souveraineté du Liban tout en assurant la sécurité d’Israël, selon le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
700 000 déplacés dans le besoin
Mais la conférence de Paris vise aussi à mobiliser l’aide internationale pour les centaines de milliers de Libanais jetés sur les routes par les combats. Selon l’ONU, près de 700 000 personnes ont dû quitter leur foyer, souvent dans la précipitation. L’organisation a lancé un appel de fonds de 400 millions de dollars pour leur venir en aide.
La priorité est de pouvoir répondre à cet appel. Nous avons travaillé à essayer de dégager le maximum de contributions possibles.
Un conseiller de l’Élysée
Emmanuel Macron devrait annoncer lors de la conférence le montant de l’aide française. Paris est en première ligne sur ce dossier, l’Hexagone comptant quelque 23 000 ressortissants au Liban.
Débloquer l’impasse politique
Enfin, la France espère profiter de ce rendez-vous international pour sortir le Liban de l’impasse politique dans laquelle il est englué. Depuis la fin du mandat de Michel Aoun en octobre 2022, le pays est sans président, les partis ne parvenant pas à s’entendre sur son successeur.
Un blocage aux lourdes conséquences alors que le Liban traverse une crise économique et sociale historique sur fond de corruption de la classe politique. Emmanuel Macron a multiplié les appels aux responsables libanais pour qu’ils prennent leurs responsabilités. En vain jusqu’à présent, malgré les six visites de son envoyé spécial Jean-Yves Le Drian en un an.
Une tâche diplomatique ardue
La tâche s’annonce donc immense pour la diplomatie française, qui espère capitaliser sur cette grand-messe internationale pour faire bouger les lignes. Mais les obstacles sont nombreux, à commencer par la position du Hezbollah, soutenu par l’Iran et qui refuse pour l’instant tout retrait.
Côté israélien, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a prévenu qu’il poursuivrait son offensive tant que la sécurité de son pays ne serait pas assurée. Autant de positions difficilement conciliables qui laissent présager d’intenses tractations en coulisses.
La France joue gros dans cette crise. Ancienne puissance mandataire, elle assiste impuissante au chaos qui ravage ce pays ami, porte d’entrée vers le Moyen-Orient. Mais malgré des années d’efforts, son influence semble s’étioler, comme en témoigne l’absence de président depuis deux ans.
Emmanuel Macron parviendra-t-il à inverser la tendance et à ramener la paix au pays du Cèdre ? Réponse dans les prochains jours, alors que la situation humanitaire ne cesse de se dégrader sur le terrain. Une chose est sûre, le chemin sera long et semé d’embûches. Mais pour les Libanais pris entre deux feux, chaque pas vers la paix compte.