L’annonce de l’interdiction d’une conférence de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, prévue lundi soir en banlieue lyonnaise, a ravivé les tensions autour de ce militant controversé. Cette décision prise par la préfecture pour “risque de trouble à l’ordre public” suscite l’indignation de ses soutiens qui y voient une atteinte à la liberté d’expression.
Une conférence sous haute tension
Organisée par le collectif Urgence Palestine, la conférence intitulée “Les espaces de la résistance palestinienne entre occupation, prison et exil” devait rassembler plus de 250 personnes. Mais selon la préfecture, elle “intervient dans un contexte géopolitique particulièrement tendu”. L’arrêté préfectoral redoute notamment que “des propos antisémites, ou plus généralement attisant sciemment et explicitement la haine” soient tenus.
Les autorités craignent également de possibles “confrontations violentes entre les propalestiniens et la communauté juive qui s’est fortement inquiétée de la tenue de cette conférence”, en cas de contre-manifestations. Un contexte explosif qui a conduit à l’interdiction in extremis de l’événement.
L’avocat de Salah Hamouri contre-attaque
Face à cette décision, l’avocat de Salah Hamouri, Me Vincent Brenghart, a immédiatement saisi la justice administrative en procédure d’urgence. Une démarche qui lui avait déjà permis d’obtenir gain de cause en juin 2023, après l’interdiction d’une précédente conférence de son client.
Me Brenghart dénonce un arrêté pris “au dernier moment” qui porte selon lui “atteinte à la liberté d’expression”. Il juge “hypothétiques” et “abstraits” les motifs invoqués par la préfecture pour justifier cette interdiction. Une bataille juridique s’engage donc pour tenter de faire annuler in extremis la décision préfectorale.
Salah Hamouri, une figure clivante
Âgé de 39 ans, Salah Hamouri est un avocat franco-palestinien controversé, soupçonné par Israël d’appartenir au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), ce qu’il a toujours nié. Emprisonné puis expulsé par Israël en 2022, il est depuis au cœur de vives polémiques en France.
En janvier 2023 déjà, le maire de Lyon avait dû annuler une table ronde à laquelle il devait participer à l’Hôtel de Ville, suscitant un tollé chez ses soutiens. Et depuis mi-juillet, la justice française a ouvert une enquête sur sa plainte visant Israël pour “détention arbitraire” et “tortures” en lien avec les conditions de son incarcération.
Une affaire symptomatique des tensions
Au-delà du cas de Salah Hamouri, cette affaire illustre les vives tensions communautaires qui traversent la société française sur le conflit israélo-palestinien. Chaque initiative ou prise de parole devient l’objet de polémiques et de pressions de part et d’autre.
Dans ce contexte, la tenue ou non d’une simple conférence devient un enjeu politique et sociétal majeur. Et l’intervention des autorités, sommées d’arbitrer entre liberté d’expression et risques de troubles, apparaît de plus en plus fréquente, au risque d’attiser les rancoeurs.
Entre volonté de dialogue et peur des dérapages, l’espace du débat se réduit comme peau de chagrin sur ce sujet inflammable.
Un observateur
Alors que la justice doit se prononcer en urgence sur la validité de l’interdiction préfectorale, cette énième polémique autour de Salah Hamouri illustre la difficulté croissante à aborder sereinement le conflit israélo-palestinien dans le débat public français. Une crispation inquiétante pour la cohésion nationale et le vivre-ensemble.