C’est un rebondissement inattendu dans l’affaire très médiatisée de la conférence prévue par l’eurodéputée Rima Hassan à Sciences Po Paris. Alors que la direction de la prestigieuse école avait initialement interdit la tenue de l’événement, craignant des risques de troubles à l’ordre public, la justice vient d’ordonner son maintien. Une décision qui ne manque pas de faire débat.
Sciences Po contrainte de céder face à la justice
Ce vendredi, le tribunal administratif de Paris a enjoint Sciences Po de permettre la tenue de la conférence de Rima Hassan, députée européenne de la France Insoumise. Intitulée “Perspectives humanitaires, juridiques et géopolitiques sur un embargo sur les armes à Israël”, celle-ci devait initialement se dérouler ce même jour avant d’être reportée sine die par la direction. Les juges ont estimé que cette interdiction portait une atteinte disproportionnée à la liberté d’expression.
Sciences Po Paris doit désormais trouver une nouvelle date pour la conférence en garantissant son bon déroulement.
Une victoire pour Rima Hassan qui a aussitôt salué une “immense victoire” sur les réseaux sociaux. Son avocat, Vincent Brengarth, a souligné que la justice avait assuré “son rôle de gardien des libertés” face à la censure dont fait l’objet la cause palestinienne selon lui.
Un sujet clivant qui divise le monde universitaire
Cette affaire illustre les vives tensions que suscite la question israélo-palestinienne dans les universités françaises. Si certains défendent une liberté d’expression totale au nom du débat académique, d’autres s’inquiètent d’une potentielle banalisation de discours jugés antisémites sous couvert de critique de la politique israélienne.
Plusieurs conférences de Rima Hassan ont déjà été annulées dans d’autres établissements ces derniers mois, comme à l’université de Lille ou Paris-Dauphine. La députée, connue pour ses prises de position propalestiniennes radicales, est une figure controversée. En juin dernier, sa participation à une manifestation pro-Hamas en Jordanie avait créé la polémique.
Sciences Po entre deux feux
Pour la direction de Sciences Po, cette affaire est un véritable casse-tête. D’un côté, elle doit garantir la liberté d’expression et le pluralisme des idées, principes cardinaux de l’enseignement supérieur. Mais de l’autre, elle craint de voir son image écornée par des polémiques à répétition et de possibles débordements.
En mai dernier, l’école avait déjà porté plainte contre l’un des organisateurs de la conférence, accusé d’appel à la violence après un message controversé sur les réseaux sociaux. Un dossier toujours en cours d’instruction.
Face à ces enjeux complexes, Sciences Po va devoir redoubler de vigilance pour encadrer cette conférence sous le regard attentif des médias et du monde politique. Un exercice d’équilibriste délicat pour ménager la chèvre et le chou. L’école n’a pas souhaité commenter la décision de justice à ce stade.
Un débat qui dépasse les murs de l’université
Au-delà des amphis, c’est toute la société française qui se trouve confrontée à ces questionnements. Où placer le curseur entre liberté d’expression et prévention de la haine ? Un débat ancien mais qui prend une tournure nouvelle à l’heure des réseaux sociaux et des polémiques virales.
Le sujet divise jusqu’au sein de la classe politique, certains y voyant un combat légitime quand d’autres dénoncent une “islamo-gauchisme” rampant.
Une chose est sûre, la conférence de Rima Hassan, si elle a bien lieu, sera scrutée de près. Chacun de ses mots sera décortiqué, chacune de ses phrases soupesée. Un test grandeur nature pour mesurer la capacité de notre société à débattre sereinement de sujets qui fâchent. Verdict dans les prochaines semaines.