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Condamnation des assassins de Marielle Franco : 137 ans de prison

Le Brésil sous le choc après le verdict du procès des assassins de Marielle Franco. Des peines exemplaires ont été prononcées, mais des zones d'ombre demeurent. Qui a commandité ce crime politique ?

Le crime avait profondément choqué le Brésil et la communauté internationale. Plus de six ans après les faits, le procès des assassins de Marielle Franco vient de s’achever à Rio de Janeiro. Ronnie Lessa et Elcio Queiroz, deux anciens policiers militaires, ont été condamnés respectivement à 78 ans et 59 ans de réclusion pour le meurtre de l’élue locale et militante noire et LGBT ainsi que de son chauffeur Anderson Gomes.

Le 14 mars 2018, alors qu’elle rentrait d’une réunion politique, Marielle Franco, 38 ans, avait été criblée de balles dans sa voiture. Son exécution brutale avait fait d’elle une icône de la lutte contre les violences et les discriminations au Brésil. Des milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour réclamer justice.

Aveux des tireurs mais questions en suspens

Durant le procès, Ronnie Lessa a reconnu avoir tiré avec une mitraillette sur la voiture de la conseillère municipale, conduite par son complice Elcio Queiroz. Les deux hommes ont passé un accord avec la justice pour plaider coupable, espérant une réduction de peine. Mais le parquet a requis le maximum, soit 84 ans de prison, dénonçant des assassins “sociopathes” sans regret, mus par “l’appât du gain”.

“La justice est parfois lente, aveugle (…) mais elle arrive”

La juge Lucia Glioche en prononçant le verdict

Si ce procès apporte une forme de conclusion, de nombreuses questions restent en suspens. Car les tireurs ne sont que des exécutants. Qui a commandité cet assassinat et pourquoi ? Selon les enquêteurs, Ronnie Lessa aurait été “séduit” par une offre mirobolante d’un million de dollars proposée par deux frères, un député et un conseiller de Rio, pour le compte de milices para-policières. Marielle Franco les gênait par son combat contre leur emprise criminelle sur certains quartiers pauvres.

Obstruction à l’enquête

Mais les commanditaires présumés nient farouchement leur implication. Entendus la semaine dernière par la Cour suprême avec l’ancien chef de la police civile de Rio, soupçonné d’avoir fait obstruction à l’enquête, ils attendent désormais la suite de l’instruction. Beaucoup doutent que toute la vérité éclate un jour sur ce crime aux ramifications politiques troubles.

Une militante courageuse

Issue de la favela de Maré, Marielle Franco s’était toujours dressée contre les abus et les injustices. Femme noire et lesbienne dans un Brésil très inégalitaire, elle luttait avec fougue pour les droits :

  • Des habitants des quartiers populaires, souvent victimes de violences policières
  • Des femmes, subissant un machisme endémique
  • De la communauté LGBT, cible de crimes de haine
  • Des Afro-Brésiliens, toujours discriminés

Son assassinat avait suscité une onde de choc et une mobilisation sans précédent pour que justice soit faite. Avec ces lourdes condamnations, c’est un premier pas. Mais pour honorer la mémoire et le combat de Marielle Franco, le Brésil devra aller au bout et faire tomber tous les masques. Un défi de taille pour un pays encore profondément marqué par la corruption et la violence politique.

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