L’heure est grave pour l’Éducation Nationale. Alors que la rentrée 2024 se profile à l’horizon, c’est une véritable pénurie d’enseignants qui s’annonce. Selon les chiffres publiés par le ministère, pas moins de 3185 postes n’ont pas été pourvus cette année aux concours enseignants du public et du privé. Un déficit alarmant qui soulève de sérieuses questions sur l’attractivité du métier et l’avenir de notre système éducatif.
Un manque criant de professeurs dans le primaire et le secondaire
Avec 2925 postes non pourvus dans le public, dont 1350 dans le premier degré (maternelle et élémentaire) et 1575 dans le second degré (collèges et lycées), auxquels s’ajoutent 260 postes vacants dans le privé, c’est toute la chaîne éducative qui se retrouve fragilisée. Des disciplines traditionnellement en tension comme les mathématiques, la physique-chimie, l’allemand ou les lettres sont particulièrement impactées.
Des difficultés de recrutement qui perdurent
Malheureusement, cette pénurie d’enseignants n’est pas un phénomène nouveau. Depuis plusieurs années déjà, les concours peinent à attirer suffisamment de candidats pour combler tous les postes offerts. Une situation qui s’explique en partie par la perte d’attractivité du métier d’enseignant, confronté à des conditions de travail difficiles, des salaires peu valorisants et un manque de reconnaissance.
“C’est peut-être plus difficile de donner du sens auprès des élèves en mathématiques ou en physique-chimie. Contrairement à des disciplines comme la philosophie, la SVT ou l’histoire géographie où on est plus dans le concret, dans le réel, dans le quotidien, ce qui répond peut-être davantage aux appétences aujourd’hui des élèves et des enseignants”, analyse Élisabeth Allain-Moreno, du syndicat Snes-FSU.
Élisabeth Allain-Moreno, Snes-FSU
Vers un recours massif aux contractuels ?
Face à ce déficit d’enseignants titulaires, le ministère n’aura d’autre choix que de faire appel massivement à des professeurs contractuels pour assurer les cours à la rentrée. Une solution de court terme qui pose question quant à la qualité de l’enseignement dispensé, ces contractuels ne bénéficiant pas de la même formation ni du même accompagnement que leurs homologues titulaires.
De plus, cette précarisation croissante du métier risque, à terme, de nourrir un cercle vicieux en décourageant encore davantage les vocations. Il est donc urgent de revaloriser l’attractivité du métier d’enseignant pour endiguer cette pénurie qui menace l’avenir de notre École.
Quelles pistes pour enrayer cette crise ?
Plusieurs leviers pourraient être actionnés pour tenter de résoudre cette crise des vocations enseignantes :
- Revaloriser significativement les salaires des professeurs pour les aligner sur ceux des autres pays de l’OCDE
- Améliorer les conditions de travail et donner plus de moyens et d’autonomie aux enseignants
- Repenser la formation initiale et continue pour mieux préparer les futurs professeurs aux réalités du terrain
- Lancer de vastes campagnes de communication pour redorer l’image du métier et susciter des vocations
Il y a urgence à agir. Car derrière ces chiffres alarmants, c’est bien l’avenir de toute une génération qui se joue. Sans professeurs en nombre suffisant et bien formés, c’est la promesse républicaine d’une École pour tous qui vacille. Le gouvernement saura-t-il prendre la mesure de l’enjeu et apporter des réponses à la hauteur de cette crise inédite ? Les prochains mois seront décisifs.