Avec des élections législatives n’offrant aucune majorité claire, la France se retrouve dans une impasse politique inédite. Pour en sortir, les partis vont devoir se convertir en urgence à la culture du compromis et des alliances, une révolution des mentalités loin d’être gagnée d’avance dans un pays peu habitué à ce type de négociations.
La fin de la logique des majorités absolues
Le séisme politique est total. Pour la première fois sous la Ve République, aucun parti ou coalition ne dispose d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale au soir des législatives. Une situation qui oblige les forces en présence à nouer des alliances et trouver des compromis pour pouvoir gouverner. Mais dans un paysage politique français traditionnellement clivé, la tâche s’annonce ardue.
L’idée même de majorité, ne serait-ce que relative, a valsé. Et avec elle, l’absence de tout compromis.
– Antoine Armand, député macroniste
Le défi du compromis à la française
Si le président Macron a appelé à bâtir une “coalition républicaine”, la réalité est plus complexe. La France n’a pas de culture politique du compromis comme l’Allemagne et son système parlementaire. Passer de la confrontation à la négociation demandera des efforts à tous les partis.
- Les partis doivent apprendre à dialoguer entre eux
- Des concessions seront nécessaires de part et d’autre
- Le clivage gauche-droite devra être dépassé sur certains sujets
Une gauche divisée face au compromis
À gauche, l’union sacrée des législatives risque de voler en éclats sur la question des alliances. La France Insoumise campe sur ses positions et refuse tout compromis avec la macronie quand le Parti socialiste se montre plus ouvert. Des divergences stratégiques qui compliqueront la formation de coalitions.
Nous prendrons nos responsabilités pour trouver des solutions dans l’intérêt des Français.
– Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti Socialiste
Les Républicains, potentiels faiseurs de roi
Avec 61 députés, Les Républicains pourraient s’avérer indispensables pour bâtir une majorité. Mais là encore, les désaccords internes entre une aile centriste prête au compromis avec Macron et une frange plus droitière rétive à toute alliance compliqueront les tractations.
Au final, la culture politique française, son aversion pour les compromis et les coups de poker des partis pourraient retarder la formation d’un gouvernement. Mais puisque le pays doit continuer à être gouverné malgré l’éparpillement des forces, les états-majors politiques devront se résoudre tôt ou tard au dialogue et aux concessions. Une petite révolution dont on ne connaît pas encore l’issue.