C’est un constat alarmant que vient de publier l’OCDE dans sa dernière étude sur les compétences des adultes. Dans la grande majorité des pays membres, le niveau en compréhension écrite, calcul et résolution de problèmes stagne ou baisse par rapport à il y a 12 ans. La France se situe en dessous de la moyenne, avec des inégalités qui se creusent. Quelles sont les causes de ce déclin et quelles conséquences pour nos sociétés ?
Un niveau qui stagne ou recule malgré la révolution numérique
L’enquête Piaac de l’OCDE a testé les compétences de 160 000 personnes âgées de 16 à 65 ans dans 31 pays. Le constat est sans appel : seules la Finlande et le Danemark ont vu une amélioration significative du niveau de compréhension écrite de leurs adultes ces 12 dernières années. Partout ailleurs, c’est la stagnation ou le déclin, malgré la digitalisation qui « révolutionne l’utilisation des compétences de base ».
Le bilan est à peine meilleur en calcul, avec des progrès dans 8 pays mais un recul dans 7 autres. Un paradoxe à l’heure où les compétences numériques sont de plus en plus sollicitées au quotidien et dans la vie professionnelle.
La France en dessous de la moyenne
Dans l’Hexagone, les niveaux constatés évoluent peu depuis 2012. Mais les inégalités se creusent. 28% des adultes ont aujourd’hui un niveau « faible » en compréhension écrite, contre 22% il y a 10 ans. Selon les analystes, plusieurs facteurs sont en cause :
- Le fait d’être né à l’étranger avec une autre langue maternelle
- Avoir grandi dans un milieu à dominante ouvrière
- Les difficultés avec les outils informatiques
Si la France se rapproche de la moyenne en calcul et en résolution de problèmes, l’écart avec des pays comme l’Allemagne reste marqué. Elle fait surtout jeu égal avec des pays comme l’Autriche ou Singapour en compréhension écrite, se comparant à la Hongrie en calcul.
Des conséquences économiques et démocratiques
Au-delà des constats, l’OCDE s’inquiète des implications de ce déclin des compétences. Le lien entre emploi et compétences s’est affaibli, signe de la difficulté croissante des employeurs à recruter. Mais les personnes peu qualifiées en paient le prix fort :
Un tiers des travailleurs de l’OCDE ne trouvent pas de travail en accord avec leurs qualifications. Cela réduit leur salaire de 12% en moyenne et leurs chances d’être satisfaits de leur vie.
Autre sujet d’inquiétude : beaucoup d’adultes peu compétents se sentent déconnectés de la vie politique et peinent à accéder à des informations numériques complexes. Un risque pour nos démocraties où il est crucial que chaque citoyen puisse s’informer et participer aux débats.
Des pistes pour inverser la tendance
Face à ce déclin, il y a urgence à agir pour renforcer les compétences des adultes les moins qualifiés. Plusieurs leviers sont possibles selon des experts interrogés par une source proche du dossier :
- Développer la formation continue, en ciblant en priorité les personnes peu diplômées
- Revaloriser les métiers manuels et techniques pour attirer les jeunes talents
- Renforcer les compétences de base dès l’école pour prévenir les difficultés
- Lutter contre la fracture numérique pour que chacun puisse utiliser les outils digitaux
Le défi est immense mais crucial pour l’avenir de nos économies et de nos démocraties. Dans un monde en perpétuelle mutation, il est vital de donner à chaque adulte les clés pour s’adapter et rester maître de son destin professionnel et citoyen. Un enjeu qui doit tous nous mobiliser, pouvoirs publics, entreprises et citoyens.