Alors que le conflit fait rage en Ukraine depuis plus de deux ans, le pays doit faire face à un autre défi de taille : empêcher les armes fournies par ses alliés occidentaux de se retrouver sur le marché noir. Un récent rapport de l’ONG Global Initiative contre le crime organisé transnational (GI-TOC) révèle l’ampleur des efforts déployés par Kiev pour contrer ce fléau.
Le spectre du détournement d’armes
Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, l’Ukraine a reçu un soutien militaire massif de la part de ses partenaires occidentaux. Mais cette aide soulève des inquiétudes légitimes quant au risque de voir ces armes se retrouver sur le marché noir, dans un pays gangrené par la corruption depuis bien avant le conflit.
Moscou n’a d’ailleurs pas manqué de jouer sur ces craintes, affirmant qu’une grande partie de l’arsenal fourni à l’Ukraine finissait entre les mains de groupes criminels européens. Une thèse battue en brèche par le rapport de GI-TOC.
Des armes soviétiques en question
S’il y a bien eu une prolifération d’armes illégales en Ukraine avec la guerre, il s’agit surtout d’armes soviétiques abandonnées par les soldats russes sur le champ de bataille et récupérées par des civils ou des militaires ukrainiens. Leur nombre se situerait entre un et cinq millions, selon les autorités de Kiev.
La crainte de voir des armes occidentales sur le marché noir ne s’est pas matérialisée pour l’instant.
– Mark Galeotti, chercheur spécialiste du crime organisé russe
Kiev sur tous les fronts
Face à ce risque, l’Ukraine a mis en place un dispositif de contrôle strict pour tracer les armes livrées par ses alliés. Chaque pièce d’équipement est enregistrée et suit un parcours bien défini, de son arrivée sur le sol ukrainien jusqu’au front.
- Des unités spéciales effectuent des inspections surprises sur les stocks d’armes.
- Kiev coopère étroitement avec Europol et Interpol pour démanteler les réseaux de trafiquants.
- Des campagnes de sensibilisation visent à dissuader les militaires de céder à la tentation du marché noir.
Grâce à ces efforts, aucun cas avéré de détournement d’armes occidentales n’a été rapporté à ce jour. Mais la vigilance reste de mise. Car dans ce conflit qui s’éternise, l’Ukraine doit se battre sur tous les fronts, y compris celui de la lutte contre le crime organisé, pour préserver le soutien crucial de la communauté internationale.