Imaginez une gigantesque montagne de déchets, voisine d’un des aéroports les plus fréquentés d’Israël. C’était le triste spectacle qu’offrait Hiriya, une décharge à ciel ouvert située à proximité de l’aéroport international Ben Gourion de Tel Aviv. Mais aujourd’hui, ce site autrefois nauséabond est méconnaissable. Métamorphosé en un magnifique parc écologique, il illustre la détermination d’Israël à concilier sécurité aérienne et préservation de l’environnement.
Hiriya, d’une décharge toxique à un joyau écologique
Pendant près d’un demi-siècle, de 1952 à 1998, Hiriya a englouti quotidiennement 3000 tonnes d’ordures ménagères, soit la moitié de la production de déchets du pays. Cette montagne malodorante de 25 millions de tonnes attirait des millions d’oiseaux chaque année, principalement des espèces migratrices. Israël est en effet le deuxième corridor de migration aviaire au monde, juste derrière le Panama.
Face à ce constat alarmant, les autorités israéliennes ont pris une décision radicale. En 2016, elles ont inauguré le parc Ariel Sharon, un espace vert extraordinaire bâti sur les ruines de Hiriya. L’objectif : minimiser les risques de collisions entre oiseaux et avions, tout en réhabilitant un site à l’origine d’une catastrophe écologique annoncée.
Un défi environnemental et sécuritaire
La proximité de la décharge avec l’aéroport Ben Gourion, situé à seulement quelques kilomètres, représentait un danger croissant pour le trafic aérien. Chaque année, des milliers d’oiseaux s’envolaient des montagnes d’ordures vers les pistes, menaçant de percuter les avions au décollage ou à l’atterrissage.
D’après une source proche du dossier, l’ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon aurait ordonné la fermeture du site et sa transformation en parc, considérant la sécurité des passagers aériens comme une priorité absolue. Un pari audacieux quand on sait l’ampleur de la tâche à accomplir pour dépolluer et revaloriser cet espace.
Un chantier titanesque
Pour isoler la toxicité des déchets, un feuilletage d’argile, de plastique, de gravats et de terre a été déployé sur une épaisseur de six mètres. Les pentes ont été remodelées en restanques d’oliviers, dont les murets sont constitués des gravats d’anciens bâtiments détruits.
Au sommet du parc, qui culmine à 60 mètres d’altitude, un belvédère offre une vue imprenable sur la ville blanche de Tel Aviv et son littoral. La végétation, savamment choisie, diffuse un parfum agréable qui masque les relents du passé. Seuls quelques lambeaux de déchets dépassent encore ça et là, témoins volontairement conservés de l’histoire du lieu.
Un lieu unique au monde
Aujourd’hui, le parc Ariel Sharon est considéré comme l’une des sept merveilles du recyclage à l’échelle planétaire. Il illustre le savoir-faire israélien en matière de réhabilitation environnementale et d’économie circulaire.
C’est un exemple unique au monde de transformation d’une gigantesque décharge en un joyau écologique et paysager.
– Joanna Maissel, guide du parc
Au-delà de l’exploit environnemental, ce projet ambitieux répond à des enjeux cruciaux de sécurité aérienne. En créant un espace vert attractif pour les oiseaux migrateurs, à bonne distance des pistes de l’aéroport Ben Gourion, les autorités ont considérablement réduit les risques de collisions aviaires.
Une démarche inspirante
L’exemple de Hiriya démontre qu’il est possible de concilier préservation de l’environnement, sécurité des transports aériens et bien-être des populations. Cette success-story écologique pourrait inspirer d’autres pays confrontés à des problématiques similaires.
En transformant une montagne d’ordures en un écrin de verdure, Israël prouve que l’imagination et la volonté politique permettent de relever les défis environnementaux les plus complexes. Une leçon à méditer, alors que l’urgence climatique impose de repenser en profondeur notre rapport aux déchets et à la nature.
