Les élections européennes de 2009 ont marqué un tournant pour l’écologie politique en France. Emmenés par un Daniel Cohn-Bendit en grande forme, les Verts, rassemblés sous la bannière Europe Écologie, ont réalisé une percée historique. Avec 16,28% des voix, ils talonnent le Parti socialiste et s’imposent comme une force politique majeure. Mais comment l’ancien leader de Mai 68 a-t-il réussi ce tour de force ? Retour sur une campagne riche en coups d’éclat.
Cohn-Bendit, un choix payant pour Europe Écologie
Propulsé tête de liste d’Europe Écologie en Île-de-France, Daniel Cohn-Bendit s’est révélé être un atout de taille pour les écologistes. Sa notoriété, son charisme et son franc-parler ont permis de donner un coup de projecteur sur une liste qui peinait jusque-là à se faire entendre. Pari réussi pour les Verts, qui voient leurs thèmes de prédilection comme le climat et l’environnement s’imposer dans le débat.
Un débat télévisé mémorable
Mais le véritable tournant de la campagne survient le 3 juin 2009, lors d’un débat sur France 2 réunissant les principales têtes de liste. Alors que tout se déroulait calmement, un échange musclé oppose soudain Cohn-Bendit à François Bayrou, le patron du MoDem. Ce dernier accuse son adversaire de connivence avec Nicolas Sarkozy pour avoir déjeuné plusieurs fois à l’Élysée.
Il y a l’omniprésident et il y a l’omniopposant. Reviens sur terre, François !
– Daniel Cohn-Bendit à François Bayrou
Piqué au vif, «Dany le Rouge» contre-attaque et accuse Bayrou de faire de la politique politicienne, loin des préoccupations des citoyens. La séquence, largement relayée dans les médias, fait le buzz. Elle permet à Cohn-Bendit de se poser en homme politique atypique, en phase avec les attentes des électeurs.
Une dynamique verte
Fort de ce coup d’éclat, Europe Écologie surfe sur une dynamique vertueuse jusqu’au scrutin. Le 7 juin, les écologistes obtiennent 14 sièges au Parlement européen, plus du double par rapport à 2004. Un score historique qui les place juste derrière le PS et loin devant le MoDem. La stratégie Cohn-Bendit a fonctionné : en jouant la carte de l’authenticité et de la proximité, il a su capter un électorat en quête de renouveau.
Cette performance retentissante aux européennes 2009 a eu un impact durable sur le paysage politique français. Elle a contribué à installer durablement l’écologie comme une force d’alternance crédible à gauche. Un héritage dont se réclament aujourd’hui encore de nombreux responsables écologistes, à l’image de Yannick Jadot, tête de liste EELV pour les européennes 2024.
Si les circonstances ont bien changé en quinze ans, l’exemple du scrutin européen de 2009 montre qu’une campagne réussie peut bouleverser les équilibres politiques. Aux écologistes d’aujourd’hui de trouver la recette gagnante pour reconquérir les électeurs et faire mentir les sondages comme avait su le faire Daniel Cohn-Bendit.