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Comité Du 9-Mai : Qui Sont Ces Militants Ultradroite ?

Chaque année, le Comité du 9-Mai défile à Paris, arborant croix celtiques et slogans nationalistes. Qui sont-ils et pourquoi suscitent-ils la polémique ?

Imaginez une après-midi ensoleillée à Paris, où les rues vibrent d’histoire et de vie. Soudain, un cortège inhabituel apparaît : des centaines de personnes, souvent vêtues de noir, le visage parfois masqué, défilent au rythme des tambours, brandissant des drapeaux ornés de croix celtiques. Ce spectacle, à la fois intrigant et inquiétant, est l’œuvre du Comité du 9-Mai, un groupe ultranationaliste qui fait parler de lui chaque printemps. Mais qui sont ces militants, et pourquoi leurs manifestations suscitent-elles autant de débats ? Plongeons dans l’univers de cette mouvance qui oscille entre commémoration et provocation.

Les Racines du Comité du 9-Mai

Pour comprendre le Comité du 9-Mai, il faut remonter à une date clé : le 7 mai 1994. Ce jour-là, un jeune militant nationaliste, Sébastien Deyzieu, perd la vie dans des circonstances tragiques. Membre de L’Œuvre française, un groupuscule pétainiste, il participe à une manifestation contre ce qu’il qualifie d’impérialisme américain. Lors d’un affrontement avec les forces de l’ordre, il fuit sur un toit, fait une chute mortelle. Cet événement devient un symbole pour une frange de l’ultradroite française, qui décide de commémorer sa mémoire.

Peu après, des organisations nationalistes, dont le sulfureux Groupe Union Défense (GUD), créent le Comité du 9-Mai, ou C9M. Leur objectif ? Transformer la mort de Deyzieu en un rassemblement annuel, un moment de communion pour les militants partageant une vision nationaliste révolutionnaire. Dès 1995, le premier défilé a lieu, réunissant plusieurs centaines de personnes dans les rues parisiennes, un rituel qui perdure depuis.

“Chaque année, le C9M transforme une tragédie en étendard, un moyen de fédérer les nostalgiques d’un passé idéalisé.”

Un Symbole Controversé : La Croix Celtique

L’un des éléments les plus frappants des défilés du C9M est l’omniprésence de la croix celtique. Ce symbole, à l’origine lié à la culture celte, a été récupéré par des mouvements d’extrême droite à travers l’Europe, notamment pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Dans le contexte du C9M, il incarne une vision nationaliste et identitaire, souvent associée à des idéologies fascistes.

Les militants, souvent vêtus de noir, arborent ces drapeaux avec fierté, parfois aux côtés d’autres références troublantes, comme des tee-shirts évoquant l’iconographie nazie. Ces choix ne passent pas inaperçus. Ils provoquent l’indignation de nombreux passants et alimentent les critiques contre un groupe accusé de glorifier des idéologies violentes.

“La croix celtique, bien plus qu’un simple dessin, est un étendard pour ceux qui rêvent d’une Europe nationaliste, débarrassée de ses diversités.”

Ugo Palheta, sociologue

Une Manifestation sous Haute Tension

Chaque année, le défilé du C9M est un événement à haut risque. En 2025, environ 1 000 militants ont marché entre Port-Royal et la rue des Chartreux, dans le VIe arrondissement de Paris. Encadrés par un service d’ordre strict, souvent masqués, ils scandent leur slogan fétiche : “Europe, jeunesse, révolution”. Ce cri de ralliement, inspiré des mouvements fascistes des années 1930, résonne dans les rues, sous le regard parfois médusé des Parisiens.

Les autorités, conscientes des tensions, hésitent souvent à autoriser l’événement. En 2025, une interdiction initiale a été prononcée, invoquant des risques de troubles à l’ordre publicliberté de manifester tout en évitant les débordements.

Pour mieux comprendre les enjeux, voici un résumé des arguments des deux camps :

Position Arguments
Autorisation – La liberté de manifester est un droit fondamental.
– Aucun incident majeur lors des éditions précédentes.
– Interdire pourrait attiser les tensions.
Interdiction – Risque de propos haineux ou violents.
– Symboles associés au nazisme.
– Provocation pour les riverains.

Une Mouvance en Résurgence

Si le C9M a vu ses effectifs fluctuer au fil des décennies, il semble connaître un regain d’intérêt depuis quelques années. En 2017, seuls 80 participants étaient recensés, un creux historique. Mais dès 2023, les chiffres grimpent à 600 militants, puis 800 en 2024, et enfin 1 000 en 2025. Cette progression inquiète les observateurs, qui y voient un signe de la radicalisation d’une partie de la jeunesse.

Le C9M attire des profils variés : des jeunes désabusés par la politique traditionnelle, des nostalgiques des idéologies autoritaires, ou encore des membres de groupuscules dissous, comme le GUD. Leur discours, centré sur une Europe blanche et une opposition farouche à l’immigration, séduit dans un contexte de crises économiques et sociales.

“Le C9M n’est pas qu’un défilé, c’est une vitrine pour une idéologie qui refuse le vivre-ensemble.”

Des Réactions Politiques et Sociales

Chaque défilé du C9M ravive les passions. Les élus parisiens, de gauche comme de droite, s’indignent régulièrement de la présence de symboles nazis en plein cœur de la capitale. En 2023, la polémique avait été particulièrement vive, certains accusant les autorités de laxisme face à une mouvance ouvertement fasciste.

En parallèle, des contre-manifestations antifascistes tentent de s’organiser, comme le village antifasciste prévu place du Panthéon en 2025. Mais ces initiatives sont souvent interdites, les autorités craignant des affrontements violents entre groupes aux antagonismes idéologiques. Cette décision, bien que motivée par la sécurité, alimente le sentiment d’une justice à deux vitesses.

“Autoriser le C9M tout en interdisant les antifascistes pose la question de l’équilibre entre liberté et responsabilité.”

Commentateur anonyme

Violence et Influence Croissante

Le C9M n’est pas seulement un groupe de nostalgiques. Ses membres sont parfois impliqués dans des actes de violence politique. En février 2025, un militant antifasciste a été attaqué à Paris par des individus liés à l’ultradroite, un incident qui a ravivé les craintes d’une radicalisation. Ces actes, bien que rares, rappellent que l’idéologie du C9M peut dépasser le cadre des défilés.

Le groupe bénéficie aussi d’une visibilité accrue grâce aux réseaux sociaux. Sur des plateformes comme Telegram, le C9M revendique la participation de militants étrangers, venant d’Italie, de Bulgarie ou des Pays-Bas. Cette dimension internationale renforce son aura et attire de nouveaux adeptes, séduits par une esthétique martiale et des slogans percutants.

Pour mieux saisir l’impact du C9M, voici ses caractéristiques principales :

  • Idéologie : Nationalisme révolutionnaire, anti-immigration, fascination pour le fascisme.
  • Symbole : Croix celtique, drapeaux noirs, références nazies.
  • Participants : Jeunes, souvent masqués, issus de groupuscules variés.
  • Objectif : Commémorer Sébastien Deyzieu, fédérer l’ultradroite.

Un Défi pour la Société

Le phénomène du C9M dépasse la simple question des manifestations. Il interroge la société française sur sa capacité à gérer des idéologies extrêmes dans un contexte de polarisation. Faut-il interdire ces défilés au risque de les victimiser ? Ou les autoriser en espérant qu’ils s’essoufflent d’eux-mêmes ? Les réponses divergent, mais une chose est sûre : le C9M ne laisse personne indifférent.

Les autorités, quant à elles, doivent jongler entre la préservation de l’ordre public et le respect des libertés fondamentales. Chaque décision est scrutée, critiquée, et alimente un débat plus large sur la place de l’extrême droite dans une démocratie. En 2025, le défilé s’est déroulé sans incident majeur, mais il a une fois de plus mis en lumière les tensions qui traversent la société.

“Le C9M est un miroir tendu à la société : que faisons-nous face à ceux qui rejettent nos valeurs ?”

Vers un Avenir Incertain

Alors que le Comité du 9-Mai gagne en visibilité, son avenir reste flou. Continuera-t-il à croître, porté par une jeunesse en quête de repères ? Ou s’étiolera-t-il face à une société qui rejette ses idées ? Une chose est certaine : tant que des groupes comme le C9M existeront, ils forceront la France à se confronter à ses propres contradictions.

Le défilé de 2025, avec ses 1 000 participants, a marqué les esprits. Il a rappelé que l’ultradroite, loin d’être un reliquat du passé, est une force qui s’organise, se modernise et cherche à imposer sa vision. À nous, citoyens, de décider comment y répondre : par le dialogue, la fermeté, ou un savant mélange des deux.

Et vous, que pensez-vous de ces défilés ? Faut-il les interdire ou les ignorer ? La question est ouverte, et elle mérite d’être posée.

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