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Colombie : Alerte sur l’Expansion des Groupes Armés

En Colombie, la violence explose avec l’essor des groupes armés. Meurtres, recrutements d’enfants et déplacements forcés s’intensifient. Quelle issue pour la paix ?

Imaginez un pays où la promesse d’une paix durable, scellée par un accord historique, s’effrite sous le poids d’une violence renaissante. En Colombie, neuf ans après l’accord de paix de 2016 avec les Farc, une nouvelle vague de conflits armés menace des communautés entières. Les chiffres sont alarmants : meurtres de leaders sociaux, recrutements forcés d’enfants, déplacements massifs de populations. Cette réalité, décrite comme une « dégradation humanitaire » par la Défenseure du peuple, Iris Marin, dans une récente déclaration, secoue un pays déjà marqué par des décennies de guerre. Plongez avec nous dans cette crise complexe, où l’espoir d’une paix totale s’oppose à une réalité brutale.

Une Paix Fragile Face à l’Essor des Groupes Armés

En 2016, la Colombie semblait tourner une page sombre de son histoire. L’accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), signé sous l’égide de l’ancien président Juan Manuel Santos, promettait de mettre fin à un conflit de plus de cinquante ans. Pourtant, en 2025, cette paix vacille. Des dissidences des Farc, des guérilléros de l’Ejército de Liberación Nacional (ELN), le Clan del Golfo – plus grand cartel de drogue du pays – et une myriade de groupes criminels se disputent le contrôle des territoires. Ces acteurs armés, souvent dénués d’idéologie claire, alimentent une violence qui touche directement les civils.

La Défenseure du peuple, Iris Marin, tire la sonnette d’alarme : « Cette année 2025, la situation s’est aggravée. » Selon elle, l’expansion des groupes armés illégaux s’accompagne d’une détérioration humanitaire sans précédent. Les populations civiles, prises en étau, subissent des restrictions de mouvement, des menaces et des violences directes, tandis que l’État peine à reprendre le contrôle de régions abandonnées depuis des décennies.

Une Violence aux Multiples Visages

La violence en Colombie ne se limite pas aux affrontements armés. Elle prend des formes insidieuses, touchant les plus vulnérables. Les leaders sociaux, défenseurs des droits humains ou représentants communautaires, sont particulièrement visés. Après un pic de 215 assassinats en 2022, les chiffres repartent à la hausse en 2025, avec 119 homicides recensés entre janvier et août. Ces meurtres, souvent ciblés, visent à museler ceux qui s’opposent au contrôle des groupes armés.

« Il ne fait aucun doute que la population civile souffre beaucoup », affirme Iris Marin, soulignant l’urgence d’agir face à cette crise.

Les enfants, eux, sont devenus une cible privilégiée pour les groupes armés. En 2024, pas moins de 606 cas de recrutements forcés de mineurs ont été documentés, contre 460 l’année précédente. Dans des régions comme le Cauca, où vivent de nombreuses communautés indigènes, les adolescents sont enrôlés sous la contrainte ou attirés par de fausses promesses. Ces jeunes, parfois envoyés au combat, deviennent les victimes d’une stratégie d’expansion cynique.

  • Assassinats ciblés : 119 leaders sociaux tués en 2025 (janvier-août).
  • Recrutement forcé : 606 mineurs enrôlés en 2024, en hausse par rapport à 2023.
  • Déplacements massifs : 85 000 personnes déplacées en 2025, un record historique.

Déplacements Forcés : Une Crise Humanitaire

Le conflit armé en Colombie a toujours été synonyme de déplacements forcés. Mais en 2025, la situation atteint un niveau critique. Dans la région du Catatumbo, au nord-est du pays, les affrontements entre guérillas ont provoqué le plus grand déplacement forcé jamais enregistré : 85 000 personnes ont dû fuir leur foyer. Ces populations, souvent issues de communautés rurales ou indigènes, se retrouvent déracinées, sans accès à des ressources de base comme la nourriture ou un abri.

Les groupes armés imposent des restrictions de mouvement, limitant l’accès des civils aux terres agricoles ou aux marchés. Dans certains cas, ils incitent les habitants à bloquer l’arrivée des forces militaires, transformant les communautés en boucliers humains. Cette stratégie, combinée à l’absence prolongée de l’État dans ces zones, aggrave la précarité des populations locales.

Drones et Nouvelles Menaces

La violence en Colombie prend également une tournure technologique. Les groupes armés utilisent désormais des drones artisanaux équipés d’explosifs pour attaquer leurs rivaux ou les forces de l’ordre. Ces engins, peu coûteux et difficiles à neutraliser, représentent une menace croissante. Selon Iris Marin, ils touchent parfois les civils, soit par accident, soit de manière délibérée, ajoutant une nouvelle dimension à la crise.

Pour l’armée colombienne, contrer cette menace est un défi. Les drones, souvent fabriqués à partir de matériaux simples, permettent aux groupes armés de frapper à distance tout en minimisant leurs propres pertes. Cette évolution illustre la capacité d’adaptation des acteurs armés, qui exploitent les failles d’un système de sécurité déjà fragilisé.

La « Paix Totale » : Une Ambition en Péril

Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, le président Gustavo Petro a fait de la « paix totale » un pilier de son mandat. Cette politique vise à négocier avec tous les groupes armés, y compris les dissidences des Farc et l’ELN. Cependant, ces négociations n’ont abouti à aucun accord concret à ce jour. Pire, elles semblent avoir des effets pervers. Iris Marin critique l’approche du gouvernement, estimant que donner une légitimité aux dissidents, sans distinction avec ceux qui ont respecté l’accord de 2016, a encouragé la prolifération des groupes armés.

« Avoir signé l’accord de paix et l’avoir respecté est politiquement équivalent à avoir déserté ou à ne jamais l’avoir signé », déplore Iris Marin.

Cette critique pointe un dilemme central : comment négocier avec des groupes criminels sans légitimer leurs actions ? Les pourparlers, bien qu’ambitieux, semblent avoir renforcé la fragmentation des groupes armés, chacun cherchant à maximiser son pouvoir avant un éventuel accord.

Une Dette Historique : l’Abandon des Territoires

La recrudescence de la violence ne peut être attribuée uniquement à l’administration actuelle. Selon Iris Marin, l’absence de développement dans les zones rurales, promises dans l’accord de paix de 2016, est une « dette » partagée par tous les gouvernements successifs. Les régions comme le Cauca ou le Catatumbo, où les groupes armés prospèrent, souffrent d’un manque chronique d’infrastructures, d’éducation et d’opportunités économiques. Cette négligence a créé un terreau fertile pour le crime organisé, notamment le trafic de cocaïne, dont la Colombie reste le premier producteur mondial.

Problème Impact Exemple de région
Recrutement forcé 606 cas en 2024 Cauca
Déplacements forcés 85 000 personnes en 2025 Catatumbo
Meurtres de leaders 119 homicides en 2025 National

Cette situation reflète un échec collectif. Les promesses de réforme agraire, d’investissements dans les infrastructures et de protection des droits humains n’ont pas été tenues. En l’absence d’une présence étatique forte, les groupes armés comblent le vide, imposant leur propre loi.

Vers une Issue Possible ?

Face à cette crise, les solutions semblent complexes. Renforcer la présence de l’État dans les zones rurales, investir dans le développement économique et protéger les populations vulnérables sont des priorités évidentes, mais leur mise en œuvre demande du temps et des ressources. Les négociations de paix, bien que nécessaires, doivent être accompagnées de mesures concrètes pour éviter de renforcer les groupes armés.

En attendant, les civils restent les premières victimes. Les communautés indigènes, les enfants et les leaders sociaux paient un tribut disproportionné à ce conflit. La Colombie, à la croisée des chemins, doit relever le défi de transformer une paix fragile en une réalité durable. Mais comment y parvenir lorsque la violence s’adapte plus vite que les solutions ?

  • Renforcer l’État : Investir dans les infrastructures et l’éducation.
  • Protéger les civils : Mettre en place des mesures de sécurité ciblées.
  • Négocier avec prudence : Éviter de légitimer les groupes criminels.

La Colombie, riche de sa diversité et de son histoire, mérite mieux qu’un retour à la violence. L’année 2025, marquée par une aggravation de la crise, doit devenir un tournant. Reste à savoir si le pays saura saisir cette opportunité pour construire une paix véritable, ou si les groupes armés continueront d’imposer leur loi.

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