Imaginez-vous tenant entre vos mains un manuscrit où Franz Kafka, l’un des plus grands écrivains du XXe siècle, a tracé de sa plume des exercices d’hébreu sur les marges d’une épreuve de sa nouvelle Rapport pour une académie. Ce document, daté de 1919, est aujourd’hui proposé à 90 000 euros dans une vente exceptionnelle à Paris. Cette collection, patiemment constituée par un passionné pendant plus de quarante ans, révèle des facettes inédites de l’auteur de La Métamorphose. Elle sera présentée au Salon du livre rare et des arts graphiques, du 13 au 15 juin, offrant aux amateurs de littérature une occasion unique de plonger dans l’univers de Kafka.
Un Trésor Littéraire Mis en Lumière
Franz Kafka, écrivain tchèque de langue allemande, est connu pour ses récits introspectifs et ses visions absurdes du monde. Mais saviez-vous qu’il nourrissait un projet de départ pour la Palestine, apprenant l’hébreu avec assiduité de 1917 jusqu’à sa mort en 1924 ? Cette collection met en avant des pièces rares, comme des épreuves annotées et des lettres autographes, qui témoignent de son engagement personnel et intellectuel. Ces documents ne sont pas seulement des reliques littéraires, ils racontent l’histoire d’un homme en quête d’identité et de sens.
Le collectionneur, un chirurgien et bibliophile de 71 ans, a consacré des décennies à rassembler ces 427 pièces. Chaque objet, qu’il s’agisse d’une édition originale ou d’une reliure d’exception, reflète une passion pour l’œuvre de Kafka. Cette vente, confiée à une librairie spécialisée, est une opportunité rare de découvrir des artefacts littéraires d’une valeur inestimable.
Les Joyaux de la Collection
Au cœur de cette vente, plusieurs pièces se distinguent par leur rareté et leur prix. Voici un aperçu des trésors proposés :
- Épreuves de Rapport pour une académie (1919) : Annotées en hébreu par Kafka, estimées à 90 000 euros.
- Édition originale de La Colonie pénitentiaire (1919) : Dédicacée à son ami Oskar Baum, proposée à un prix similaire.
- Lettres autographes : Une à Robert Klopstock (1921, 20 000 euros) et une à Ludwig Hardt (1924, 30 000 euros).
- Traductions d’Alexandre Vialatte : Manuscrits des Lettres à Milena, estimés à 50 000 euros.
Ces pièces, bien plus que de simples objets, incarnent l’âme de Kafka. Les annotations en hébreu, par exemple, révèlent un aspect méconnu de sa vie : son intérêt pour la culture juive et son rêve d’une nouvelle vie en Palestine. Chaque document est une fenêtre ouverte sur ses pensées les plus intimes.
« Kafka ne se contentait pas d’écrire, il vivait ses récits, cherchant dans chaque mot une vérité profonde. »
Un libraire spécialisé, à propos de la collection
Une Passion de Quarante Ans
Le collectionneur, dont l’identité reste discrète, a commencé à s’intéresser à Kafka dans les années 1970, lors de ses études de médecine. Un voyage à Prague, alors sous le joug communiste, a marqué un tournant. Fasciné par les récits sombres et introspectifs de l’écrivain, il a décidé dans les années 2000 de consacrer sa collection exclusivement à Kafka. Ce choix reflète une quête personnelle, presque obsessionnelle, de comprendre l’auteur à travers ses écrits et ses objets.
La collection ne se limite pas aux manuscrits. Elle inclut des éditions originales, des traductions, des illustrations et des reliures d’exception réalisées par les meilleurs artisans. Par exemple, les manuscrits des traductions françaises par Alexandre Vialatte, figure clé dans la diffusion de Kafka en France, sont particulièrement précieux. Ces documents montrent comment l’œuvre de Kafka a transcendé les frontières linguistiques.
Pourquoi Ces Pièces Sont-elles si Précieuses ?
La rareté des autographes de Kafka est un facteur clé. De son vivant, l’écrivain n’a vendu que peu de livres, rendant ses signatures extrêmement rares. Les épreuves annotées, comme celles de Rapport pour une académie, sont uniques en raison des notes en hébreu, un témoignage de son apprentissage rigoureux. De plus, les dédicaces personnelles, comme celle à Oskar Baum, ajoutent une dimension affective à ces objets.
Pièce | Description | Prix |
---|---|---|
Rapport pour une académie | Épreuves annotées en hébreu | 90 000 € |
La Colonie pénitentiaire | Édition originale dédicacée | 90 000 € |
Lettres à Milena | Manuscrits de traduction | 50 000 € |
Ces prix élevés reflètent non seulement la rareté, mais aussi l’importance culturelle de ces objets. Ils sont des témoins d’une époque et d’un esprit qui continuent d’inspirer des générations de lecteurs.
Kafka et l’Hébreu : Une Quête d’Identité
L’apprentissage de l’hébreu par Kafka est l’un des aspects les plus fascinants de cette collection. À une époque où l’identité juive était au cœur des débats en Europe, Kafka s’est plongé dans l’étude de cette langue avec une discipline remarquable. Les notes sur les épreuves de Rapport pour une académie montrent un homme qui cherchait à se reconnecter à ses racines tout en explorant de nouveaux horizons.
Son projet de départ pour la Palestine, bien que jamais réalisé, témoigne de son désir de transformation. Comme le singe savant de sa nouvelle, Kafka semblait vouloir échapper à une forme d’enfermement, qu’il soit social, culturel ou personnel. Ces annotations sont plus qu’un exercice linguistique : elles sont un cri du cœur.
« L’hébreu était pour Kafka une porte vers un autre monde, un moyen de réinventer son identité. »
Un spécialiste de la littérature tchèque
Le Rôle d’Alexandre Vialatte
La collection met également en lumière le travail d’Alexandre Vialatte, traducteur français qui a joué un rôle crucial dans la popularité de Kafka en France. Les manuscrits des Lettres à Milena, traduits par Vialatte, sont un trésor à part entière. Ces 279 feuillets, écrits à la plume, montrent l’engagement d’un homme qui a su transmettre l’essence de Kafka à un public francophone.
Vialatte ne s’est pas contenté de traduire : il a annoté, commenté et enrichi l’œuvre de Kafka. Ses « Notes sur Kafka », incluses dans la collection, offrent un regard unique sur la manière dont l’écrivain tchèque était perçu à l’époque. Ces documents sont une passerelle entre deux cultures, un dialogue entre Prague et Paris.
Le Salon du Livre Rare : Une Occasion Unique
Le Salon du livre rare et des arts graphiques, qui se tiendra à Paris du 13 au 15 juin, est l’événement idéal pour découvrir cette collection. Les visiteurs pourront non seulement admirer ces pièces, mais aussi comprendre l’ampleur de l’héritage de Kafka. Des éditions originales aux manuscrits annotés, chaque objet raconte une histoire.
Pour les amateurs de littérature, c’est une chance de posséder un morceau d’histoire. Mais au-delà de l’aspect financier, cette collection invite à réfléchir sur l’impact de Kafka, un écrivain qui continue de fasciner par sa capacité à décrire l’absurde et l’humain.
Pourquoi Kafka Continue de Fasciner
Cent ans après sa mort, Kafka reste une figure incontournable. Ses récits, comme La Métamorphose ou Le Procès, parlent à l’homme moderne, confronté à l’absurde et à l’aliénation. Cette collection, en mettant en lumière des aspects moins connus de sa vie, comme son intérêt pour l’hébreu ou ses correspondances, enrichit notre compréhension de l’auteur.
Les pièces proposées dans cette vente ne sont pas seulement des objets de collection. Elles sont des témoignages d’une époque, d’une quête personnelle et d’un génie littéraire. Posséder un manuscrit de Kafka, c’est détenir une part de son âme, une trace de ses luttes et de ses espoirs.
À retenir :
- Une collection de 427 pièces autour de Kafka, dont des manuscrits rares.
- Présentation au Salon du livre rare à Paris, du 13 au 15 juin.
- Prix allant de 20 à 90 000 euros, reflétant la rareté des autographes.
- Importance des traductions d’Alexandre Vialatte pour la diffusion de Kafka.
En conclusion, cette vente est bien plus qu’une transaction commerciale. Elle offre une plongée dans l’univers de Franz Kafka, un écrivain dont les mots continuent de résonner. Que vous soyez collectionneur ou simple curieux, le Salon du livre rare est une occasion à ne pas manquer pour découvrir ces trésors littéraires. Qui sait quelles autres surprises ces manuscrits pourraient révéler ?