Face à la colère grandissante des agriculteurs français, le gouvernement a annoncé la tenue prochaine d’un débat suivi d’un vote à l’Assemblée nationale concernant le controversé traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Une nouvelle accueillie favorablement par Arnaud Rousseau, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), principal syndicat agricole hexagonal, qui estime néanmoins que cette mesure n’est “pas suffisante” pour répondre aux inquiétudes de la profession.
Un débat national sur fond de mobilisation des agriculteurs
Alors que la colère des agriculteurs ne faiblit pas, avec des manifestations et blocages qui se poursuivent à travers la France, l’annonce de ce débat parlementaire apparaît comme une première réponse des pouvoirs publics. Invité de Franceinfo ce mercredi, Arnaud Rousseau a salué “une bonne nouvelle”, tout en soulignant que le combat des agriculteurs ne s’arrêtera pas là :
On a besoin de continuer à convaincre nos partenaires européens. On a été très clairs : sur le volet agricole, pour nous, c’est non.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA
Le syndicaliste a rappelé l’opposition ferme de la FNSEA à la partie agricole du traité de libre-échange avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), jugeant que dans sa forme actuelle, “l’agriculture est la contrepartie” et que “c’est celle qui perd en France”.
Les craintes des agriculteurs français face au Mercosur
Les agriculteurs français redoutent en effet une concurrence déloyale des importations sud-américaines, qui ne respecteraient pas les mêmes normes sanitaires, environnementales et de traçabilité que les productions européennes. Ils dénoncent un risque de dumping social et écologique qui menacerait la pérennité de nombreuses exploitations.
Arnaud Rousseau a rappelé la volonté des agriculteurs d'”arrêter l’Europe passoire”, évoquant aussi les récents accords de libre-échange avec l’Ukraine qui ont vu affluer du poulet ukrainien à bas coût sur le marché européen :
On a les standards les plus élevés de consommation en Europe. La question de fond, c’est ce qu’on met dans l’assiette des Français.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA
Le gouvernement sous pression des syndicats agricoles
Alors que le mouvement de protestation entre dans son troisième jour, le président de la FNSEA s’est démarqué des appels au “chaos” lancés par d’autres syndicats comme la Coordination rurale. Sans cautionner certaines dégradations, il a souligné la précarité et l’exaspération d’une profession “dans une situation très difficile”.
Le débat à l’Assemblée nationale sera l’occasion pour les parlementaires de se saisir d’un dossier explosif qui inquiète une grande partie du monde agricole. Mais au-delà du vote des députés français, c’est bien un consensus européen que les syndicats comme la FNSEA appellent de leurs vœux pour mieux protéger les agriculteurs face aux dérives potentielles de la mondialisation.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement et des institutions européennes pour apporter des réponses concrètes et rassurer une profession en souffrance. Car derrière la colère immédiate, c’est bien l’avenir d’une agriculture française et européenne durable, rémunératrice et garante de la souveraineté alimentaire qui se joue.